Au moment où la grève chez Walmart s’étend comme une traînée de poudre aux États-Unis, les « associées » et « associés » de l’entreprise travaillant au Canada auraient bien des raisons d’estimer que les présentes circonstances sont encourageantes
TORONTO – Selon le plus important syndicat de travailleuses et de travailleurs du secteur de la vente au détail du Canada, les gens qui travaillent dans les magasins Walmart au pays ont bien des raisons d’estimer que la révolte des associées et des associés qui a actuellement lieu aux États-Unis est encourageante pour eux. Au sud de la frontière, les événements ont mené à une grève qui, en ce moment, s’étend à un nombre de plus en plus grand de magasins de la société un peu partout sur le territoire.
Pendant que les investisseurs se réunissaient à Bentonville, en Arkansas, à l’occasion de l’assemblée annuelle des actionnaires de Walmart, les employées et les employés de 28 magasins de l’entreprise situés dans 12 États différents interrompaient tout travail pour se mettre en grève en exigeant que l’employeur, dont l’attitude est antisyndicale, augmente les salaires, améliore les conditions de travail et cesse d’user de représailles contre celles et ceux d’entre eux qui cherchent à se syndiquer.
« De toute évidence, les travailleuses et les travailleurs de Walmart au Canada sont bien placés pour comprendre la déception, la frustration et la nécessité d’agir qui se manifestent présentement aux États-Unis », affirme Wayne Hanley, le président national du syndicat des Travailleurs et Travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (TUAC Canada). Celui qui est donc à la tête du plus grand syndicat présent dans l’entreprise privée au pays ajoute : « Étant donné qu’elle a l’habitude de bafouer les droits de ses employées et employés au Canada, la société Walmart a un lourd passé qui a pour effet de ternir sa réputation. En outre, depuis qu’elle est arrivée ici, l’entreprise de vente au détail est devenue, sans conteste, l’un des employeurs qui, sur le plan social, se conduisent de la manière la plus inconsidérée au pays. »
Par exemple, en 2006, lorsqu’elle décida de fermer un magasin à Jonquière, au Québec, alors que les employées et les employés qui y travaillaient avaient récemment choisi de se syndiquer, des gens du monde entier condamnèrent son attitude. Également, quatre ans plus tard, c’étaient les droits des membres du personnel de l’atelier automobile du magasin de Gatineau, toujours au Québec, que Walmart réduisait à néant en partant du principe que le contrat de travail que celui-ci avait réussi à obtenir ne correspondait pas à son « modèle de fonctionnement ». Il y a encore d’autres situations dans lesquelles on voit que la société Walmart fait la guerre aux droits des travailleuses et des travailleurs du Canada, comme ce qui arrive dans la ville de Weyburn, en Saskatchewan, où, depuis huit ans, l’entreprise tente de bloquer complètement le processus de négociation collective et de le faire échouer.
Tout récemment, aux côtés de l’entreprise Target, la société Walmart s’est mise de la partie en vue de priver de leur emploi plus de 10 000 employées et employés de Zellers et de signifier le refus de tenir concrètement compte de leur expérience, de croire en leur loyauté et de respecter les droits qu’ils ont en tant que travailleuses et travailleurs.
« Voilà tout ce que fait une société des États-Unis qui engrange des profits de 16 milliards de dollars par année et dont les cadres de direction ont gagné plus de 10 millions de dollars chacune et chacun en rémunération totale l’an dernier. De plus, la fortune que possèdent les quatre membres d’une certaine famille qui, en gros, sont les propriétaires de Walmart représenterait davantage que le total collectif des moyens financiers dont sont pourvues un certain nombre de familles des États-Unis, c’est-à-dire les plus pauvres ou, autrement dit, 42 % de toutes celles qui vivent dans ce pays », ajoute le président Hanley. « Il faut qu’on mette fin à l’avidité et à la pratique de la corruption par lesquelles cette entreprise s’est rendue célèbre à l’échelle mondiale et c’est maintenant qu’il faut le faire », déclare-t-il en parlant de la façon dont Walmart se conduit au Canada et dans le monde entier. Il s’agit, entre autres événements tout récents, des allégations selon lesquelles la société aurait versé des pots-de-vin au Mexique, ce qui a fait scandale dans ce pays, et d’une autre nouvelle action en justice pour discrimination fondée sur le sexe, que, cette fois-ci, on a intentée au nom de 100 000 femmes de la Californie et du Tennessee.
« Si nous voulons faire changer les choses chez Walmart ici, au Canada, comme partout ailleurs dans le monde, il suffit que nous commencions par prendre exemple sur les grévistes de magasins de l’entreprise aux États-Unis, qui font effectivement preuve d’un véritable courage », affirme Wayne Hanley. « Ce n’est qu’au moment où nous nous y mettrons que cette société changera en devenant une entreprise et un employeur dont l’attitude soit bien raisonnée au point de vue social. Voilà justement ce dont a besoin un monde qui s’améliore sur tous les plans en général et, en particulier, sur ceux de l’équité et de la justice. »