Politique alimentaire nationale : le rôle des salarié(e)s du secteur

Commentaire de Paul Meinema, président national du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (les TUAC Canada)

Ottawa – 7 septembre 2018 – Les travailleuses et les travailleurs du secteur canadien de l’alimentation se réjouissent que les gens du pays en général, dont certains des autres grands intervenants de ce secteur, soient d’accord avec eux sur bien des points relativement à la politique alimentaire nationale.

En effet, faut-il le rappeler, ce sont ces autres intervenants du secteur de l’alimentation et notre organisation syndicale qui, en unissant leurs efforts et leurs ressources, contribuent à nourrir les gens du Canada ainsi que les habitantes et les habitants de beaucoup d’autres pays de la planète.

De toute évidence, comme en témoignent les conclusions d’une consultation publique sur la politique alimentaire nationale qui sont dévoilées dans un document publié par le gouvernement fédéral dont le titre est Rapport sur ce que nous avons entendu, la préservation de l’environnement et la croissance économique sont des enjeux importants pour la population du Canada. Toujours selon ce rapport, les Canadiennes et les Canadiens estiment qu’il faudrait également accorder la priorité aux initiatives visant à réduire l’insécurité alimentaire et à assurer la salubrité des aliments et le bien-être des salarié(e)s du secteur de l’alimentation ainsi que le respect des droits qu’ils ont en tant que travailleuses et travailleurs.

Les gens du Canada s’étant effectivement exprimés, il revient désormais au gouvernement fédéral de veiller à ce que la toute première politique alimentaire nationale tienne compte des priorités énumérées ci-dessus.

Les salarié(e)s du secteur canadien de l’alimentation sont bel et bien en tous points disposés à aider le gouvernement à élaborer cette politique et à en faire un outil qui permette d’améliorer notre système alimentaire non seulement pour qu’il devienne plus solide et plus juste qu’il ne l’est actuellement, mais pour que celui-ci représente un modèle que pourront suivre d’autres pays.

Il serait illusoire de vouloir réaliser une politique alimentaire nationale adaptée aux besoins des gens du Canada sans une contribution importante des salarié(e)s du secteur de l’alimentation à son élaboration et à sa mise en œuvre. Les interventions et les actions portant sur les enjeux importants tels que la salubrité des aliments seront d’une efficacité réduite si les gens qui produisent les aliments que nous consommons et les manipulent en sont exclus. Ce sont eux qui font le travail de première ligne et qui, s’il y a lieu, dénoncent les abus et les dérives dans les processus de production, de récolte et de transformation des aliments.

Par ailleurs, tout débat portant sur les enjeux prioritaires en question tels que le bien-être des salarié(e)s, les droits des travailleuses et travailleurs, la justice sociale (ou justice alimentaire), les problèmes de pénurie de main-d’œuvre à résoudre, l’innovation technologique et ses effets ou le développement durable sera incomplet sans l’apport direct des salarié(e)s du secteur de l’alimentation.

Dans ce but, il faudrait que le gouvernement fédéral donne suite à la recommandation visant le recours à un « organisme consultatif externe ». Par ailleurs, le syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (les TUAC Canada) est fier d’avoir pris la décision de joindre sa voix à celles d’autres intervenants importants pour réclamer l’instauration d’un conseil de la politique alimentaire nationale auquel siégeraient des représentantes et des représentants du mouvement syndical, du domaine industriel et de la société en général.

Ce conseil serait appelé à jouer un rôle capital dans la mise en œuvre et l’avancement de la politique alimentaire nationale et constituerait pour le gouvernement et les gens du Canada un ajout précieux. Il permettrait notamment d’évaluer les progrès réalisés ainsi que la fidélité aux principes du mandat, de s’adapter aux tendances futures et de fournir des précisions sur certains termes, comme aliments de grande qualité, que l’on retrouve dans l’énoncé de la politique.

Les salarié(e)s et leurs organisations syndicales proposent une optique unique et essentielle à ce débat. Ils apportent aussi d’autres perspectives auxquelles il faudrait accorder une attention particulière quand il s’agit de prendre des décisions ou d’élaborer les documents d’intérêt public. Dans le cas contraire, on risque de négliger des questions et des démarches importantes ainsi que des solutions éventuelles et, donc, de se retrouver avec une stratégie incomplète qui ne soit pas réellement conçue pour apporter des changements concrets. Il en aurait justement été ainsi dans le cas de la stratégie de réduction de la pauvreté dont le rapport a été récemment publié. Cette stratégie-là manque de substance et se révèle inadéquate pour établir les causes fondamentales du problème et y remédier d’une manière efficace.     

Pour le bien des gens du Canada et de leur système alimentaire, les ministres et les responsables fédéraux doivent éviter de commettre la même erreur quant à la politique alimentaire nationale.   

Certes, il est essentiel de consulter la population, mais, si l’on veut élaborer une politique efficace, il l’est tout autant de veiller à tenir compte des commentaires et suggestions recueillis. De même, pour qu’elle demeure efficace, la politique alimentaire nationale doit prévoir un mécanisme qui permette aux consommatrices et consommateurs ainsi qu’aux employeurs et aux salarié(e)s du secteur de l’alimentation, sans oublier les acteurs de la société en général, d’appuyer l’initiative et de la mener de façon égale.

Paul Meinema est le président national du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (les TUAC Canada), organisation représentant plus d’un quart de million de personnes qui travaillent dans tous les domaines de la production et de la vente des aliments ainsi que dans d’autres secteurs d’une importance capitale de l’économie canadienne tels que ceux des soins de santé et de la sécurité.