Pourrait-on faire confiance à Tim Hudak?

Can Tim Hudak be trusted?

Toronto, 27 février 2014 – Depuis la publication du livre blanc ayant pour titre Les voies de la prospérité : la flexibilité du marché du travail, qui avait eu lieu en juin 2012, le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Tim Hudak, effectuait une tournée dans toute la province en diabolisant les travailleuses et les travailleurs ainsi que les syndicats, qu’il affirmait considérer comme les responsables principaux du malheur des gens qui perdaient leur emploi en Ontario.   

Ainsi, jusque tout récemment, chaque fois qu’il subissait la défaite lors d’une élection partielle, monsieur Hudak fustigeait les travailleuses et les travailleurs qui avaient pris part à la campagne électorale et s’en prenait à eux en les accusant d’être à l’origine de l’échec de son parti. À l’entendre, tout était de la faute aux organisations syndicales et, à supposer qu’on pût plonger dans son délire en l’écoutant assez longtemps, on risquait de finir par croire que c’étaient les syndicats qui dirigeaient tout dans la province.   

Alors, comment le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario expliquerait-il sa volte-face inattendue relativement à une promesse qui était pourtant au cœur de son programme, c’est-à-dire l’abolition du précompte syndical généralisé (que l’on appelle aussi la formule Rand)? On voudrait bien croire que Tim Hudak et son parti ont fini par se rendre compte que les politiques consistant à favoriser la création d’emplois à salaire réduit n’allaient contribuer en rien à donner un travail à la population active ni à relancer l’économie, mais il y a lieu de craindre que, s’ils ont changé leur fusil d’épaule sur ce point, ce ne soit plutôt par opportunisme politique.

En présentant des politiques qui avaient pour but et pourraient avoir pour effet de faire passer les travailleuses et les travailleurs pour des boucs émissaires, monsieur Hudak n’a pas précisément plu aux électrices et aux électeurs qui ont du mal à boucler leur budget personnel ou familial tous les mois et qui désirent travailler à temps plein tout en bénéficiant d’une bonne rémunération. Donc, ils ne veulent pas qu’on diminue les salaires, mais qu’on les augmente. De plus, selon les électrices et les électeurs de l’Ontario, il est tout à fait juste que toute personne qui bénéficie des avantages de l’application d’une convention collective dans un lieu de travail dont le personnel est syndiqué verse la cotisation qu’elle doit payer en vue de contribuer à financer les services que le syndicat lui assure en vertu de ce contrat collectif.  

Voilà pourquoi Tim Hudak a décidé d’écarter toute politique qui viserait à favoriser la création d’emplois à salaire réduit au lieu de continuer à mener une campagne ayant pour but de la faire adopter. Or, faudrait-il en conclure que les conservateurs provinciaux ne remettront pas les idées de cette nature sur le tapis même s’ils prennent le pouvoir? Si cela se produit, ce ne sera pas la première fois que la ou le chef d’un parti politique se met à agir d’une certaine manière une fois que ce dernier a réussi à former le gouvernement alors que, pendant la campagne électorale, elle ou il avait promis de faire exactement le contraire. Il suffirait justement de se souvenir des débats qui portaient sur la TPS à une certaine époque.  

En outre, qu’en est-il des autres idées de monsieur Hudak, comme le gel des salaires, la privatisation de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT), la vente des sociétés publiques qui sont bénéficiaires, l’attribution des contrats de prestation de services publics à des entreprises privées, la diminution des allocations d’aide sociale et la réduction des services publics?

Ce n’est pas simplement en surface que Tim Hudak a du mépris pour les travailleuses et les travailleurs ainsi que pour les gens qui les représentent. Dans ces conditions, il faut que les travailleuses et les travailleurs de l’Ontario demeurent vigilants au lieu de se complaire dans la suffisance. Si les conservateurs arrivent à remporter la victoire lors des élections générales, le gouvernement dont monsieur Hudak serait alors le chef ne tardera pas à chercher à briser les syndicats, ce qui est de l’ordre de la certitude et se terminera fort mal. Par conséquent, il demeure nécessaire d’ouvrir l’œil et d’aller voter au moment des élections afin de s’assurer que Tim Hudak n’aura jamais l’occasion de réaliser son programme antisyndical.