Blogue politique : L’austérité de l’État épargne les riches et les sociétés

Toronto, 4 décembre 2018 – De temps à autre, notamment en période électorale, les gouvernements et les chefs de certains partis politiques disent qu’il faut faire des compressions dans les services et les programmes de l’État. Ils prétendent que c’est nécessaire si l’on veut chercher à réduire la dette pour susciter la croissance économique. En général, quand ils tiennent ce langage, c’est pour enchaîner immédiatement avec des réductions d’impôt destinées aux riches et aux sociétés. Or, ce sont les gens se trouvant le moins à l’abri du besoin qui pâtissent des compressions en question tandis que les ménages nantis et les sociétés seraient les seuls à bénéficier des réductions d’impôt.

En Ontario, le gouvernement de Doug Ford n’aura pas mis de temps à effectuer des compressions considérables à un certain nombre de points de vue tels que la hausse du salaire minimum et l’augmentation des prestations d’invalidité et de celles d’aide sociale. C’est sans compter l’élimination de mesures de surveillance des loyers qui étaient indispensables pour les personnes à faible revenu, laquelle mènera à un vrai pactole pour les riches promoteurs tout en compliquant encore la vie aux propriétaires à faible revenu qui doivent trouver un logement ou bien un endroit où ils aient les moyens de vivre. Pendant ce temps, ce gouvernement conservateur promulgue d’autres réductions de l’impôt sur le revenu des sociétés et supprime une surtaxe sur le revenu des Ontariennes et Ontariens les plus riches, ce qui leur donne un allègement fiscal privant le Trésor public d’une somme totale de 300 millions de dollars.

Également, en Alberta, un député du Parti conservateur uni (PCU) à l’assemblée législative de la province a déjà prévenu la population que si celui-ci forme le gouvernement à l’issue des prochaines élections, les compressions budgétaires dans les domaines de l’éducation et des soins de santé « seront douloureuses » (site Web en anglais seulement). Au même moment, le chef du PCU, Jason Kenney, fait le serment de ramener dans la province l’impôt uniforme, qui, peu importe leur revenu, consisterait à faire payer à l’ensemble des Albertaines et Albertains un impôt provincial représentant 10 % de ce qu’ils gagnent; dans ces conditions, au total, celles et ceux dont le revenu annuel est supérieur à 300 000 $ profiteraient d’un allègement fiscal de 700 millions de dollars. M. Kenney promet aussi à la population qu’il réduira les hausses de l’impôt et des taxes levés sur le revenu des sociétés que l’actuel gouvernement néo-démocrate a effectuées.

Même le gouvernement fédéral s’y met. L’an dernier, lorsque le scandale des Panama Papers éclatait, on découvrit à quel point et en quoi les sociétés et les particuliers les plus riches se servaient des paradis fiscaux pour éviter de verser leur juste part de l’impôt. De plus, comme le révèle le rapport d’un vérificateur qui a récemment été publié, l’Agence du revenu du Canada pourchasserait les contribuables ordinaires d’une manière énormément vigoureuse tout en laissant les riches qui tentent de frauder le fisc s’en tirer à bon compte. Bien que, pendant la dernière campagne électorale, le Parti libéral du Canada (PLC) ait promis au peuple de faire le nécessaire pour mettre un terme à l’existence des échappatoires fiscales, le gouvernement à Ottawa, actuellement formé par ce dernier, ne l’a toujours pas fait, ce qui permet aux riches de continuer à éviter de devoir payer leur juste part de l’impôt sur le revenu qu’ils tirent de leurs contrats d’option et à se soustraire à toute conséquence qu’ils devraient subir pour avoir mis leur argent à l’abri dans un pays étranger. En outre, dans son exposé économique du présent automne, le gouvernement fédéral a annoncé aux sociétés fortunées ayant leur siège dans le pays qu’elles allaient se voir accorder un autre allègement fiscal de 14 milliards de dollars en tout alors que les Canadiennes et les Canadiens sont toujours touchés par une crise du logement, une pénurie de places dans les services de garde d’enfants abordables et les coûts terriblement élevés des médicaments sur ordonnance.

Ce serait donc à croire qu’au lieu de faciliter la vie aux gens qui sont le plus dans le besoin, l’argent de nos impôts finit toujours dans les comptes bancaires ou le portefeuille des ménages les plus riches et des sociétés de notre pays.