Blogue politique : Les éloges de Doug Ford passent sous silence ses actions imprudentes

Toronto – 11 mai 2020 – Nombre de personnes, dans les médias et ailleurs, ont salué la réaction du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, à la pandémie de la COVID‑19. M. Ford a certainement éclipsé la plupart des autres premiers ministres conservateurs du Canada, principalement en étant moins belligérant qu’il l’a été pendant les dix-huit premiers mois de son mandat. Or, nous ne pouvons pas oublier les actions imprudentes de son gouvernement durant les mois précédant cette pandémie.

Depuis son élection en juin 2018, M. Ford a agi en intimidateur chaque fois qu’il a été interrogé sur ses actions. De plus, nombre de personnes dont il chante aujourd’hui les louanges pour être en première ligne dans la lutte contre la COVID‑19 ont été affectées négativement par la législation mise en place par son gouvernement.

L’un des premiers projets de loi adoptés par le gouvernement Ford, le projet de loi 47, a annulé les modifications des normes du travail introduites par le précédent gouvernement libéral. Le projet de loi 47 a gelé le salaire minimum à 14 $ l’heure, annulant ainsi l’augmentation prévue à 15 $ l’heure. Cette augmentation aurait bénéficié à plusieurs travailleurs et travailleuses que le gouvernement appelle, à juste titre, des héros. Ce projet de loi a également supprimé les deux modestes jours de congé de maladie payé et les huit jours de congé d’urgence non payé qui ont été introduits par le précédent gouvernement. En vertu du projet de loi 47, pour le même travail effectué, les travailleur(euse)s temporaires, occasionnel(le)s et à temps partiel n’ont plus droit au même salaire que leurs collègues à temps plein ou embauché(e)s directement par l’employeur. Cela nuit aux travailleur(euse)s du secteur des soins de longue durée (SLD), où le travail à temps partiel et occasionnel est courant.

Le projet de loi 47 a également annulé l’exigence selon laquelle les travailleur(euse)s doivent recevoir un minimum de 3 heures de salaire s’ils ou elles sont sur appel, mais n’obtiennent pas de quart de travail, ou s’il est annulé dans les 48 heures avant son commencement. De plus, les travailleur(euse)s ne peuvent plus refuser les demandes de dernière minute pour se présenter à un quart de travail non prévu. Les amendes pour la violation de la Loi sur les relations de travail ont été considérablement réduites, et les travailleur(euse)s en grève ou en lock-out par leur employeur pendant plus de 6 mois ne sont plus en droit de recouvrer leur emploi à la fin du conflit. Ce ne sont là que quelques-unes des attaques de M. Ford contre les travailleur(euse)s par le biais du projet de loi 47.

M. Ford a également présenté le projet de loi 124 qui limite les augmentations de salaire des travailleur(euse)s du secteur public à 1 %, un montant inférieur à l’inflation. En raison de l’augmentation du coût de la vie, cela équivaut à une baisse de salaire. De plus, le projet de loi 124 est une violation évidente du droit à la liberté d’association et de négociation collective accordé par la Charte des droits et libertés et constitue un autre exemple de législation qui porte préjudice aux travailleur(euse)s mêmes que le gouvernement Ford qualifie de héros.

Par ailleurs, c’est la négligence des problèmes du secteur des SLD qui révèle aujourd’hui où le gouvernement Ford a le plus manqué à ses engagements envers les Ontarien(ne)s. Sous le premier ministre conservateur Mike Harris, le passage à un système plus privatisé pour les SLD a été mis en route et s’est poursuivi sous les gouvernements libéraux suivants. La pandémie de la COVID‑19 a levé le voile sur les problèmes dans le secteur des SLD que les militant(e)s et les syndicats soulèvent depuis de nombreuses années. Près de la moitié des décès liés à la COVID‑19 en Ontario proviennent des établissements de SLD. Des services offerts à fins lucratives et le sous-financement provincial sont un mélange toxique qui a entraîné une réduction des budgets en première ligne. Selon le gouvernement, les foyers de SLD doivent faire l’objet d’une inspection annuelle appelée « Inspection de la qualité des services aux résidents ». Ces inspections sont effectuées à l’improviste afin de se faire une idée réelle des conditions dans le foyer. De 2015 à 2017, presque tous les foyers ont été inspectés, mais en 2018, l’année où le gouvernement Ford a été élu, ce nombre est tombé à un peu plus de la moitié des foyers. En 2019, seuls 9 foyers sur 626 ont été inspectés dans la province. La province affirme que plus de 2 300 inspections ont été effectuées, mais ces inspections ont été déclenchées par des plaintes, et les foyers ont été informés et ont eu le temps de s’y préparer.

Les travailleur(euse)s en première ligne dans le secteur des SLD ont longtemps lutté contre les bas salaires et le travail à temps partiel et occasionnel. Les établissements n’offraient que des heures de travail à temps partiel pour éviter de payer des avantages sociaux et obligeaient plusieurs employé(e)s à travailler dans plus d’un foyer à la fois afin de gagner un salaire semblable à un temps plein, mais toujours sans avantages sociaux.

Le refus du gouvernement de remédier à la situation du secteur des SLD avant la pandémie de la COVID‑19 dépend probablement de qui le gouvernement écoute au sujet des problèmes de ce secteur. L’ancien premier ministre de l’Ontario, Mike Harris, est le président du conseil d’administration de l’une des plus grandes chaînes de foyers à but lucratif de la province. Le groupe consultatif sur la dotation en personnel du secteur des SLD, créé par le gouvernement, comprend James Schlegal, PDG de Schlegal Villages, une autre chaîne de foyers à but lucratif. Depuis 2007, James Schlegal a versé plus de 72 000 $ en dons aux conservateurs. Cela inclut plus de 27 000 $ à l’actuelle ministre de la Santé, Christine Elliott. Toutefois, il n’y a pas de représentant(e)s syndicaux qui défendent les travailleur(euse)s de ce secteur au sein du groupe consultatif.

Avant de féliciter Doug Ford pour son excellent travail dans la gestion de la pandémie de la COVID‑19, rappelons-nous les ravages que son gouvernement a causés à l’Ontario avant cette crise sanitaire, et reconnaissons que bon nombre des problèmes liés au secteur des SLD auxquels nous sommes maintenant confrontés sont le résultat direct des actions imprudentes du gouvernement Ford.