Les conservateurs se font encore prendre à mentir

Ottawa, 11 mars 2014 – Au cours de la dernière semaine, la troupe des conservateurs de Stephen Harper a eu de gros ennuis en tentant de justifier les modifications qu’elle propose d’apporter à la Loi électorale du Canada suivant le projet de loi C-23, dont le titre, qui vise tout simplement à tromper, est Loi sur l’intégrité des élections.

Actuellement, dans tout le pays, il y a de plus en plus de gens qui voient quels sont les véritables buts que Stephen Harper et ses bons amis recherchent en essayant de faire adopter ce projet de loi : empêcher certaines électrices et certains électeurs de voter, bâillonner Élections Canada et manipuler le processus électoral de façon à favoriser les conservateurs au moment des prochaines élections.

Depuis plusieurs semaines, les propagandistes de monsieur Harper cherchent à convaincre les Canadiennes et les Canadiens que la fraude électorale est monnaie courante et que c’est grâce aux modifications qu’ils désirent apporter à la Loi électorale du Canada, c’est-à-dire l’abolition de la pratique qui consiste à présenter la carte d’information de l’électrice ou de l’électeur et celle de la faculté de répondre d’une autre électrice ou d’un autre électeur lors du vote, qu’on réglera ce problème. Le député conservateur à la Chambre des communes Brad Butt, qui fait partie du comité chargé d’étudier le projet de loi, a concocté de toutes pièces une fable selon laquelle il aurait vu de ses propres yeux des gens s’emparer d’un certain nombre de copies de cette carte d’information en allant les chercher dans des bacs de recyclage afin de commettre une fraude. Monsieur Butt allait ensuite être obligé de se rétracter sur ce point, mais, même si la façon dont il venait d’agir ressemblait à une atteinte au privilège parlementaire, les autres député(e)s qui sont sous les ordres de Stephen Harper ont rejeté une motion consistant à demander à un comité parlementaire d’enquêter sur ses allégations mensongères. 

Le ministre de la Réforme démocratique, Pierre Poilièvre, qui n’est qu’un pantin de monsieur Harper, tente toujours d’étayer les affirmations qu’il formule pour faire croire que la fraude électorale est très fréquente en déformant le contenu d’un rapport que l’examinateur Harry Neufeld a déposé. En effet, c’est à ce dernier, qui avait été le directeur général des élections de la Colombie-Britannique, qu’Élections Canada a donné mission d’examiner les événements des élections fédérales de 2011 pour savoir si l’on avait respecté les règles relatives à l’exercice du droit de vote à la suite de la contestation des résultats de l’élection dans la circonscription torontoise d’Etobicoke-Centre. Dans les conclusions de ce document, monsieur Neufeld écrivait qu’on avait fait de graves erreurs d’ordre administratif, mais il ne laissait aucunement entendre que des personnes n’ayant pas le droit de voter dans une circonscription donnée ou une autre avait cherché à le faire illégalement. Pour sa part, en rendant la décision en vertu de laquelle elle statuait sur la cause ayant pour objet l’élection du député fédéral d’Etobicoke-Centre, la Cour suprême du Canada a justement déclaré que rien ne prouvait qu’on eût commis ou tenté de commettre une fraude électorale. Tout récemment, à mots couverts, Harry Neufeld a même accusé monsieur Poilièvre de ne pas s’être donné la peine de lire son rapport au complet.  

Or, jusqu’ici, ni l’épreuve des faits ni la démarche scientifique n’ont jamais arrêté la bande à Stephen Harper. Comme on peut le constater, par exemple, en prenant connaissance des inventions du député Butt et de la tentative de déformation de la réalité à laquelle se livre le ministre Poilièvre, les seuls arguments dont disposent les conservateurs pour justifier la nécessité des modifications pernicieuses qu’ils veulent apporter au processus électoral tiennent du mensonge et de la manipulation de la vérité. En réalité, on aurait tout à fait tort de croire que la fraude électorale représente une menace réelle et le gouvernement actuel agit de manière parfaitement insensée en proposant des modifications controversées pour dissiper une crainte qui ne serait que le fruit de l’imagination.

Il y a des milliers d’électrices et d’électeurs en règle (notamment des gens parmi les groupes de l’électorat ayant généralement le plus besoin de la carte d’information de l’électrice ou de l’électeur ou de la présence d’une autre électrice ou d’un autre électeur quand ils désirent voter, soit les personnes âgées, les autochtones et les jeunes) qui risquent de ne plus pouvoir exercer leur droit de vote à cause du projet de loi C-23, ce qui, si on l’adopte effectivement, fera encore diminuer le taux de participation au scrutin. S’il y a bel et bien un problème, ce n’est pas dans le nombre de gens votant plusieurs fois qu’il réside, mais, précisément, dans la faible participation électorale.