Des allégations d’exclusion au cœur d’un procès communautaire au consulat du Mexique à Vancouver
Suite à un procès de rue, le Mexique et son consulat de Vancouver ont été reconnus coupables de pratiques d’exclusion à l’encontre de travailleurs migrants soupçonnés d’être des sympathisants syndicaux
Vancouver (C.-B.)- 23 mai 2012 — Des douzaines de militants et militantes de l’ATA et des TUAC Canada et d’alliés communautaires se sont assemblés au beau milieu de la journée du mercredi pour assister à un procès communautaire tenu en signe de protestation devant le consulat du Mexique à Vancouver. Si l’événement s’est déroulé de manière pacifique, les accusations elles-mêmes étaient très graves : le Mexique et son consulat de Vancouver ont conspiré avec certains exploitants agricoles de la Colombie-Britannique pour inscrire sur une liste noire des travailleurs migrants mexicains soupçonnés d’être des sympathisants syndicaux (pour une mise en contexte, allez à www.tuac.ca/haltealexclusion.
Tenant le rôle de défenseur des droits des travailleurs, le député provincial néo-démocrate de Burnaby-Edmonds, Raj Chouhan, a présenté au jury communautaire un vibrant plaidoyer en faveur de ces derniers : « Le consulat du Mexique à Vancouver a adopté une certaine pratique qui consiste à offrir aux travailleurs des 'ateliers' lorsqu’ils arrivent au Canada, en leur disant qu’ils perdront leur emploi s’ils se plaignent de leurs conditions de travail ou s’ils en parlent à quiconque autre que leur employeur. » La présentation s’appuyait sur les témoignages déposés par des travailleurs plus tôt ce printemps auprès de la Commission des relations de travail de la Colombie-Britannique (CRTCB). Le jury communautaire a également pris connaissance d’autres dépositions faites devant la CRTCB faisant état d’activité d’exclusion par le Mexique et son consulat de Vancouver contre des travailleurs migrants mexicains soupçonnés d’être des sympathisants syndicaux chez deux exploitants agricoles de la C.-B. où les travailleurs ont voté en faveur d’une adhésion à la section 1518 des TUAC Canada.
L’acteur jouant le rôle d’avocat de la défense pour le Mexique et son consulat de Vancouver s’est adressé au jury en ces termes : « ce qui importe surtout pour mon client, c’est d’être en bons termes avec les Canadiens. Mon client veut tout simplement s’assurer que le Canada ait les travailleurs dont il a besoin, et qu’ils soient bon marché et obéissants. »
La défense n’a pas impressionné le jury. À la fin du procès, le jury a proclamé que « le consulat du Mexique doit assumer la responsabilité de mettre fin à l’exclusion des travailleurs temporaires venant du Mexique et que les représentants du Mexique doivent être traduits en justice. » La proclamation a été par la suite remise en mains propres au bureau du consulat par Jim Sinclair, président de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique, et Raúl Gatica et Gil Aguilar de l’Alliance des travailleurs agricoles (ATA).
Quant au dénouement des audiences réelles de la CRTCB, le Mexique a temporairement bloqué la procédure à la commission des relations de travail. Lors des audiences tenues par la CRTCB plus tôt ce printemps, le Mexique a fait valoir que les allégations qui pèsent contre lui ne peuvent faire l’objet de jugement parce qu’il a revendiqué l’immunité absolue. Les audiences de la CRTCB sur les accusations pour pratiques d’exclusion ont été mises en suspens en attendant que la Cour suprême de la Colombie-Britannique se prononce sur la question de la souveraineté. La Cour suprême de la C.-B. entamera les audiences sur la revendication de l’immunité absolue par le Mexique le 28 mai.