À cause de la réforme de l’assurance-emploi que le gouvernement Harper a annoncée, le nivellement des conditions de vie par le bas continue à un rythme accéléré

La déclaration récente du ministre des Finances Jim Flaherty, selon laquelle il n’y aurait pas de « mauvais emploi » et d’après laquelle on ne pourrait être dans une mauvaise situation qu’en n’ayant pas de travail, fait clairement voir que la réforme de l’assurance-emploi du gouvernement Harper a surtout pour but de faire baisser les salaires et de mettre sur le dos des travailleuses et des travailleurs sans emploi le problème que représente le chômage

Si l’on en croit les propos de Jim Flaherty, les gens qui sont au chômage devraient être prêts à accepter n’importe quel emploi parmi ceux qu’on offre

Il y aurait lieu de se demander s’il faut en comprendre qu’une personne sans emploi qui vit dans une région donnée du pays sera contrainte d’aller s’installer dans une autre région pour accepter un emploi dont le taux de rémunération est plus faible que le salaire qu’elle recevait auparavant. On se poserait aussi les questions suivantes : Si cette même personne a une famille, Jim Flaherty assumera-t-il ses frais de déménagement? Quant aux enseignantes et aux enseignants, aux infirmières et aux infirmiers ainsi qu’aux fonctionnaires dont on a prévu la mise à pied, seront-ils obligés de travailler ensuite chez McDonald ou chez Tim Horton?

D’après un examen qu’a effectué l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), on nuirait à la productivité économique en forçant les travailleuses et les travailleurs à accepter le premier emploi qui s’offre au lieu de les laisser prendre bien leur temps lorsqu’ils en cherchent un. En donnant aux chômeuses et aux chômeurs le temps et les ressources dont ils ont besoin pour trouver un nouvel emploi qui corresponde particulièrement bien à leurs compétences et à leur expérience, on fait augmenter le rendement d’ensemble du pays au point de vue économique. En principe, quand on le fait, les travailleuses et les travailleurs trouvent un emploi qu’ils tiennent relativement longtemps et dont la rémunération représente une véritable amélioration lorsque, justement, ils en obtiennent un nouveau.

Les modifications à l’assurance-emploi s’inscrivent dans le projet de loi C-38, soit le projet de loi d’exécution du budget. Celui-ci permettrait aux employeurs des travailleurs étrangers temporaires de les priver de 15 % du salaire qu’on leur offre le plus souvent. Ainsi, il aurait uniquement pour but de forcer les gens à vivre de manière austère et de procéder à des compressions budgétaires;donc, il ne contribuera en rien à créer des emplois. Plutôt que de ne cesser de s’en prendre aux chômeuses et aux chômeurs ainsi qu’aux personnes sous-employées, le premier ministre Harper et le ministre Flaherty devraient concentrer leurs énergies à l’élaboration d’un programme de création d’emplois grâce auquel le revenu de l’État augmentera et par l’intermédiaire duquel on créera de bons emplois qui s’offriront à la population. Ainsi, celle-ci pourra gagner décemment sa vie au lieu de sombrer dans les rangs des travailleuses et des travailleurs à faible revenu, dont le nombre s’accroît rapidement.