Blogue politique : Les semeurs de haine ont-ils trouvé un port d’attache politique?
Toronto – 16 mai 2019 – Au Canada, les crimes haineux se sont accrus de 47 % depuis 2014 et ont été largement provoqués par des incidents ciblant les Canadiennes et Canadiens musulmans, juifs et noirs.
Beaucoup de gens s’empressent de jeter le blâme sur ce qui se passe au sud de la frontière, où le président américain Donald Trump courtise les groupes nationalistes blancs alors qu’il insiste que le racisme n’est pas un problème en Amérique. Chaque fois qu’un acte extrémiste est commis par un musulman ou un immigrant à la peau brune, Trump s’empresse d’y réagir sur le réseau Twitter, mais il en fait peu de cas quand les crimes haineux sont commis par des chrétiens ou non musulmans de race blanche. Et au sein du parti républicain, auquel appartient le président, se trouvent des gens comme Stephen King qui ne voient absolument rien de problématique à ce qu’une personne soit un adepte de la suprématie blanche.
S’il est vrai que Donald Trump courtise les groupes haineux, ce fait n’est pas le seul responsable de la recrudescence des crimes haineux au Canada. Ici même, il y a des femmes et des hommes politiques qui jouent le même jeu, et cela semble avoir dynamisé les groupes racistes.
Le chef du parti conservateur Andrew Scheer n’a pas hésité à s’entretenir avec des gens du convoi des Gilets jaunes quand ce convoi est arrivé à Ottawa en février dernier, alors qu’une bonne partie de la foule n’était pas là pour protester contre l’insuffisance des pipelines mais plutôt contre la présence des immigrants et des réfugiés au Canada. À la manifestation, Scheer était en présence de Faith Goldy, qui le suivait. Cette dernière est une adepte notoire de la suprématie blanche qui tient un discours si choquant et incendiaire qu’elle a été jugée inapte à contribuer au site Web Rebel Media où elle a été congédiée en 2017. Pour sa part, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, s’est fait photographier avec Goldy alors que celle-ci participait à un barbecue que tient Doug Ford chaque année.
Dans les jours précédant les élections qui ont eu lieu récemment en Alberta, le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney, devait rayer de sa liste plusieurs candidat(e)s quand il s’est révélé qu’ils ont fait des commentaires racistes par le passé, et s’étaient même fait photographier une fois avec des membres d’un groupe anti-immigrant appelé les Soldats d’Odin.
Alors qu’il ne reste que quelques mois avant la tenue des élections fédérales, la candidate nouvellement annoncée pour la circonscription de Dartmouth Cole-Harbour, une musulmane, a rendu un témoignage où elle a parlé des commentaires haineux que lui ont valu sa religion et son origine ethnique. Des gens lui auraient dit qu’elle n’est pas la bienvenue dans leur communauté, que les musulmans sont mauvais et qu’elle n’a pas sa place au Canada.
Parallèlement, l’ex-député conservateur Maxime Bernier a quitté le parti conservateur pour former son propre parti, le Parti populaire du Canada, lequel durcit le ton contre les nouveaux immigrants au Canada.
Il est bien évident que les femmes et les hommes politiques conservateurs usent des sentiments anti-immigrants et anti-musulmans pour créer la peur et l’angoisse chez les Canadiennes et Canadiens qui se sentent économiquement vulnérables et rallier les gens qui souffrent à leur cause. Ils font usage de la notion de race pour diviser et conquérir les gens du Canada, et nous ne pouvons pas les laisser agir de la sorte. Nous devons dénoncer le racisme partout où il se manifeste et chaque fois qu’il se manifeste. Nous devons aussi nous demander pourquoi c’est au sein du Parti conservateur et du Parti populaire du Canada que les adeptes de la suprématie blanche et d’autres groupes haineux semblent avoir trouvé un port d’attache.