D’après le plus grand syndicat de travailleuses et travailleurs de l’alimentation au Canada, l’annonce de Jason Kenney et Chris Alexander relativement au Programme des travailleurs étrangers temporaires, que l’on qualifie de déficient, est insuffisante

Selon l’organisation syndicale qui compte le plus de travailleurs étrangers temporaires au Canada parmi l’effectif de ses membres, le Programme des travailleurs étrangers temporaires fonctionne mal et l’annonce qui a été faite vendredi n’est qu’un autre réflexe caractéristique des conservateurs de Stephen Harper qu’on ne pourrait considérer comme une véritable solution.

Ottawa – 20 juin 2014 – En voyant que le gouvernement de Stephen Harper n’a guère la volonté d’agir en vue de régler les problèmes que comporte le Programme des travailleurs étrangers temporaires tel qu’il est actuellement, le plus grand syndicat de travailleuses et travailleurs de l’alimentation au Canada éprouve une déception qui l’amène à lancer un défi au ministre de l’Emploi et du Développement social, Jason Kenney, et au ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander. En effet, les TUAC Canada leur conseilleraient vivement d’aller observer comment on s’y prend pour assurer l’équilibre entre la satisfaction des besoins légitimes des employeurs d’une part et, d’autre part, la réalisation des rêves des travailleuses immigrantes et travailleurs immigrants ainsi que la satisfaction des besoins du pays dans le secteur de la préparation et de la transformation de la viande, dont la majeure partie de la main-d’œuvre est syndiquée.

« Le système du Programme des travailleurs étrangers temporaires ne fonctionne pas. Or, à en juger par ce que le ministre Jason Kenney vient de se contenter d’annoncer, il est évident, une fois de plus, que le gouvernement de Stephen Harper refuse d’agir de façon tangible quant à une question qui est d’une importance tout à fait capitale pour l’avenir du Canada », explique Paul Meinema, qui est le président national du syndicat des Travailleurs et Travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (TUAC Canada). (C’est une organisation syndicale qui représente plus d’un quart de million de travailleuses et travailleurs au pays, dont plus de 40 000 dans le secteur de la transformation des aliments du Canada. Actuellement, dans ce dernier, les travailleurs étrangers temporaires assumeraient un rôle indispensable.)

Le président national des TUAC Canada ajoute : « Ce que ces ministres nous ont communiqué aujourd’hui ne change absolument rien à la situation dans la mesure où le système actuel donne toujours à des employeurs n’ayant aucun sens des responsabilités la possibilité d’exploiter des travailleuses et des travailleurs en toute impunité. Si ce n’est que maintenant que les conservateurs de monsieur Harper reconnaissent que le programme tel qu’il est actuellement comporte un certain nombre de problèmes, c’est qu’on a pris quelques-uns de ces employeurs la main dans le sac. Les employeurs en question avaient abusé du programme en embauchant des travailleurs étrangers temporaires dans le domaine des services alors que, de toute évidence, leur présence n’y était pas nécessaire. Dans ces conditions, les Canadiennes et les Canadiens avaient parfaitement raison d’être scandalisés. L’ennui, c’est que le Programme des travailleurs étrangers temporaires n’est pas conçu pour qu’on fasse la distinction entre les employeurs qui en abusent et ceux qui connaissent réellement un problème de pénurie de main-d’œuvre. Évidemment, on ne serait guère porté à faire respecter des règles qui n’existent même pas.

« Cela dit, la population du Canada devrait aussi éprouver des inquiétudes en sachant que, malgré ce qu’on vient d’annoncer, le programme a encore pour effet de maintenir des travailleuses et des travailleurs dans un cercle de précarité infernal. Il faut justement que les gens du pays se soucient particulièrement du sort de ces personnes qui, en ce moment, ne peuvent qu’espérer pour ainsi dire vainement qu’elles finiront par se voir accorder un jour le statut de la résidence permanente, voire la citoyenneté canadienne.

« Comme les Canadiennes et les Canadiens l’ont déjà répété mille fois, il est nécessaire que l’État comprenne que c’est du succès de ce programme que dépendra la vitalité des secteurs d’activité économique, des villes et des régions du pays tout entier au cours des prochaines décennies et que, précisément afin d’assurer cette réussite, il faut qu’on le modernise en tenant véritablement compte de la tradition canadienne de l’immigration, sur laquelle la croissance du pays se fonde depuis toujours aux points de vue démographique et économique. »

Bien que les TUAC Canada représentent plus de travailleurs étrangers temporaires (ou travailleurs migrants) que toute autre organisation syndicale dans le pays, l’État ne les consulte jamais en ce qui concerne des modifications qu’on pourrait ou devrait apporter au Programme des travailleurs étrangers temporaires dans le but de l’améliorer.

Pourtant, il y a des sections locales de ce syndicat qui, en veillant à ce que leurs conventions collectives comportent des dispositions qui ont pour effet de protéger ces travailleuses et ces travailleurs, ont agi en collaboration avec des employeurs dont le personnel était effectivement syndiqué afin que ce programme devienne de facto une voie d’immigration tandis que, à titre officiel, ce n’est en pas une.

Depuis de nombreuses années, grâce aux contrats collectifs de travail que l’organisation syndicale a conclus par voie de négociations avec des sociétés dont le personnel est syndiqué telles que Cargill, HyLife Foods, Maple Leaf et Olymel, des centaines de travailleurs étrangers temporaires ont bel et bien la possibilité de mener une nouvelle vie au Canada et, donc, de contribuer de façon durable à la vigueur économique de l’endroit où ils vivent dans ce pays.

« Sans le syndicat ni le programme des candidats des provinces qu’on a établi au Manitoba, je ne serais pas résident permanent à l’heure qu’il est », affirme Tao (Chris) Yu, membre de la section locale 832 des TUAC Canada qui travaille à l’usine de transformation du porc de Maple Leaf à Brandon, au Manitoba.

Depuis que monsieur Yu a obtenu le statut de résident permanent par l’intermédiaire de sa convention collective, son épouse l’a rejoint au Canada. Ainsi, cette dernière et lui ont pu fonder une famille au Manitoba puisque c’est dans ce pays que leur fils est né.

Tao Yu dit encore : « Actuellement, je suis propriétaire de la maison dans laquelle j’habite, à Brandon. Ma famille et moi travaillons fort, nous payons des impôts et des taxes et c’est avec fierté que nous considérons le Canada comme notre pays. »

Pour sa part, le président national des TUAC Canada, Paul Meinema, déclare : « L’annonce d’aujourd’hui ressemble beaucoup aux fausses réformes que le gouvernement fédéral a effectuées après les petits scandales qui ont éclaté chez HD Mining et la Banque Royale en ce sens qu’on ne précise nulle part quelle sera l’ampleur des mesures qu’on prendra ni quels sont les ministères et les agences de l’État qui veilleront au respect des nouvelles règles. Or, auparavant, le gouvernement avait déjà admis qu’il n’était en rien à même de faire respecter d’une manière fiable le règlement du Programme des travailleurs étrangers temporaires.

« Sur ce point, l’État n’a pas de stratégie à long terme. Autrement dit, ce qu’il vient de proposer fait figure de cataplasme sur une jambe de bois. Au Canada, au lieu d’un programme de travailleurs migrants rigide, c’est un système d’immigration solide qu’il faut afin de remédier à la vraie pénurie de main-d’œuvre. »

Les TUAC Canada constituent l’organisation syndicale la plus importante et la plus progressiste du pays puisqu’ils y représentent plus d’un quart de million de travailleuses et travailleurs dans le domaine de l’alimentation et dans celui du commerce de détail. De plus, au Canada, c’est ce syndicat qui se montre plus novateur que toutes les autres organisations quand il est question de s’efforcer de veiller à ce que la justice finisse par triompher dans les lieux de travail comme dans la société en général. Pour en savoir plus long sur cette organisation syndicale et sur son œuvre révolutionnaire, il suffira d’en visiter le site Web