La voie de la pauvreté en Ontario selon Tim Hudak

Toronto, 8 mai 2013 – Une fois de plus, les conservateurs ontariens de Tim Hudak s’y remettent en déposant une autre série de projets de loi agressifs qui ne feraient que saper à nouveau la justice, les droits et le niveau de vie dont devraient pouvoir jouir 99 % des gens vivant dans la province.  

En effet, c’est le 1er mai dernier que les conservateurs dirigés par M. Hudak ont présenté trois projets de loi d’intérêt public qui, si on les adopte, affaibliront le pouvoir que les travailleuses et les travailleurs possèdent collectivement et la capacité des syndicats à négocier avec succès en vue de faire en sorte que les conditions de travail s’améliorent et que la vie en société s’assainisse et repose sur des fondations renforcées.

Il s’agit là de la dernière démarche brutale de Tim Hudak et celle-ci est au centre du programme des conservateurs de l’Ontario qui a pour titre La voie de la prospérité (en anglais, Paths to prosperity). Ce dernier s’appuie sur les idées insensées de Mike Harris, le mentor de l’actuel chef du parti, et ne fera qu’entraîner un accroissement de l’écart énorme qu’il y a déjà entre les personnes qui sont extrêmement riches et les autres.

On suggère à celles et à ceux qui veulent empêcher l’adoption de ces projets de loi agressifs et mettre un frein à la voie de la pauvreté selon Tim Hudak de se faire entendre. Pour ce faire, il faut impérativement qu’ils écrivent à la première ministre Kathleen Wynne sans délai.

Afin d’en savoir plus long sur les projets de loi en question et sur ce en quoi ils nuiraient à la capacité de négocier dans le but d’améliorer la situation au point de vue de l’équité sociale, on aura intérêt à lire ce qui suit ci-dessous.

Selon ce que le projet de loi 62 stipule, même si un syndicat a déposé une demande auprès de la Commission des relations de travail de l’Ontario (CRTO) afin qu’on le reconnaisse comme l’agent officiel d’un groupe de travailleuses et de travailleurs ou d’employées et d’employés dans le processus des négociations et même si l’employeur le reconnaît effectivement comme tel, la CRTO n’aura plus la faculté d’accorder automatiquement l’accréditation syndicale à cette organisation et elle sera tenue de procéder au vote sur la question. Non seulement cette loi ferait perdre du temps aux travailleuses et aux travailleurs, à leurs syndicats,  à leurs employeurs et à la CRTO, mais, également, elle serait inutilement coûteuse pour les contribuables dans la mesure où elle obligerait la CRTO à consacrer des ressources financières à la tenue d’un vote dont ni la partie patronale ni le syndicat ne voudraient.

De même, en présentant le projet de loi 63, M. Hudak et son critique en matière de relations de travail, Randy Hillier, cherchent à affaiblir la CRTO en enlevant à celle-ci la capacité de décider de ses règles et de l’aspect que prennent ses procédures pour la donner au gouvernement, qui, naturellement, peut changer d’une élection à l’autre.

Quant au projet de loi 64, il y est pour ainsi dire question d’idées qu’on a carrément empruntées au grand patron du gouvernement fédéral, c’est-à-dire Stephen Harper. En effet, à l’instar de la loi C-377, que ce dernier a fait adopter, ce projet de loi aurait pour conséquence d’obliger les syndicats à remettre à la ministre ou au ministre du Travail un relevé financier faisant état de toute dépense d’au moins 5 000 $. Pourtant, lors des réunions et quand leurs membres leur en font la demande, les syndicats leur donnent déjà les renseignements de nature financière qu’ils désirent obtenir. Or, en divulguant les débours qu’il fait pour bénéficier des services d’une société d’avocates et d’avocats dans une affaire litigieuse qui concerne un certain nombre ou, selon le cas, l’ensemble de ses membres, un syndicat subirait les effets de la violation du secret professionnel.  

Qui plus est, si on l’adoptait, le projet de loi 64 donnerait aux travailleuses et aux travailleurs la possibilité de se soustraire à l’obligation de payer la cotisation syndicale dans un milieu de travail dont le personnel est syndiqué. Selon ce que prétend M. Hillier, en faisant ce choix, on cesserait de faire partie du groupe qui relève de la convention collective de travail et, ainsi, il serait certain qu’on ne bénéficierait plus des avantages du contrat de travail sans avoir payé pour les mériter. Cependant, le libellé du projet de loi tel qu’on vient de le déposer donnerait tout à fait libre cours à l’interprétation. Par exemple, si un taux de rémunération donné, qu’un syndicat aurait obtenu à l’intention de ses membres par voie de négociation collective, devenait la norme dans le milieu de travail, les travailleuses et les travailleurs qui se seraient affranchis du devoir de verser la cotisation syndicale recevraient-ils néanmoins le même salaire que les autres? Si, en revanche, on mettait en place un système à deux échelles de rémunération, dans lequel le personnel non syndiqué toucherait un salaire réduit, y aurait-il une pression à la baisse de la rémunération des travailleuses et des travailleurs syndiqués, qui, donc, se verraient imposer une diminution de leur salaire de peur de perdre leur emploi?

Au projet de loi 64, MM. Hudak et Hillier donnent le nom de Loi sur la défense des droits des employés, mais ce n’est vraiment pas ainsi qu’il faudrait l’appeler. Si l’on voulait réellement trouver une manière appropriée de le désigner, on parlerait plutôt de « la loi qui prive les employés de leurs droits » : cette loi n’améliorerait en rien la situation des travailleuses et des travailleurs en ce qui concerne leurs droits puisqu’elle aurait pour effet de miner la sécurité que connaissent les personnes travaillant dans un milieu dont le personnel est syndiqué.

À cause des conséquences conjuguées des trois projets de loi, le fossé des revenus entre les gens de l’Ontario se creuserait et l’équilibre des relations de travail serait rompu dans la province. Ces projets de loi sont parfaitement inutiles et leur existence ne fait que rappeler les raisons pour lesquelles il faut absolument que les travailleuses et les travailleurs de l’Ontario empêchent « le Tea Party à la Tim » ou les progressistes-conservateurs de former le gouvernement un jour.