Stephen Harper ne doit plus tergiverser

OTTAWA – 8 janvier 2013 – La rencontre prévue pour cette fin de semaine à Ottawa entre le premier ministre, des militants et militantes du mouvement Idle No More (Fini, l’inertie) et les chefs des Premières nations doit être plus qu’une occasion de participer à une séance de photographie, mais elle n’est guère prometteuse vu le dossier de Stephen Harper, le chef du gouvernement. Une des premières mesures qu’il a prises lorsqu’il accéda au poste de premier ministre pour la première fois a été de rejeter l’Accord de Kelowna — un accord global conclu par les gouvernements fédéral et provinciaux et les chefs de cinq organisations autochtones nationales en vue d’offrir aux peuples autochtones l’accès à l’éducation et à des emplois et des conditions de vie équitables.    

Fruit de deux années de consultation entre les divers acteurs, l’accord a été mis de côté dès le premier budget de Stephen Harper étant considéré comme un simple document de travail qui n’avait pas force exécutoire sur le gouvernement

Sept ans plus tard, une crise au niveau du logement, des soins de santé et des ressources éducatives, doublée d’un manque de perspectives d’emploi, continue de sévir dans dans les collectivités des Premières nations. Ce qui n’a pas continué, ce sont les consultations. Mais que peut-on espérer encore d’un gouvernement qui a dépensé des millions de dollars pour promouvoir son Plan d’action économique du Canada, mais se montre peu disposé à répondre voire prêter l’écoute aux voix et aux préoccupations des peuples autochtones du Canada. Le gouvernement s’est surtout mis à l’écoute de ses partisans du monde des affaires qu’il a récemment récompensés en éviscérant les règlements et les processus d’examen environnementaux, ce qui risque d’être très préjudiciable pour la qualité de l’air, du sol et de l’eau dans les zones assujetties à des traités près des canalisations, des mines et des chenaux de navigation. Ces changements imposés dans les récents budgets de Stephen Harper n’étaient pas seulement contraires à la démocratie mais font l’objet de contestations judiciaires fondées sur la Charte pour manquement au devoir de consulter les collectivités des Premières nations sur des dossiers qui influent sur leurs droits issus de traités.    

Le mouvement Idle No More et la grève de la faim de la chef Theresa Spence ont forcé M. Harper, un premier ministre réticent, à accepter de rencontrer cette semaine des représentant(e)s des Premières nations dont les graves préoccupations ont été traitées jusqu’à ce jour comme une nuisance. C’est ce même gouvernement qui a mené une campagne d’espionnage contre Cindy Blackstock, militante qui défend les droits des enfants autochtones et directrice générale de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, un des partenaires nationaux des TUAC Canada.  

Le premier ministre Stephen Harper va sans aucun doute sourire pour les médias lors de la rencontre de cette semaine, mais le temps de tergiverser et d’être cynique alors qu’une crise fait rage dans les collectivités autochtones doit prendre fin. Il faudra reprendre de sérieuses consultations en vue d’établir un plan d’action légitime assorti d’objectifs et d’échéances pour fournir l’équité, la sécurité, les soins de santé et les possibilités que l’on refuse maintenant à des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants autochtones au Canada.   

 

Solidairement,

Wayne Hanley
Président national