Le congrès peu reluisant d’O’Toole ouvre la voie à l’épreuve de force du budget fédéral

Ottawa (Ont.) – 6 avril 2021 – Les congrès politiques sont organisés pour stimuler les membres du parti, surtout lorsqu’une nouvelle direction est en place. Cependant, les choses ne se sont pas passées comme prévu pour le conservateur Erin O’Toole.

Lorsque les conservateurs ont perdu les dernières élections, beaucoup ont attribué leur défaite à l’absence d’un véritable projet de lutte contre le changement climatique et à leur opposition à la taxe sur le carbone. Monsieur O’Toole a parlé à plusieurs reprises de la nécessité pour le parti de faire face à la réalité du changement climatique. Lors du récent congrès, les délégués du parti ont malgré tout voté contre une résolution qui reconnaissait la menace du changement climatique, demandant plutôt aux grands pollueurs d’être auto-responsables de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les initiés libéraux ont profité de l’annonce des résolutions rejetées pour qualifier le mouvement conservateur de négationniste du changement climatique. Cela signifie également que les appels à des élections sont imminents.
D’autres résolutions, rejetées ou adoptées, pourraient causer des problèmes aux conservateurs. Le congrès a adopté une résolution visant à convertir les régimes de retraite du secteur public en l’équivalent des régimes de retraite du secteur privé. Cela signifie essentiellement convertir les régimes de retraite à prestations déterminées en régimes de retraite à cotisations déterminées, qui sont inférieurs. Le congrès a aussi adopté une résolution sur l’épargne-retraite qui supprime tout engagement à augmenter le Supplément de revenu garanti fédéral.

Monsieur O’Toole doit également relever d’autres défis. Pour obtenir la direction du parti, il a dû gagner le soutien des conservateurs sociaux au second tour de scrutin et, bien qu’il ait prétendu être pro-choix, cela a renforcé les zélés anti-avortement dans son parti. Pour les postes du Conseil national du parti, près de 40 % des élu(e)s ont été soutenu(e)s par des groupes anti-avortement.

Le congrès n’a pas apporté à M. O’Toole un regain de popularité, mais a révélé plusieurs pièges qu’il doit soigneusement éviter. En effet, les seuls à sourire après le congrès conservateur étaient les membres du parti libéral. Justin Trudeau souhaite des élections depuis l’automne dernier et le congrès conservateur lui a offert divers cadeaux de campagne.

Malheureusement, la dernière chose dont le pays a besoin en ce moment, ce sont des élections. Avec une troisième vague de COVID‑19 qui s’installe et seulement un petit pourcentage de Canadien(ne)s vacciné(e)s, il y a trop de questions sans réponse sur la façon dont Élections Canada pourraient organiser le scrutin.

L’option la plus prudente reste celle d’un gouvernement minoritaire qui coopère pour résoudre les nombreux problèmes auxquels les Canadien(ne)s sont confronté(e)s au quotidien. Malheureusement, Justin Trudeau est plus susceptible de continuer à jouer des jeux politiques pour parvenir à sa tentative tant désirée d’obtenir une autre majorité. Avec le budget du 19 avril qui approche à grands pas, il est probable que ce soit son tremplin pour une campagne électorale dont personne n’a besoin.