Le gouvernement Ford continue de refuser l'égalité des droits aux travailleur(euse)s agricoles de l'Ontario

Vidéo prise dans un dortoir d’une ferme de l’Ontario (CTV News)

Toronto (Ont.) – Le 23 août 2023 – Les TUAC Canada demandent au gouvernement Ford de prendre des mesures en réponse aux représailles d'un propriétaire de ferme de l'Ontario contre des travailleur(euse)s migrant(e)s qui dénonçaient des conditions de logement inacceptables.

Le syndicat demande au gouvernement Ford d'inclure tous les travailleurs et toutes les travailleuses agricoles, locaux(ales) et migrant(e)s dans la loi sur les relations de travail de l'Ontario, protégeant ainsi leur droit à la liberté d'association.

Cinq travailleur(euse)s migrant(e)s jamaïcain(e)s ont récemment été rapatrié(e)s pour avoir dénoncé des conditions de logement inacceptables. Ces travailleur(euse)s ont organisé une grève d'une journée pour protester contre les mauvaises conditions de logement fournies par l'employeur, les eaux usées se déversant dans leurs quartiers d'habitation.

Les Ontarien(ne)s sont choqué(e)s par les vidéos obtenues par CTV News Toronto montrant des rangées de toilettes inondées à ras bord, débordant dans le reste du dortoir. Dans une autre vidéo, le propriétaire de la ferme menace verbalement et maltraite le groupe de travailleur(euse)s agricoles migrant(e)s.

« Vous pouvez nettoyer ce fichu truc vous-même! », crie l'homme au milieu d'un dortoir de travailleur(euse)s agricoles.

On entend l'homme dire aux travailleur(euse)s migrant(e)s qu'ils et elles ne peuvent pas s'arrêter de travailler pour protester contre le déversement des eaux usées dans leur logement.

« Si vous décidez de ne pas travailler aujourd'hui, cela posera un problème! », explique-t-il. « Vous ne pouvez pas choisir le jour où vous voulez travailler! »

En réponse à la grève d'une journée, le propriétaire de la ferme a rapatrié les travailleur(euse)s en Jamaïque, où le gouvernement jamaïcain mène actuellement une enquête sur l'incident.

« Ils nous défendaient », a déclaré à CTV News Toronto un travailleur jamaïcain encore présent dans l’exploitation.

En vertu de la législation actuelle de l’Ontario, les travailleur(euse)s migrant(e)s ne disposent d’aucun mécanisme pour protéger leurs droits. « Si ces travailleur(euse)s étaient syndiqué(e)s, ils et elles auraient pu exercer leur droit de grève », déclare Santiago Escobar, représentant national des TUAC Canada. « La législation actuelle, la Loi de protection des employés agricoles, interdit aux travailleur(euse)s agricoles locaux(ale)s et migrant(e)s d’avoir accès aux mêmes droits fondamentaux du travail que tout le monde, alors qu’ils et elles constituent l’une des populations de travailleur(euse)s les plus vulnérables du pays. »

En 2010, l’Organisation internationale du travail (OIT) des Nations unies a statué que le Canada et l’Ontario, en interdisant les syndicats agricoles dans cette province, violaient les droits de la personne de plus de 100 000 travailleur(euse)s agricoles migrant(e)s et locaux(ales) dans la province. En 2017, le gouvernement du Canada a finalement ratifié la convention 98 de l’OIT sur le droit à la syndicalisation et à la négociation collective, qui fait partie des conventions fondamentales depuis 1949. Malgré cela, le gouvernement fédéral n’a rien fait pour dénoncer le refus persistant de l’Ontario de reconnaître les droits fondamentaux des travailleur(euse)s agricoles.

« Les travailleur(euse)s se retrouvent sans mécanisme pour se protéger contre le déséquilibre de pouvoir intolérable au cœur du système de production alimentaire du Canada », déclare M. Escobar. « Si le gouvernement Ford voulait vraiment s’attaquer au traitement honteux des travailleur(euse)s migrant(e)s en Ontario, il donnerait immédiatement à ces personnes un accès égal à la Loi sur les relations de travail de l’Ontario. »

En outre, les TUAC Canada demandent au gouvernement fédéral de créer un tribunal fédéral pour permettre l’examen et l’appel des décisions de rapatriement avant que les travailleur(euse)s étranger(ère)s temporaires ne soient renvoyé(e)s chez eux et elles par les employeurs et de rendre la syndicalisation obligatoire pour protéger le bien-être des travailleur(euse)s migrant(e)s.