En chiffres : Les syndicats et la prospérité

L’Economic Policy Institute de Washington D.C. a publié une nouvelle charte graphique et un document d’information qui confirment ce que les militantes et militants syndicaux savaient déjà depuis longtemps : aux États-Unis, l’inégalité de revenu a atteint des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis les années 20 alors que les effectifs syndicaux diminuent de manière constante.

La charte et l’analyse du groupe de réflexion montrent que les effectifs syndicaux ont grimpé en flèche après que Franklin Roosevelt eut accordé les droits de négociation collective aux travailleurs au cours des années 30. Cela a inauguré une nouvelle ère de prospérité partagée les très riches ont vu réduire d’un tiers leur part du revenu national. Grâce à leur pouvoir considérable à la table de négociation et dans l’arène politique, les syndicats ont contribué à l’augmentation des salaires et à l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs syndiqués et non syndiqués.  

Mais sous l’effet des attaques lancées par les gouvernements, les tribunaux et les employeurs contre les syndicats au cours des années 80, la baisse des effectifs syndicaux a eu pour effet d’aggraver l’inégalité de revenu – et cette tendance se poursuit aujourd’hui. La part totale du revenu national qui va aux mains des 10 % des Américains les plus riches avoisine aujourd’hui les 50 %.  

Évidemment, le lien entre la diminution du taux de syndicalisation et l’élargissement de l’écart des revenus n’est pas exclusif aux États-Unis. Au Canada, près d’un travailleur du secteur privé sur trois était syndiqué à la fin des années 80, mais aujourd’hui on en compte moins d’un sur cinq. Il en résulte que la rémunération médiane au Canada a augmenté de moins de 45 $ l’an depuis 1976. Entre-temps, le salaire moyen des 50 PDG les mieux payés au Canada a grimpé en flèche de sorte qu’ils gagnent 219 fois le salaire de l’employé moyen. Il n’est donc pas surprenant que le message du mouvement Occupons le Canada trouve un écho chez les travailleuses et travailleurs aux quatre coins du pays.    

Alors que les États-Unis et le Canada régressent vers les niveaux d’inégalité de l’ère de la Grande dépression, il est grand temps que les citoyennes et citoyens, les organisations syndicales et les gouvernements renouvellent leurs efforts en vue de parvenir à une prospérité partagée. En syndiquant les travailleuses et travailleurs qui ne sont pas représentés au travail et en élisant des gouvernements qui ont la volonté de réduire la pauvreté et le décalage actuel entre les revenus, nous pouvons rétablir la classe moyenne en Amérique du Nord.