Saskatchewan: la province où pleuvent les dons aux partis politiques

Toronto – 14 novembre 2016 – D’un bout à l’autre du Canada, de plus en plus d’électrices et d’électeurs s’interrogent sur les privilèges en termes d’accès et d’influence dont jouissent les grands donateurs auprès des hommes et des femmes politiques qu’ils appuient. Face aux apparences de conflits d’intérêts et à la perception qu’on les achète, certains politiciens se rendent de plus en plus à l’évidence qu’ils vont devoir changer les règles régissant les dons aux partis politiques et aux candidat(e)s.   

Par exemple, le gouvernement de l’Ontario a fini par s’intéresser à la question après que des rapports d’enquête eurent révélé le nombre important de dons que lui versaient les PDG des grandes sociétés et d’autres acteurs pour assister à des réunions intimes et fastueuses en compagnie du premier ministre et de ministres influents du gouvernement.    

Maintenant la Saskatchewan défraie les manchettes après qu’elle eut été exposée comme la province canadienne où pleuvent les dons aux partis politiques. De fait, le Parti saskatchewannais, qui est actuellement au pouvoir, continue de permettre aux sociétés et aux syndicats de faire des dons aux partis politiques. Il a récolté volontiers des millions de dollars donnés par des gens du milieu des affaires de la Saskatchewan, et d’autres sommes versées par des entreprises hors province. À titre d’exemple, le Parti saskatchewannais a reçu plus de deux millions $ de dons versés par l’industrie pétrolière et gazière de l’Alberta depuis l’élection d’un gouvernement néo-démocrate dans cette province. Certains vont jusqu’à se demander s’il ne s’agit pas d’une tentative délibérée de contourner les lois rigoureuses sur le financement des élections nouvellement adoptées par le NPD en Alberta, sachant que les attaques de Brad Wall seraient fortement médiatisées en Alberta.  

Brad Wall a déclaré que le gouvernement ne prévoit pas changer les règles régissant les dons en Saskatchewan, bien que les sondages montrent que 69 % des résident(e)s de la province veulent qu’on interdise les dons provenant de donateurs hors province. Mais, il n’y a pas que les sociétés qui ont ressenti le besoin de faire des dons au Parti saskatchewannais. Depuis 2006, le parti a accepté des milliers de dollars de dons versés par des sociétés de la Couronne, des municipalités, des conseils scolaires, des universités et des organismes de bienfaisance. Le fait que ces organisations ressentent le besoin de verser des dons au parti au pouvoir afin de se faire entendre est une situation effrayante, d’autant plus que ce sont des institutions publiques qui le font avec l’argent des contribuables.    

Au cours des derniers jours du régime conservateur en Alberta, les progressistes-conservateurs ont été reconnus coupables d’accepter illégalement des dons de la part d’organisations financées par les deniers publics comme les conseils scolaires. Ils ont été contraints de remettre l’argent, mais cela n’a pas empêché le Parti saskatchewannais de recevoir des dons similaires.

Les actions du gouvernement saskatchewannais contrastent nettement avec celles de son voisin en Alberta. Il y a longtemps depuis que l’Alberta a interdit aux partis politiques de recevoir des dons hors province, et c’est aussi la loi dans presque toutes les autres provinces du pays. Un des premières mesures prises par le nouveau gouvernement néo-démocrate de l’Alberta a été d’interdire les dons des entreprises et des organisations syndicales. Le parti a aussi abaissé les limites des contributions individuelles afin de réduire l’influence des grands donateurs.  

Il est temps que la Saskatchewan rattrape le reste du pays en empêchant les organismes de bienfaisance et les institutions financées par les deniers publics de faire des dons aux partis politiques et en rendant illégaux les dons des sociétés et des syndicats à des partis politiques. Le gouvernement de la Saskatchewan devrait aussi abaisser les limites des contributions individuelles pour faire en sorte que les grands donateurs ne puissent exercer aucune influence sur les responsables politiques de la province.