GRC, le sigle de trois lettres qui fait trembler de peur les femmes et les hommes politiques

Toronto – 30 mars 2017 – C’est depuis des mois que la première ministre libérale de la Colombie-Britannique, Christy Clark, tente de faire fi de la colère grandissante de la population à l’égard des pratiques de collecte de fonds de son parti.  Mais l’annonce d’une requête qu’Elections BC, soit le bureau du directeur général des élections de la Colombie-Britannique, a présentée auprès de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour lui demander d’enquêter sur une affaire de dons potentiellement illégaux aurait eu pour la première ministre l’effet d’une révélation, et celle-ci fait encore comme si elle allait prendre des mesures à cet égard.

Parmi toutes les provinces du Canada, c’est en Colombie-Britannique que les règles du financement des campagnes électorales sont les plus souples. Aucune limite n’est imposée quant à la somme que les sociétés, les organisations syndicales et les particuliers peuvent donner aux partis politiques de leur choix. La Colombie-Britannique permet aux partis politiques de recevoir des dons provenant d’en dehors de la province et même du pays. Le Parti libéral de Christy Clark a profité de cette conjoncture pour récolter plus de 12 millions de dollars au cours de l’année dernière, soit le triple du montant recueilli par le principal parti d’opposition. Par ailleurs, de cette somme, il y a 7,8 millions qui proviennent des sociétés.  

Au début, Mme Clark a tenté de balayer les inquiétudes que soulevaient les activités-bénéfice qu’elle faisait organiser, où de riches donatrices et donateurs ainsi que des gens du milieu des affaires payaient parfois jusqu’à 20 000 $ pour assister à des réunions intimes en compagnie de la première ministre et des ministres de son gouvernement. Elle a fait la sourde oreille aux préoccupations soulevées à propos de son supplément de rémunération de 50 000 $ qui a été payé à même les dons susmentionnés. Christy Clark a continué d’agir comme si cette affaire n’avait rien de problématique et a même refusé encore une fois d’appuyer un projet de loi du NPD qui consisterait à interdire les dons des entreprises et des organisations syndicales tout en limitant les dons individuels.

Mais voilà qu’on parle de la GRC, ce redoutable sigle de trois lettres qui fait trembler de peur toutes les femmes et tous les hommes politiques. Les élections provinciales devant avoir lieu dans moins de deux mois, Elections BC a confié à la GRC la tâche de faire enquête sur des dons politiques qui pourraient avoir été faits illégalement. Des lobbyistes sont présumés avoir versé des dons en leur nom en sachant qu’ils allaient se faire rembourser par la suite, agissement qui contrevient aux règles de financement, fussent-elles effectivement très souples, des campagnes électorales en Colombie-Britannique.

L’enquête étant désormais entre les mains de la GRC, Christy Clark s’est lancée dans une véritable opération de gestion de crise. D’abord, elle a déposé un projet de loi qui, s’il devait être adopté, allait permettre de faire divulguer plus rapidement qu’auparavant les informations concernant les dons politiques et faire baisser les sommes auxquelles s’applique l’obligation de divulgation. Cependant, le gouvernement n’en a aucunement profité pour fixer une limite en ce qui a trait aux dons individuels. Il a également refusé d’interdire les dons des sociétés et des organisations syndicales ainsi que les contributions de donatrices et donateurs de l’extérieur de la province ou du pays. Or, le pire, dans tout cela, c’est que le projet de loi n’a pas été adopté avant que l’assemblée législative ne suspende ses travaux pour les élections provinciales.

Face au grand mécontentement et à la suspicion qui, parmi la population, s’élevaient de plus en plus contre l’inaction du gouvernement de Mme Clark, la première ministre a annoncé que, si son parti était réélu en mai, son gouvernement allait former un comité indépendant ayant pour mandat d’examiner la loi électorale de la Colombie-Britannique et de faire des recommandations en vue de la réforme de la législation qui régit le financement des campagnes électorales. Toutefois, les recommandations de ce comité ne seraient pas contraignantes pour le gouvernement.

Bref, dans ces conditions, il y a un certain nombre de questions qui se posent. Premièrement, les électrices et les électeurs veulent-ils d’un gouvernement à l’ancienne agissant dans l’intérêt des riches et des gens du monde des affaires qui lui versent des dons ou d’un vrai gouvernement moderne qui est déterminé à défendre les intérêts de tous les gens de la Colombie-Britannique? En outre, est-ce le scandale éventuellement provoqué par l’enquête de la GRC qui fera tomber le gouvernement de Christy Clark?