Blogue politique : La COVID 19 met en évidence les inégalités au Canada

Toronto – 19 juin 2020 – Lorsque la pandémie de la COVID‑19 a frappé le Canada pour la première fois, le 1 % de riches a pu s’enfermer dans ses manoirs et ses communautés sécurisées, tandis que les travailleurs et les travailleuses à bas salaires, principalement des femmes et des Canadien(ne)s racialisé(e)s, ont été poussé(e)s en première ligne.

Depuis des années, les syndicats et les militant(e)s soulignent les inégalités flagrantes qui existent dans notre société, où les plus riches ont plus de revenus que les autres dans leur globalité. Nous avons tous et toutes vu les chiffres : les 86 familles les plus riches du Canada possèdent plus de richesses que les 11 millions de Canadien(ne)s les plus pauvres réuni(e)s. Il y a des dirigeant(e)s qui gagnent plus de 200 fois le salaire moyen d’un(e) de leur employé(e). En moyenne, les femmes continuent de gagner 75 cents pour chaque dollar que gagnent leurs collègues masculins, et l’écart est encore plus grand pour les femmes autochtones, handicapées, racialisées ou nouvellement arrivées au Canada. En outre, plus d’un tiers des femmes actives gagnent moins de 15 dollars l’heure. Et comme si cela ne suffisait pas, les femmes sont plus susceptibles d’assumer une plus grande part de responsabilités au sein du foyer, notamment en ce qui concerne la garde des enfants et des parents âgés. Au sortir de la pandémie, de nombreuses femmes ne pourront pas retourner au travail sans bénéficier de services de garde d’enfants abordables.

Les effets de la COVID‑19 ont suivi de près ces inégalités sociétales, car ils ont frappé de manière extrêmement inégale. Selon le Centre canadien de politiques alternatives, 70 % des pertes d’emploi liées à la pandémie ont été subies par des femmes. La moitié des Canadien(ne)s qui gagnent 14 dollars ou moins ont été licencié(e)s ou ont réduit leurs heures de travail pendant cette crise. Parmi les 10 % de travailleur(euse)s les plus riches qui gagnent plus de 48 dollars de l’heure, seulement 1 % a perdu son emploi ou a vu ses heures réduites. L’Agence de la santé publique du Canada a révélé que plus de femmes que d’hommes ont été diagnostiquées avec la COVID‑19, et que, par conséquent, plus de femmes sont mortes du virus. Les femmes représentent également le pourcentage le plus élevé de travailleur(euse)s en première ligne dans les soins de santé, l’entretien ménager et les autres rôles essentiels à haut risque.

Au Canada, l’origine ethnique n’a pas été prise en compte dans le cadre de la collecte de données autour de la COVID‑19. Cela signifie que nous sommes mal équipés pour comprendre comment les Canadien(ne)s noir(e)s et les autres communautés racialisées sont touché(e)s par le virus et cela représente une grave lacune dans notre capacité à répondre à la COVID‑19. Dans certaines parties des États-Unis, où des données basées sur l’origine ethnique ont été recueillies, le taux de mortalité est disproportionné dans les communautés afro-américaines et est lié à des obstacles systémiques aux soins de santé et aux perspectives économiques.

L’analyse de CBC News des cas de coronavirus à Montréal a révélé de fortes corrélations liant des taux plus élevés d’infection par la COVID‑19 dans les quartiers et les communautés à faibles revenus avec des pourcentages plus élevés de résident(e)s noir(e)s. Une analyse similaire des quartiers de Toronto a révélé une forte corrélation entre les taux élevés de la COVID‑19 et les faibles revenus, les mauvaises conditions de travail, le statut de minorité visible et les faibles niveaux d’éducation. Les responsables de la santé publique de l’Ontario ont indiqué que les infections par la COVID‑19 dans les quartiers les plus diversifiés étaient trois fois plus élevées que dans les quartiers les moins diversifiés et que le taux de mortalité y était deux fois plus élevé. Les membres de ces communautés sont plus susceptibles d’occuper des emplois mal rémunérés qui les placent en première ligne, comme les préposé(e)s aux bénéficiaires et les employé(e)s des magasins de détail qui sont confronté(e)s à des conditions de travail qui les exposent davantage au virus. Ces membres sont plus susceptibles de vivre dans des immeubles d’habitation ou des logements plus petits qui rendent beaucoup plus difficile la distanciation sociale.

Dans les communautés autochtones, de nombreuses familles vivent sous un même toit à cause de la crise du logement. Le manque d’accès à l’eau potable et le déclin des infrastructures ont aussi rendu ces communautés vulnérables aux épidémies avec une capacité de réponse limitée. Par conséquent, de nombreuses communautés autochtones ont fermé leurs portes aux étranger(ère)s afin d’éviter des épidémies qui pourraient dévaster leurs communautés.

Par ailleurs, les travailleur(euse)s migrant(e)s œuvrant dans les exploitations agricoles et les usines de transformation de la viande, dont la majorité est racialisée, ont été déclarés essentiel(le)s et sont également confronté(e)s à des épidémies plus graves du virus en raison des mauvaises conditions de travail et de vie.
Les femmes et les travailleur(euse)s racialisé(e)s ont toujours été au centre des inégalités dans notre société, et la COVID-19 n’a fait que renforcer ces disparités. Dans tous les domaines, de la santé à l’économie, de la sécurité à la protection sociale, les répercussions de la COVID‑19 sont pires pour les femmes et les Canadien(ne)s racialisé(e)s simplement en raison de leur sexe ou de la couleur de leur peau. À mesure que nous évoluons, nous devons être pleinement conscient(e)s de la manière dont cette crise amplifie les inégalités. Et, comme pour les soins de longue durée, il ne suffira pas de revenir à la « normale ». Au sortir de cette pandémie, nous devons faire mieux en luttant contre les inégalités de manière réfléchie et concertée.