Le rapport de l’ENFFADA : il est temps de passer à l’action

Toronto – 4 juin 2019 – Le besoin d’agir pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles autochtones est urgent, et cela est tragiquement le cas depuis des générations. La publication du rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) indique clairement que, sans un changement systémique au niveau des mentalités et sur les plans juridique et législatif, la discrimination, le racisme et la violence systémiques à l’encontre des femmes, des filles, des personnes LGBTQ et bispirituelles autochtones, que l’enquête assimile d’ailleurs à un génocide, vont continuer d’affliger des générations à venir.

L’engagement pris par le gouvernement fédéral qui promet d’étudier le rapport et de proposer un plan d’action national est une bonne décision, mais le temps des longues délibérations est passé. C’est le temps de passer à l’action. Et ce message ne pouvait être plus clair si l’on se fie aux dépositions des quelque 1 500 familles ayant témoigné à l’enquête qui a duré trois ans.

En tant que communauté de communautés, nous devons aller de l’avant ensemble, de bonne foi et en tenant compte de l’urgence de la situation et de l’engagement à long terme que la lutte nécessite. Les 231 appels à la justice contenus dans le rapport proposent un chemin qui nous permettra d’y parvenir. Ces appels dénoncent les facteurs qui conduisent à la violence tels le racisme systémique, le financement inéquitable des services sociaux et des services de santé et d’éducation, l’omniprésence des attitudes coloniales et des préjugés culturels qui continuent de marginaliser les revendications des personnes et des collectivités autochtones.  

Selon la commission d’enquête, ce ne sont là que quelques-unes des « importantes vérités » que l’on doit reconnaître, y compris l’histoire du Canada qui est marquée par des violations des droits de la personne des peuples Autochtones.  

Si le gouvernement fédéral étudie le rapport, cela ne devrait pas pour autant l’empêcher de prendre immédiatement les mesures qui s’imposent pour remplir complètement l’obligation qui lui incombe de financer équitablement les soins de santé, l’éducation et les services sociaux destinés aux enfants autochtones comme l’a ordonné le Tribunal canadien des droits de la personne en 2016. L’ordonnance faisait suite à une action en justice lancée par notre partenaire national la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières nations (la SSEFPN). Jusqu’ici le gouvernement fédéral n’a pris que des mesures partielles en ce sens, tandis que de nombreux enfants visant sur les réserves n’ont toujours pas accès à une école décente ni à des ressources d’apprentissage et des services de soins infirmiers quand ils sont malades. Voilà une situation à laquelle il faut remédier sans délai. 

Comme l’a souligné le rapport de l’enquête nationale, les gouvernements de tous les paliers doivent prendre les dispositions nécessaires pour enrayer la violence, le racisme et l’inégalité endémiques qu’on a imposés aux peuples autochtones au fil des siècles. Mais le rapport indique aussi que chacun de nous peut personnellement contribuer à guérir les blessures. La lecture du rapport est un premier pas, mais il est tout aussi important d’œuvrer proactivement à tisser des liens avec les Autochtones, des relations qui respectent et reconnaissent leurs droits, leur culture, leurs contributions et leur sagesse.

En toute solidarité,

Paul R. Meinema
Président national