Les travailleurs agricoles expriment leurs préoccupations quant au PTET en C.-B. et au Québec

A Stakeholder Approach to Growing Canada’s Agricultural Workforce

Abbotsford (C.-B.) et Saint-Rémi (Qué.) – 27 octobre 2018 – Les travailleurs agricoles ont récemment rencontré des hauts fonctionnaires gouvernementaux à Abbotsford, en Colombie-Britannique, et à Saint-Rémi, au Québec, pour leur faire part de leurs expériences relativement au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et leur offrir des conseils en tant que travailleurs de première ligne pour combler les lacunes du programme, en ce qui concerne notamment la santé et la sécurité, les logements, le harcèlement et l’insuffisance des droits fondamentaux au travail.   

Issus de l’Examen du secteur de l’agriculture primaire, les entretiens ayant eu lieu dans ces provinces constituaient les derniers débats d’une série de consultations que tenait le gouvernement sur le PTET.

L'objectif de l'examen est de fournir au gouvernement fédéral les commentaires des intervenant(e)s sur la réforme du volet agricole du PTET et, plus précisément, les recommandations formulées par le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées (HUMA) de la Chambre des communes. On peut télécharger une vidéo de la présentation du mémoire des TUAC Canada devant le comité HUMA, de même qu’une copie du mémoire en question.

En tant que porte-parole des travailleuses et travailleurs canadiens de l'alimentation, les TUAC ont joué un rôle prépondérant dans le processus d'examen, se joignant aux employeurs et à diverses organisations de la société civile pour mettre de l'avant un certain nombre d'idées stratégiques et en travaillant en étroite collaboration avec l'Alliance des travailleurs agricoles (ATA) pour diriger les efforts visant à s'assurer que les travailleurs migrants ont leur mot à dire dans l'examen et ses résultats.

Au cours des consultations tenues à Abbotsford et à Saint-Rémi, les travailleurs agricoles ont fait part d’un certain nombre de préoccupations aux décideurs fédéraux de haut niveau. Afin d’éviter toutes représailles, certaines données pouvant servir à identifier les commentateurs et commentatrices ont été modifiées. Les préoccupations sont les suivantes :

Santé et sécurité

« Je travaille dans le cadre du programme depuis 12 ans et nous avons jusqu’ici jamais reçu une formation en santé et en sécurité, ni l’équipement nécessaire pour manipuler des pesticides. Cela doit changer, car lorsque nous tombons malades, on nous exclut généralement du programme sans la possibilité d’y retourner. C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous ne nous plaignons pas. Nous devons rester tranquilles, sinon nous risquons de ne plus pouvoir revenir au Canada », affirme Luis, un migrant qui travaille comme ouvrier agricole en Colombie-Britannique. 

Logements et harcèlement au travail

« Mon dernier employeur avait mauvais caractère. Il avait retenu nos passeports quand nous avions temporairement quitté le pays. Il nous faisait travailler 14 jours par jour alors qu’il ne nous payait que pour huit heures. Un de nos collègues qui s’était plaint de la situation a été vite congédié et exclu du programme. Nous faisons constamment face à des situations de harcèlement et les logements qu’on nous donne sont déplorables, car nous sommes 18 à vivre dans une maison de trois chambres », déplore Roberto, un travailleur migrant qui revient au Canada chaque année depuis neuf ans dans le cadre du Programme des travailleurs agricoles saisonniers.    

Droits fondamentaux

« C’est une entreprise bien connue au Québec qui nous a recrutés en Honduras. À ce moment-là, on nous avait promis de bons salaires et un statut de résident permanent au Canada. Mais en fait, nous devions travailler plus de 80 heures par semaine pour gagner un salaire d’environ 250 $. Au travail, il y avait une odeur d’ammoniaque qui était insoutenable. Pour comble de malheur, nous étions logés dans des conditions horribles et on gardait nos passeports quand nous quittions le pays. À la moindre plainte de notre part, l’employeur nous disait de nous préparer à retourner dans notre pays », confie Elias, un travailleur migrant qui a quitté l’entreprise avant la fin de son contrat, car il en avait marre de se faire constamment harceler et du fait que les droits fondamentaux dont il jouissait au travail étaient très limités.   

Pour télécharger le mémoire présenté par les TUAC Canada lors de l’Examen du secteur de l’agriculture primaire, cliquez ici.