Pesticides
AnchorQuels sont les effets des pesticides sur la santé?
Quels sont les effets des pesticides sur les enfants?
Quelles lois spécifiques sont en place?
AnchorQue se passe-t-il à l’échelle locale?
Y a-t-il des substituts aux pesticides?
Pesticides : Conçus pour tuer
Les municipalités ont le droit de mettre en œuvre des règlements qui protègent la santé et la sécurité publiques. C’est ce qu’a déclaré la Cour suprême du Canada dans sa décision charnière imposant le respect d’un règlement adopté à Hudson (Québec) qui a a interdit l’utilisation des pesticides à des fins cosmétiques dans les limites de la municipalité.
Forte de cette décision, l’Association pour la santé publique de l’Ontario (ASPO), lors de son assemblée générale annuelle, a adopté une résolution en faveur de la restriction de l’utilisation non essentielle des pesticides chimiques sur les terrains publics et privés. L’assemblée, qui a eu lieu dans le cadre de la 52e conférence annuelle de l’ASPO, a attiré 500 professionnels de la santé communautaire et publique qui ont fait des échanges de vues sur la question de l’utilisation des pesticides. La résolution adoptée fait valoir que de nombreuses études scientifiques et médicales ont démontré un lien entre les pesticides et les nombreux effets sur la santé et qu’il convient par conséquent que les municipalités adoptent le principe de précaution en ce qui a trait à l’utilisation des pesticides sur les pelouses des maisons familiales et les terrains publics.
D’autre part, encouragés par l’affaire Hudson, beaucoup de défenseurs de la santé, de la sécurité et de l’environnement qui œuvrent à l’échelle locale renouvellent leurs efforts pour réduire et éventuellement éliminer les expositions aux pesticides dans leurs lieux de travail et leurs communautés.
En tant que syndicat, les TUAC Canada appuient également cette initiative, car nombre de nos membres sont exposés aux pesticides en raison de leur emploi. L’initiative aura pour effet de protéger la santé et la sécurité non seulement de nos membres mais aussi celle de tous les travailleurs, qu’ils travaillent dans les fermes, résident dans nos communautés ou jouent dans nos parcs.
Qu’est-ce qu’un pesticide?
Les pesticides sont des substances conçues pour tuer, blesser, repousser et stériliser des organismes vivants que certains jugent nuisibles. Ces organismes nuisibles peuvent inclure des insectes, des plantes, des champignons, des moisissures et /ou des rongeurs. Le terme « pesticides » se rapporte à une grande variété de produits dont des herbicides, des insecticides et des fongicides. Ils existent dans une variété de formulations (pulvérisateurs, farines, poudres, grains, concentrés, liquides, pâtes, granulés, produits sous pression et pastilles, etc.).
Quelque 6 000 pesticides sont homologués au Canada aux fins d’utilisation. La plupart d’entre eux sont entrés sur le marché après la Seconde Guerre mondiale. Selon les estimations du Fonds mondial pour la nature, au moins 50 millions de kilogrammes de ces produits sont utilisés au Canada chaque année, pour une valeur déclarée d’un milliard de dollars l’an. Ces pesticides sont utilisés pour l’agriculture, la pisciculture, dans les maisons, les garderies, les parcs et les installations récréatives, sur les pelouses résidentielles, les terrains de golf, les animaux domestiques, et même sur les enfants pour combattre les poux. Leur utilisation est également fort répandue dans des industries comme l’industrie de la restauration et l’industrie textile.
Quels sont les effets des pesticides sur la santé?
Effets aigus et à court terme des pesticides :
- éruptions;
- essouflement;
- vomissement;
- décès.
Les conséquences à long terme pour la santé peuvent également être dévastatrices. Une récente étude réalisée sur des personnes nouvellement diagnostiquées comme souffrant de la maladie de Parkinson a révélé que l’utilisation et l’exposition aux pesticides dans les foyers sont associées à un risque considérablement accru de contracter cette maladie.
Des études antérieures ont également révélé un lien entre l’exposition aux pesticides et divers types de pathologies : troubles neurologiques, effets négatifs sur le système immunitaire, dommages au foie et aux reins, insuffisance respiratoire, infertilité et cancers, notamment le cancer du cerveau, du poumon, de la prostate et du sein.
Quels sont les effets des pesticides sur les enfants?
Les enfants, de la conception à la maturité sexuelle, sont très vulnérables aux pesticides. Le comité de santé environnementale de l’Ontario College of Family Physicians fait état d’une incidence plus élevée de la leucémie, du cancer du sein et du sarcome des tissus mous chez les enfants exposés aux herbicides et aux insecticides. Les nouvelles sciences ont également lié une grande variété de problèmes de santé chez les enfants (anomalies congénitales, naissance prématurée, problèmes d’apprentissage et de comportement, etc.) à l’exposition de leurs parents aux pesticides.
Ces derniers effets ont été au cœur d’une autre récente étude sur les pesticides réalisée, cette fois-ci, par l’anthropologue américaine Elizabeth Guillette, D. Ph. Cette dernière a examiné les effets de l’exposition aux pesticides sur des enfants d’âge préscolaire de la région de Yaqui, au Mexique. L’étude fait suite à plusieurs rapports antérieurs révélant la présence de hauts niveaux de pesticides multiples dans le sang ombilical des nouveau-nés et le lait maternel. Elle a permis de conclure que, sur le plan fonctionnel, les enfants exposés avaient moins d’endurance, une moins bonne coordination œil-main globale et fine, une mémoire de 30 minutes moins efficace et une moins bonne capacité de dessiner une personne. Les séances faites avec les enfants, lesquelles ont été enregistrées sur bande magnétoscopique, ont démontré visuellement les douloureux effets de l’exposition aux pesticides.
Quelles lois spécifiques sont en place?
La Loi sur les produits antiparasitaires (LPA) réglemente les pesticides au Canada. Adoptée en 1969, elle n’a jamais été systématiquement révisée. Mais la nécessité de mettre la Loi à jour a été reconnue et préconisée pendant des années. À cette fin, Marlene Jennings, députée libérale de la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce — Lachine au Québec, a récemment présenté un projet de loi d’initiative parlementaire qui interdit l’utilisation des pesticides pour des besoins non essentiels. En effet, ce projet de loi fait porter le fardeau de la preuve aux producteurs en imposant un moratoire sur l’utilisation des pesticides à des fins cosmétiques dans les maisons et les jardins et dans toutes les installations récréatives jusqu’à ce que des preuves scientifiques montrant que l’utilisation est sécuritaire soient présentées au parlement et acceptées par un comité parlementaire.
Une autre proposition présente un intérêt particulier pour les travailleurs. Il s’agit de la proposition qui recommande de traiter la question des pesticides dans le cadre du Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT), en exigeant que tous les pesticides répondent aux critères du SIMDUT notamment ceux concernant l’étiquetage et les fiches signalétiques (FS). À l’heure actuelle, les pesticides sont exempts des lois concernant le SIMDUT.
Que se passe-t-il à l’échelle locale?
Poussées par les défenseurs de la santé, de la sécurité et de l’environnement, nombre de municipalités canadiennes n’attendent pas les autres compétences gouvernementales pour agir. Elles ont déjà pris des mesures pour protéger leurs travailleurs, leurs environnements et leurs citoyens en adoptant des lois qui réduisent ou interdisent formellement l’utilisation des pesticides à des fins cosmétiques. La plupart de ces règlements se limitent aux utilisations sur des propriétés publiques, mais avec la récente décision de la Cour suprême du Canada imposant le respect du droit d’une municipalité de prendre des mesures pour protéger la santé de ses citoyens, mesures qui peuvent aller jusqu’à et y compris l’imposition de restrictions sur la propriété privée, d’autres cherchent à élargir leur approche.
Y a-t-il des substituts aux pesticides?
Devant les inquiétudes concernant l’incidence des pesticides sur la santé des travailleurs municipaux et du public, la ville de Waterloo fut l’une des premières municipalités à adopter des solutions de rechange efficaces pour la gestion des espaces verts. Il y a vingt ans, plus de 70 % de l’espace vert de Waterloo était aspergé de pesticides. Aujourd’hui, seulement 0,05 % des parcs et terrains de Waterloo sont aspergés, principalement pour prévenir la prolifération de l’herbe à puce. S’inspirant de l’exemple de Waterloo, les propositions présentées ci-dessous sont axées sur une approche naturelle qu’on appelle également lutte intégrée :
- Choisissez des gazons ou autres couvertures végétales et plantes qui sont bien adaptés à votre climat général et qui conviennent au site spécifique.
- Tondez régulièrement la pelouse en réglant les lames tranchantes de la tondeuse à la hauteur maximale. Ne tondez pas une herbe humide. Pour de meilleurs résultats, tondez en soirée ou par les jours nuageux.
- Laissez les résidus de la tonte sur la pelouse. Le paillis contient des éléments nutritifs qui retournent au sol. Si vous détoxifiez une pelouse qui a été traitée avec des produits chimiques, n’ajoutez pas le paillis pendant un an ou deux, car il peut se former une couche de feutre racinaire.
- Arrosez lentement et profondément environ une fois par semaine. Évitez d’arroser quand le soleil ou la chaleur est intense. Évitez également d’arroser la nuit. Le meilleur moment pour arroser est en début de matinée.
- Aérez votre pelouse – l’aération favorise la croissance d’un gazon en bonne santé qui ne laisse pas de place aux mauvaises herbes en permettant à l’air et à l’eau de pénétrer la couche de feutre pour atteindre les zones racinaires. L’aération se fait le plus efficacement en mai/juin et en automne.
- Fertilisez le sol – les engrais naturels et/ ou le terreautage aident à maintenir une bonne fertilité et les niveaux de pH nécessaires pour garder la pelouse en bonne santé. Utilisez des engrais naturels granulés à libération lente (compost, fumier, engrais à base de minéraux de roche, poudre d’os, farine de sang, farine de varech) en automne. Pour modifier les niveaux de pH, ajoutez de l’hydroxyde de calcium ou du soufre. Le terreautage à l’aide de compost se fait le plus efficacement avec aération. Épandez le compost de manière égale, une mince couche de pas plus d’un quart de pouce d’épaisseur.
- Réensemencez votre pelouse - le sursemis est une autre stratégie importante. Vous pouvez atteindre d’excellents résultats en semant un mélange de gazon (par exemple l’ivraie vivace) et de trèfle blanc qui soit résistant à la sécheresse et aux vers blancs.
- Un suivi permanent et un prompt traitement s’avèrent également nécessaires. Arrachez les « mauvaises herbes » occasionnelles.
Les infestations d’insectes qui menacent la santé de votre pelouse ou jardin peuvent également être traitées sans pesticides dangereux. Voici ce que nous recommandons pour les organismes nuisibles les plus courants :
- Fourmis : Appliquez de la farine d’os ou de la terre de diatomées à l’ouverture du tunnel. Encerclez le point d’entrée d’une ligne de poudre de piment rouge, de paprika ou de feuilles de menthe poivrée.
- Pucerons : Dans un mélangeur, faites une purée d’ail et d’oignons verts à laquelle vous ajoutez une demi-cuillerée à thé de sauce de Tabasco. Égouttez la purée dans une passoire et mélangez le liquide recueilli avec de l’eau savonneuse. Aspergez le jardin, attendez une demi-heure et rincez les plantes aspergées.
- Limaces/escargots/perce-oreilles : Placez un récipient contenant de la bière éventée dans le jardin. Les insectes y entreront et se noieront.
- Vers blancs : Aspergez la pelouse d’eau savonneuse et retournez les mottes de gazon infestées de vers pour permettre aux oiseaux de les manger. Dans les zones infestées, vous pouvez également introduire des nématodes, un prédateur naturel pour les vers blancs.
L’agriculture biologique utilise des principes similaires. Soucieux de leur santé et de l’environnement, des foules de consommateurs se tournent vers les aliments biologiques. Pour des raisons similaires et pour répondre à la demande des consommateurs, les agriculteurs redécouvrent des méthodes d’agriculture plus naturelles. D’autres considérations pratiques entrent également en jeu. Seulement environ un pour cent d’un pesticide atteint réellement sa cible. Beaucoup de pesticides perdent leur efficacité à mesure que les insectes et les plantes qu’ils sont censés éliminer développent de la résistance. (Déjà 504 espèces d’insectes et d’acariens, 150 maladies végétales et 188 espèces de plantes nuisibles ont développé de la résistance.) En outre, même si les agriculteurs ont accru leur usage des pesticides, ils perdent malgré tout près de 20 % de leur récolte à cause des insectes et des plantes nuisibles, soit la même proportion qu’ils ont perdue en 1930.
Dans les bâtiments il a été généralement reconnu que la meilleure façon d’éliminer les organismes nuisibles est d’éliminer les conditions dans lesquelles ils se développent. Par exemple, le Conseil des écoles catholiques du Grand Toronto a pour la première fois introduit un système de lutte intégrée en 1995, encore une fois en réponse aux préoccupations des travailleurs pour leur santé et la santé des élèves. Ce système comportait les volets suivants :
- assainissement et entretien ménager;
- isolation des portes par calfeutrage et grillage;
- usage contrôlé des pesticides, y compris les colles pour coquerelles.
Après avoir pris les mesures qui s’imposaient (disposition appropriée des produits alimentaires, nettoyage des bureaux et des vestiaires toutes les nuits, recyclage des livres et des papiers encombrants et enlèvement des plantes mortes), les populations d’organismes nuisibles avaient brusquement chuté — dans un délai de six mois. D’après les dernières nouvelles, les organismes nuisibles avaient pratiquement disparu de la vue.
Il existe également d’autres méthodes simples pour le traitement des poux de tête. Même s’il existe beaucoup de shampooings sans pesticides sur le marché à l’heure actuelle, le Dr Moshe Ipp de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto recommande le traitement suivant : massez les cheveux avec un mélange de proportion égale d’huile minérale et de vinaigre. Couvrez les cheveux avec un bonnet de douche. Attendez une heure. Enlevez les lentes avec un peigne imbibé de vinaigre. Lavez ensuite les cheveux avec un shampooing ordinaire.
NOTE DE LA RÉDACTION :
Nous tenons à remercier le Centre de santé et sécurité des travailleurs et travailleuses de l’Ontario pour cette publication