Blogue politique : Des élections qui n’auront pas changé grand-chose (#Elxn44)

Ottawa, le 27 septembre 2021 – Vers 23 h, au cours de la soirée électorale, Ahmed Ali a publié un gazouillis (en anglais) qui allait devenir viral, gazouillis dans lequel il déclarait que le scrutin qui venait d’avoir lieu pourrait se résumer à un courriel.

Encore ce coup-ci, ce sont les libéraux qui formeront un gouvernement minoritaire, chacun des partis politiques ayant pour ainsi dire remporté le même nombre de sièges au Parlement que la dernière fois. Il s’agit bel et bien là de l’équivalent d’un remaniement ministériel qui aura coûté très cher alors qu’on aurait pu l’annoncer par un appel téléphonique ou une note de service, les résultats des élections n’ayant guère changé à deux ans d’intervalle.

En regard de celui du scrutin de 2019 à cet échelon, le coût des élections fédérales qui viennent de se tenir a augmenté d’un plus de 100 millions de dollars, ce qui, à ce point de vue, dans l’histoire du Canada, représente un record. Dans chaque bureau de vote, il a fallu prévoir le nécessaire pour être en mesure de suivre les règles en matière de salubrité dont la nécessité est imposée par la crise de la COVID-19. Or, le déclenchement de la récente campagne électorale ayant été déclaré en pleine quatrième vague de la pandémie actuelle, il y a, au Canada, bien des gens (idem) qui ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’opportunité de ce scrutin dans un concours de circonstances aussi inédit.

Sur ce, on allait à se mettre à discuter d’un certain nombre de choses importantes relativement au processus démocratique et, sur l’internet, certaines personnes ont cherché à mettre en garde la population (id.) contre les dangers d’un certain cynisme qui pourrait miner la légitimité des élections à l’avenir. Il conviendrait néanmoins de penser à toutes les personnes qu’on aurait pu aider ou sauver en leur consacrant les 610 millions de dollars (id.) qu’il a fallu dépenser en vue de la tenue des élections cette fois-ci tandis qu’il y a bien des Canadiennes et Canadiens qui, de plusieurs façons différentes, traversent actuellement une période très difficile sur le plan socioéconomique, c’est-à-dire, par exemple, en perdant leur emploi ou en se voyant évincer de leur logement.

Si, pendant la campagne électorale, il s’est produit quelque chose de particulièrement inquiétant, c’est peut-être la mesure dans laquelle l’obligation de se faire vacciner contre la COVID-19 et la prise des mesures de protection sanitaire contre cette maladie ont activé la mobilisation des adeptes de la suprématie des Blancs tout en les incitant à soutenir le parti politique d’extrême droite qui existe au Canada. Là-dessus, bien qu’on puisse pousser un soupir de soulagement en constatant que son chef n’a pas réussi à faire remporter un seul siège à celui-ci, il faudra absolument faire preuve de prudence et agir avec application en continuant à militer en faveur de nos idéaux progressistes.

En cessant un peu de parler du cynisme en question, on s’aperçoit que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a réalisé des gains importants, dont celui de la circonscription électorale d’Edmonton Griesbach. C’est là que le candidat Blake Desjarlais, qui s’y présentait pour la toute première fois, a délogé le député conservateur sortant qui l’avait pourtant emporté à cet endroit les deux fois précédentes. Pour leur part, les libéraux ayant été incapables de remporter la majorité absolue des sièges à la Chambre des communes, ils devront s’appuyer énormément sur les néo-démocrates afin de faire adopter des lois. Dans ces conditions, en n’ayant d’autre choix que d’agir en collaboration avec eux, le gouvernement actuel se montrera probablement encore plus progressiste qu’il n’en avait l’intention par ses idées et ses décisions politiques.

Au cours des prochains mois et des prochaines années, sous un gouvernement qui est nouveau sans l’être, il s’agira de ne cesser de faire preuve de vigilance quand il est question de voir à ce que les gens de la classe politique rendent des comptes. Il faudra également insister sans relâche pour obtenir l’adoption et la réalisation des principes progressistes que nous cherchons à faire avancer tout en veillant à bien réfléchir à ce en quoi notre militantisme peut faire le plus changer les choses pour les travailleuses et les travailleurs ainsi que pour les gens qui vivent en marge.