Un nouveau rapport attire l’attention sur les pratiques abusives à l’endroit des travailleurs agricoles migrants au Canada
Toronto – 27 octobre 2015 – Le tout dernier rapport des TUAC Canada et de l’Alliance des travailleurs agricoles révèle la proportion des quelque 45 000 travailleurs agricoles migrants et temporaires qui subissent régulièrement des mauvais traitements et des violations de leurs droits de la personne au Canada. Le rapport sur La situation des travailleuses et travailleurs agricoles migrants au Canada 2015 décrit comment cette main-d’œuvre pour la plupart invisible, cachée dans des centres agricoles à la grandeur du pays, se retrouve en situation de vulnérabilité devant l’exploitation en raison de lois et de réglementation discriminatoires qui privent les travailleurs agricoles migrants des droits ouvriers, syndicaux et de santé-sécurité fondamentaux que la plupart des autres travailleurs tiennent pour acquis.
« L’agriculture étant devenue une activité industrielle à grande échelle, les personnes qui accomplissent l’éreintant travail dans le secteur agricole demeurent essentiellement impuissantes au sein d’un système qui traite souvent les travailleurs agricoles comme des marchandises plutôt que comme des êtres humains », de dire Paul Meinema, le président national des TUAC Canada (Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce Canada). Depuis plus de trois décennies, les TUAC Canada ont été le principal défenseur des droits ouvriers et de la personne des travailleurs agricoles temporaires et migrants au Canada. En collaboration avec l’Alliance des travailleurs agricoles (ATA), les TUAC Canada exploitent des centres de soutien pour travailleurs migrants dans les régions agricoles des quatre coins du Canada. Au cours des dix dernières années, le personnel de ces centres a documenté les préoccupations de milliers de travailleuses et de travailleurs agricoles migrants relatives à des heures de travail non rémunérées, des conditions de vie et de travail dangereuses, et des rapatriements arbitraires.
« Les travailleurs agricoles migrants sont plus vulnérables que le reste de la population active au Canada et accomplissent le travail le plus dangereux qui soit, pourtant leurs droits légaux sont pratiquement non-existants », poursuit le chef des TUAC Canada. « À moins que leur lieu de travail soit syndiqué, les travailleurs agricoles migrants font face à la menace d’un rapatriement arbitraire dès qu’ils expriment une doléance quelconque au sujet de leurs conditions de travail, de leur santé et leur sécurité, ou de leurs logements insalubres. »
En Ontario, la province ayant la main-d’oeuvre agricole la plus importante, les travailleurs du secteur agricole sont actuellement exclus de l’adhésion syndicale en vertu de la Loi sur les relations de travail. Dans la plupart des provinces du pays, les travailleuses et travailleurs agricoles migrants sont aussi exclus de la pleine protection des normes d’emploi et de la réglementation sur la santé et la sécurité. Comme il est indiqué de façon détaillée dans le nouveau rapport, il s’ensuit que les travailleurs agricoles migrants du Canada sont aux prises avec des conditions où l’exploitation et la violation des droits sont beaucoup trop courantes. Les programmes de travailleurs agricoles migrants et temporaires du Canada sont régis par le gouvernement fédéral et lient habituellement un travailleur à un seul employeur, sans option de chercher un emploi ailleurs si un problème survient dans le lieu de travail.
« Le Canada peut faire mieux que cela en tant que société, particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter équitablement les hommes et les femmes qui viennent ici pour subvenir à nos besoins alimentaires », de dire M. Meinema. « Les travailleurs agricoles migrants apportent une contribution énorme et essentielle à nos collectivités et méritent la justice, la sécurité et les mêmes garanties juridiques que les autres travailleurs et travailleuses au Canada. »
L’octroi de permis de travail transférables n’est qu’une des 19 réformes juridiques recommandées dans le rapport afin d’assurer un traitement équitable aux travailleurs agricoles migrants. D’autres recommandations portent notamment sur une procédure d’appel impartiale pour les cas de rapatriement arbitraire d’un travailleur ou d’une travailleuse, des normes nationales pour accréditer et contrôler les recruteurs étrangers, des normes de salubrité et des inspections de sécurité des logements, de même que revoir les lois discriminatoires, là où elles existent, de sorte à offrir aux travailleurs agricoles les mêmes droits qu’ont les autres travailleurs d’adhérer à un syndicat et de négocier collectivement.