Blogue politique : après la COVID-19, l’antiracisme doit être au cœur de la relance

Toronto, 7 novembre 2020 – La pandémie de COVID-19 nuisant de façon démesurée aux salarié(e)s racialisés, on doit se pencher en priorité sur le racisme institutionnel qui est à l’origine de cette situation tout en relançant l’économie.

En mars, au Canada, des centaines d’entreprises ont fermé leurs portes, ce qui allait faire perdre leur emploi à des milliers de personnes, mais de nombreuses autres, chez lesquelles il y a bien des gens qui travaillent en première ligne, poursuivent toujours leurs activités même pendant la crise sanitaire. De fait, cette situation souligne à quel point la main-d’œuvre à prédominance féminine et en bonne partie racialisée est d’une importance capitale pour la santé publique (car c’est surtout grâce aux femmes, notamment celles qui sont racialisées ou issues de l’immigration, que s’est menée la lutte contre la pandémie). Il s’ensuit que la crise de la COVID-19 met en évidence les différentes injustices qui sont présentes au sein de la société et les rapports sous lesquels les crises peuvent avoir des effets disproportionnés pour les communautés noire, autochtone et racialisée du pays.

Au moment de l’élimination progressive de la Prestation canadienne d’urgence (PCU), le gouvernement fédéral a mis sur pied trois nouveaux programmes destinés à aider les Canadiennes et les Canadiens à faire face aux différentes situations dans lesquelles ils pouvaient se trouver à mesure qu’ils s’efforçaient de concilier leurs obligations professionnelles et celles qui leur incombaient en matière de soins au cours de la pandémie. Or, il faut que ces programmes deviennent des éléments permanents de l’économie du pays et que leur portée soit élargie de manière à aider les personnes jusqu’à présent négligées dans la réaction de l’État à la crise de la COVID-19.

En effet, on aurait ainsi l’occasion de réfléchir aux possibilités que la crise de la COVID-19 donne à celui-ci quand il s’agit d’établir un filet de sécurité sociale qui soit vraiment conçu pour venir parfaitement en aide à tous les groupes de la population du pays tout en examinant de près l’identité des gens dont il est tenu compte dans la conception et la mise en œuvre des programmes sociaux.

Dernièrement, les TUAC Canada ont participé à un forum convoqué par le Congrès du travail du Canada (CTC) et présidé par le Secrétariat de lutte contre le racisme du Canada. Le forum visait à obtenir du mouvement syndical des recommandations sur l’établissement d’un plan de relance satisfaisant aux besoins de toutes les communautés dont se compose la population du pays. Entre autres propositions présentées par les syndicats qui ont participé au forum, on compte la création d’un système universel de services de garde d’enfants et d’éducation destinée à la petite enfance, projet dont le Nouveau Parti démocratique (NPD) appuie l’idée. De plus, le mouvement syndical a pu profiter de cette occasion pour exprimer ses inquiétudes relativement aux difficultés que doivent surmonter les travailleuses et les travailleurs (c’est-à-dire, par exemple, les effets de la pandémie pour leur santé en général et les répercussions du virus et de la réaction de l’État pour la communauté noire et les autres communautés racialisées, lesquelles risquent plus que les autres d’être exposées à la COVID-19).

Les commentaires ont souligné que toute relance s’effectuant après la pandémie doit avoir pour but de bien voir à rectifier les iniquités sociales qui existent au Canada. On espère donc que le gouvernement fédéral tiendra compte des importantes interventions faites par le mouvement syndical au nom des travailleuses et travailleurs du pays. Par suite des discussions et des consultations qui ont ainsi eu lieu, on souhaite que ses recommandations soient mises en œuvre dans le cadre de la relance de l’économie consécutive à la crise de la COVID-19 et que des efforts faits en vue d’éliminer le racisme institutionnel soient au cœur de ce qui sera entrepris en ce sens.