La « retraite » à huis clos de Flaherty ouvre les portes à des lois, des politiques et des stratégies à l’américaine
Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, ira bientôt derrière des portes closes pour sa sixième séance annuelle de réflexion sur les politiques avec des chefs d’entreprise et des responsables politiques. Utilisant la Loi sur l’accès à l’information, le Globe and Mail a révélé ce qui a été discuté lors de la réunion à huis clos de l’année dernière.
Lors de la séance tenue l’année dernière avec de nombreux chefs d’entreprise, on a incité le ministre à adopter des mesures visant à réduire le salaire des travailleuses et travailleurs canadiens, à limiter le pouvoir des syndicats en adoptant des lois à l’américaine qui assurent le droit au travail sans adhésion syndicale, à permettre l’implantation d’un régime de soins de santé à deux vitesses et à repousser l’âge de la retraite.
Si nous regardons le dossier du gouvernement Harper depuis la réunion de l’année dernière, il est évident que les conservateurs fédéraux appliquent les recommandations présentées par le groupe exclusif de riches dirigeants :
- À l’automne 2011 et au printemps 2012, le gouvernement Harper est intervenu quatre fois dans les litiges concernant les droits de négociation collective des travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé chez Air Canada, CP Rail et Postes Canada en imposant une loi de retour au travail.
- En décembre 2012, sans consulter les provinces, le gouvernement Harper a déclaré qu’il maintiendra à leurs niveaux actuels les transferts au titre des soins de santé aux provinces, ce jusqu’en 2016-2017, puis il réduira le financement. Ceci obligera les provinces à trouver plus d’argent pour fournir les soins de santé – une situation qui pourrait entraîner une plus grande privatisation du système de soins de santé canadien.
- En mai 2012, le caucus conservateur a appuyé le projet de loi C-377. Ce projet de loi, s’il est adopté, nuira au fonctionnement des syndicats et compromettra la capacité des organisations syndicales à servir leurs membres.
- Dans le projet de loi C-38, soit le projet de loi d’exécution du budget du gouvernement Harper, les conservateurs ont adopté une loi pour repousser de 65 à 67 ans l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse.
- Dans le même projet de loi, ils ont adopté une loi permettant aux entreprises canadiennes de faire venir des travailleurs étrangers temporaires plus rapidement et de leur payer un salaire de 15 % de moins que le salaire moyen. Ils ont également adopté des mesures législatives concernant l’assurance-emploi qui obligeraient certains travailleurs à accepter des emplois qui paient jusqu’à 30 % de moins que leurs emplois antérieurs.
Si le gouvernement Harper n’a pas encore adopté des lois de retour au travail à l’américaine, nombre de ses homologues provinciaux de la droite en parlent au point que ce sujet fait désormais partie du discours politique prédominant dans le pays. Il est évident que les points de vue et opinions des PDG du Canada ont un impact important sur le plan d’action du gouvernement Harper. On se retrouve donc devant la question : qui mène ce gouvernement? Nos élus ou les dirigeants d’entreprises du Canada?
Les travailleurs et travailleuses et les syndicats doivent s’apprêter à contester et à combattre ces recommandations et celles qui sortiront de la séance de réflexion sur les politiques de cette année.