Les employé(e)s d’Air Canada manifestent leur frustration face au déni de leurs droits fondamentaux de la personne
« Le Projet de loi C-33 n’est pas seulement une mauvaise politique du travail comme le montre le débrayage à Air Canada. C’est aussi un affront à la Charte canadienne des droits et libertés et aux obligations du Canada au regard de la loi internationale. »
Le débrayage de plusieurs équipes de mécaniciens et d’employés au sol d’Air Canada survenu dans tout le pays jeudi et vendredi derniers était clairement une manifestation des sentiments de frustration qu’éprouvent ces travailleuses et travailleurs face au déni de leur droit fondamental de négocier collectivement et de recourir à des moyens de pression, selon la Canadian Foundation for Labour Rights, ou CFLR (fondation canadienne pour les droits au travail).
Le débrayage s’est déclenché quand trois bagagistes ont été suspendus pendant 72 heures pour avoir accueilli par des applaudissements sarcastiques la ministre fédérale du Travail Lisa Raitt à son arrivée à l’aéroport international Pearson de Toronto au cours de la nuit, jeudi dernier.
Mme Raitt est l’auteure du Projet de loi C-33 du gouvernement Harper qui a été adopté plus tôt ce mois-ci. La loi a mis fin à la négociation collective entre Air Canada et ses 8 200 employé(e)s membres du personnel technique, d’entretien et de soutien opérationnel qui sont représentés par l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), et les 3 000 pilotes de la ligne aérienne qui sont représentés par l’Association des pilotes d’Air Canada. Elle a soumis les deux conflits à un processus d’arbitrage entaché de partialité en faveur de l’employeur et a empêché les deux syndicats de prendre des mesures de grève.
« Le Projet de loi C-33 est une mauvaise loi du travail purement et simplement, et comme toutes les mauvaises lois du travail elle crée de mauvaises relations de travail », souligne Paul Champ, membre du conseil d’administration de la CFLR et avocat spécialisé en droits de la personne basé à Ottawa. « Le fait d’imposer par voie législative la fin de la négociation collective et de possibles mesures de grève au lieu de laisser le processus suivre son cours crée un environnement de travail instable et ne résout pas les problèmes qui ne peuvent être résolus que par la négociation. »
Le conflit s’est détérioré jeudi soir et vendredi matin quand d’autres bagagistes et employés de piste des aéroports de Montréal, de Québec et de Vancouver ont débrayé pour appuyer leurs collègues de Toronto. Ils sont retournés au travail plus tard vendredi quand le Conseil canadien des relations du travail (CCRT) a accordé à Air Canada une injonction ordonnant la fin du conflit. Air Canada a annulé ou retardé beaucoup de vols dans tout le pays en raison du conflit.
« Le Projet de loi C-33 est une autre tentative cynique du gouvernement Harper pour brimer les droits de négociation collective des travailleuses et des travailleurs du Canada », de dire Wayne Hanley, membre du conseil d’administration de la CFLR et président national du plus grand syndicat du secteur privé du pays, les TUAC Canada. « L’attaque irrationnelle du gouvernement Harper contre le principe universel reconnaissant les droits syndicaux comme des droits de la personne porte atteinte aux niveaux de vie que les familles ouvrières ont durement gagnés, et cela crée un environnement combattif et improductif dans beaucoup d’industries clés du pays. »
« Le débrayage à Air Canada devrait reconfirmer aux Canadiennes et Canadiens qu’il nous faut à Ottawa une administration qui a la volonté de respecter les droits universels et d’établir des relations productives avec les travailleuses et travailleurs et leur syndicat. Le Projet de loi C-33 est un autre exemple qui illustre comment les conservateurs mènent le Canada et ses collectivités dans la mauvaise direction », ajoute le confrère Hanley.
CFLR :
La Fondation canadienne pour les droits au travail (CFLR) est un organisme national engagé dans la promotion des droits syndicaux comme un important atout pour le renforcement de la démocratie, de l’égalité et de la justice économique ici au Canada et sur la scène internationale.