Le stress dû au froid

Qu’est-ce que le stress dû au froid?

Comment l’organisme contrôle-t-il la température?

Quels sont les effets sur la santé?

Qu’est-ce que le refroidissement éolien?

De quelle loi disposons-nous?

Comment prévient-on le stress dû au froid?


Le stress dû au froid : un effet paralysant

L’hiver est peut-être à nos portes, mais le stress dû au froid peut survenir à tout moment de l’année. La plupart des gens associent les blessures liées à cette forme de stress comme les gelures ou l’hypothermie à des températures glaciales ou des conditions météorologiques proches du blizzard. Cependant, l’hypothermie survient le plus souvent au printemps ou en automne, plutôt qu’en hiver. En fait, la plupart des cas de stress dû au froid sont observés lorsque la température de l’air se situe entre -1°C (30°F) et 10°C (50°F).

Pour une bonne partie de l’année, nombre de travailleurs canadiens sont exposés à des environnements de travail très froids où ils risquent de subir des blessures graves et même mortelles. Parmi ces travailleurs on retrouve nombre de personnes qui travaillent en plein air au cours des mois d’hiver comme les travailleurs de la construction, les pompiers, les agents de police qui assurent la circulation, les travailleurs forestiers, les employés des postes et des services publics, etc. D’autres travaillent à l’intérieur, dans des environnements artificiellement réfrigérés à l’année longue comme les travailleurs des usines de transformation des viandes, des abattoirs, des usines de transformation des aliments, et des laiteries. Les personnes travaillant dans le secteur de la vente au détail et dans les entrepôts où les portes sont gardées ouvertes en hiver sont également exposées à l’air froid et humide.

Qu’est-ce que le stress dû au froid?

Le stress, ou la réaction de stress est un moyen par lequel nous nous adaptons à notre environnement. Le stress dû au froid est une réaction physiologique aux conditions de froid présentes dans le lieu de travail.

L’exposition à un niveau de froid trop élevé est une menace directe pour l’organisme. Le stress dû au froid peut causer des fatigues corporelles ou mentales. Il convient de noter que chaque personne réagira différemment au stress. Ces réactions sont parfois visibles ou intenses et se traduisent parfois par des problèmes de santé qui se manifestent au fil des ans. 

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Comment l’organisme contrôle-t-il la température?

Des échanges de chaleur se font constamment entre le corps et l’environnement externe. Ces échanges se réalisent par la conduction, la convection, l’évaporation, la radiation et la respiration. Le taux d’échange varie en fonction de la différence qui existe entre les deux températures.

Pour que le système humain fonctionne normalement, il requiert une température corporelle centrale constante de 37°C (98,6°F). Nous sommes plus à l’aise lorsque la température de l’air ambiant se situe entre 18°C et 22°C et que l’humidité relative de l’air oscille autour de 45 %. Cette fourchette n’est ni trop chaude ni trop froide.

Lorsque les températures ambiantes baissent au-dessous de 18°C, il y a perte de chaleur corporelle.  Pour maintenir l’équilibre, le corps s’adapte en cherchant à conserver la chaleur par la réduction du débit sanguin cutané notamment au niveau de oreilles, du nez, des doigts et des orteils, ou en augmentant la production de la chaleur par des mouvements musculaires involontaires comme les frissons.

La perte de chaleur la plus dangereuse et la plus rapide survient lorsque les vêtements sont mouillés, le vent est fort, les surfaces ambiantes sont froides, ou lorsque le corps est immergé dans l’eau froide. En fait, le corps peut perdre de 25 à 30 fois plus de chaleur lorsqu’il est en contact avec des objets froids et mouillés, en comparaison de conditions sèches ou de la protection assurée par des vêtements secs.

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Quels sont les effets sur la santé?

Le stress dû au froid a pour effet principal de refroidir les tissus. Le degré de refroidissement des tissus dépend du degré de froid, de la durée de l’exposition, et de l’hydratation des tissus. Diverses études sur les effets du froid sur les travailleurs révèlent que le stress dû au froid est un danger pour la sécurité. Il nuit à l’exécution de tâches manuelles et de tâches mentales complexes. D’autre part, la sensibilité et la dextérité des doigts baissent dans un environnement froid. À des températures encore plus basses, le froid agit sur les muscles plus profonds, ce qui a pour effet de diminuer la force musculaire et de provoquer une raideur articulaire. Pour toutes ces raisons, des accidents risquent davantage de se produire dans un environnement très froid.

Les travailleurs exposés à des environnements froids risquent de subir des lésions dues au froid sans congélation des tissus dans certaines parties du corps, soit des gelures superficielles, des engelures, le pied des tranchées et le pied d’immersion.

Gelures

Les gelures se classent en deuxième position parmi les lésions les plus graves causées par l’exposition au froid extrême ou le contact avec des objets extrêmement froids. Les gelures surviennent lorsque la température des tissus chute au-dessous du point de congélation. Les vaisseaux sanguins peuvent être endommagés gravement ou de façon permanente et la circulation sanguine peut être interrompue dans la région atteinte. Les parties du corps les plus souvent atteintes sont le visage, les oreilles, les doigts et les orteils. Atteinte de gelures, la peau blanchit et peut sembler dure.

Hypothermie

L’hypothermie, la lésion au froid la plus grave, se caractérise par une chute de la température corporelle centrale à un niveau qui entrave les fonctions mentales et musculaires courantes. Il y a hypothermie lorsque la chaleur produite par l’organisme n’est pas suffisante pour compenser la perte de chaleur. Des frissons intenses apparaissent quand la température corporelle chute à 35°C (95°F). Les basses températures corporelles présentent les signes et symptômes suivants :  

L’hypothermie peut survenir dans des climats relativement doux ou particulièrement frais-humides même lorsqu’on effectue un travail physiquement dur. L’hypothermie est également la cause la plus fréquente de décès suite à une immersion dans l’eau.

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Qu’est-ce que le refroidissement éolien?

 Le refroidissement éolien est un facteur important dans l’évaluation des expositions des travailleurs. Quelle que soit la température, la sensation de froid augmente avec la vitesse du vent. C’est cette sensation de froid qu’on appelle refroidissement éolien, soit l’effet combiné de la température de l’air et du vent. Exprimé en « température froide équivalente », le refroidissement éolien se définit comme une perte de chaleur résultant des effets de la température de l’air (mesurée à l’aide d’un thermomètre en °C) et du vecteur vent (mesuré à l’aide d’un anémomètre en km/h) sur la peau exposée. Il s’agit essentiellement de la température de l’air (par une journée calme) qui produirait sur la chair exposée un effet de refroidissement correspondant à celui de la combinaison de la température de l’air et de la vitesse du vent.

Environnement Canada a récemment mis au point un système nouveau et facile à comprendre pour calculer le refroidissement éolien. La nouvelle formule de refroidissement éolien exprimée en indice correspondant à celui de la température (sans le signe des degrés) donne une idée plus précise de la sensation de froid qu’on ressent réellement à l’extérieur de sorte qu’on prenne les précautions nécessaires comme le port de vêtements protecteurs appropriés. Par exemple, si la température extérieure est de -10°C et que le refroidissement éolien est de -20°C, cela signifie que la sensation de froid que vous aurez au visage sera équivalente à celle que vous éprouveriez par une journée calme lorsque la température est de -20°C.

Plus la vitesse du vent est élevée, plus la température sera basse dans l’environnement de travail, et plus élevés seront le risque d’effets nuisibles pour la santé et le besoin de vêtements protecteurs isolants.

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De quelle loi disposons-nous?

Malheureusement, les lois canadiennes sur la santé et la sécurité au travail sont en grande partie silencieuses pour ce qui concerne le travail dans des conditions de froid. Elles renferment cependant une clause de devoir général qui oblige les employeurs à « prendre toutes les précautions raisonnables pour protéger la santé et la sécurité du travailleur ». Ce qui inclurait le travail dans des environnements froids à l’intérieur ou en plein air.

Le ministère du Travail de la Saskatchewan a établi des temps de réchauffement pour les travailleurs de plein air. Ces lignes directrices ont été adoptées par l’American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH) comme valeurs limites d’exposition pour les personnes qui travaillent en plein air.

Ces consignes recommandent des vêtements protecteurs et limitent les temps d’exposition des travailleurs. Les temps d’exposition recommandés sont fondés sur le facteur de refroidissement éolien. La formule de refroidissement éolien d’Environnement Canada est la plus exacte au monde pour le calcul du refroidissement éolien. Pour plus de détails ou pour utiliser la calculatrice du refroidissement éolien du Ministère, visitez le site Web de ce dernier à l’adresse suivante : www.ec.gc.ca.

L’horaire de réchauffement s’applique pour toute période de travail de quatre heures où le travail est modéré ou intense. Les temps de réchauffement sont de 10 minutes dans un endroit chaud, une longue pause (p. ex. : le repas du midi) étant prévue à la fin de la période de travail de quatre heures dans un lieu chaud.

Pour un travail léger ou modéré (où les mouvements physiques sont limités), l’horaire est réduit d’une étape. D’autre part, les valeurs limites d’exposition ne s’appliquent qu’aux travailleurs portant des vêtements secs.

Ces lignes directrices prennent pour acquis que chaque personne est en pleine forme physique. Elles ne tiennent pas compte du fait que chaque personne réagit différemment à un facteur de stress tel que le froid.


TABLEAU 3, valeurs limites d’exposition travail / réchauffement pour un quart de travail de quatre heures

Température de l’air par ciel ensoleillé

Aucun vent perceptible

Vent de 8 km/h

 (5 mi/h)

Vent de 16 km/h (10 mi/h)

Vent de 24 km/m (15 mi/h)

Vent de 32 km/h

(20 mi/h)

°C (approx.)

°F (approx.)

Période maximale de travail

Nombre de pauses

Période maximale de travail

Nombre de pauses

Période maximale de travail

Nombre de pauses

Période maximale de travail

Nombre de pauses

Période maximale de travail

Nombre de pauses

 -26° à -28°

 -15° à -19°

(Pauses normales) 1

(Pauses normales) 1

75 min.

2

55 min.

3

40 min.

4

 -29° à -31°

 -20° à -24°

(Pauses normales) 1

75 min.

2

55 min.

3

40 min.

4

30 min.

5

 -32° à -34°

 -25° à -29°

75 min.

2

55 min.

3

40 min.

4

30 min.

5

L’employé doit cesser de travailler à moins qu’il ne s’agisse d’une urgence

 -35° à -37°

 -30° à -34°

55 min.

3

40 min.

4

30 min.

5

L’employé doit cesser de travailler à moins qu’il ne s’agisse d’une urgence

 -38° à  -39°

 -35° à -39°

40 min.

4

30 min.

5

L’employé doit cesser de travailler à moins qu’il ne s’agisse d’une urgence

 -40° à -42°

 -40° à -44°

30 min.

5

L’employé doit cesser de travailler à moins qu’il ne s’agisse d’une urgence

  -43° et moins

 -45° et moins

L’employé doit cesser de travailler à moins qu’il ne s’agisse d’une urgence

Adapté d'après le livret « Threshold Limit Values (TLV) and Biological Exposures Indices (BEI) » publié par l'ACGIH en 2002 (page 164)

 

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Comment prévient-on le stress dû au froid?

La meilleure façon de prévenir le stress dû au froid est d’éviter dans toute la mesure du possible de travailler dans des environnements froids et humides et d’avoir un contact direct avec des objets extrêmement froids. Cependant, pour beaucoup de travailleurs, ces conditions sont inévitables. Dans ces situations, les représentants des lieux de travail peuvent commencer par mettre en œuvre les régimes des valeurs limites d’exposition travail/réchauffement de l’ACGIH et l’indice de refroidissement éolien d’Environnement Canada.

Les personnes qui travaillent constamment sous des températures au-dessous du point de congélation doivent avoir à leur disposition des abris chauffés comme des tentes, des cabines, et des toilettes. Le rythme de travail ne doit pas être intense au point de causer une transpiration excessive. S’il s’avère nécessaire de travailler dans ces conditions, il faut prévoir des périodes de repos appropriées dans un endroit chaud. D’autre part, il faut accorder aux travailleurs le temps nécessaire pour changer leurs vêtements lorsqu’ils sont mouillés. Il faut accorder aux nouveaux travailleurs suffisamment de temps pour s’adapter au froid et aux vêtements protecteurs avant d’assumer une pleine charge de travail.  

Le risque de lésion due au froid peut être réduit par des équipements bien conçus, des vêtements protecteurs, la formation, et des pratiques de travail sécuritaires.

Conception de l’équipement

Les poignées et les barres métalliques des équipements devraient être recouvertes de matériau thermal isolant lorsqu’on les utilise pour les travaux qui sont effectués sous des températures inférieures au point de congélation. En outre, les machines et les outils devraient être conçus de sorte qu’on puisse les manœuvrer facilement sans devoir enlever les mitaines.

Vêtements protecteurs

Les vêtements protecteurs devraient être choisis en tenant compte des facteurs tels le froid, le type d’emploi et le niveau d’activité physique. On devrait encourager les travailleurs à prendre les précautions suivantes :  

Formation

Avant de travailler dans un environnement de froid extrême, les travailleurs devraient recevoir des instructions en ce qui a trait aux aspects suivants :

Pratiques de travail sécuritaires

Afin de prévenir les risques de lésions dues au froid, les précautions suivantes doivent être prises :

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NOTE DE LA RÉDACTION :

Nous tenons à remercier le Centre de santé et sécurité des travailleurs et travailleuses de l’Ontario pour cette publication