Blogue politique : Que réserve Doug Ford à la classe ouvrière?

Toronto – 5 septembre 2018 – Il n'a fallu que trois mois au gouvernement conservateur de Doug Ford pour commencer à faire des ravages en Ontario.

Le premier ministre Ford a rappelé l'assemblée législative immédiatement après les élections du 7 juin et a aussitôt commencé son assaut. Il a ciblé les plus démunis en annulant le projet pilote sur le revenu de base et en réduisant les augmentations de prestations prévues pour les assistés sociaux. Le programme d'éducation sexuelle de 2015 a été aboli et remplacé par l'ancien programme de 1998, et une ligne téléphonique de dénonciation a été mise sur pied pour signaler les enseignant(e)s qui utilisent encore le nouveau programme. Le travail d'élaboration d'un nouveau programme d'études autochtone recommandé par la Commission de vérité et réconciliation a été interrompu. Les droits démocratiques des électrices et électeurs torontois ont été bafoués lorsque Doug Ford a modifié les règles du jeu en plein milieu des élections municipales en réduisant arbitrairement de 47 à 25 le nombre de circonscriptions à Toronto, semant ainsi le désarroi. Ce ne sont là que quelques-unes des attaques déjà menées par Monsieur Ford.

Le mouvement syndical s'inquiète, à juste titre, de ce qui pourrait suivre en ce qui concerne les droits des travailleurs de la province. M. Ford a annoncé qu'il ne procédera pas à l'augmentation prévue du salaire minimum à 15 $ l’heure qui devait entrer en vigueur en 2019. Le gouvernement a également annoncé qu'il examinera les modifications apportées par le projet de loi 148 à la Loi sur les relations de travail et à la Loi sur les normes d'emploi. Le mouvement syndical ontarien a consacré beaucoup d'énergie à apporter de modestes améliorations à ces lois, qui sont maintenant menacées par l'examen du gouvernement.

Mais qu’y a-t-il d’autre en réserve pour la classe ouvrière? Le dernier gouvernement conservateur en Ontario, dirigé par Mike Harris, n'a pas tardé à anéantir les gains réalisés par les travailleurs, surtout en ce qui a trait à leur droit d'adhérer à un syndicat. Les gouvernements de droite de toute l'Amérique du Nord ont constamment cherché des moyens d'affaiblir le pouvoir des syndicats à négocier des améliorations pour leurs membres et de restreindre la liberté des travailleurs de se syndiquer.

Nous devrions nous attendre à la même chose de la part du gouvernement Ford.

La syndicalisation s'est avérée efficace non seulement pour améliorer les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail des syndiqué(e)s, mais aussi ceux des travailleurs non syndiqués dans la collectivité. Les gouvernements ultra-conservateurs ont cherché des moyens législatifs d'entraver la capacité d'un syndicat d'aider les travailleurs à négocier de meilleures conditions avec leur employeur. L'une des tactiques utilisées aux États-Unis est l'adoption de lois qui permettent aux travailleurs de se dégager du paiement des cotisations syndicales dans un milieu de travail syndiqué, tout en leur permettant de bénéficier des avantages de la convention collective. Ce type de loi, qui favorise le parasitisme, affaiblit le pouvoir de négociation du syndicat et sa possibilité de bonifier les conventions collectives, ce qui incite les travailleurs davantage à ne pas vouloir payer de cotisations. Il n'est pas surprenant que dans les États où l’on a introduit ce type de législation habilitant les profiteurs, les travailleurs ont des salaires et des avantages sociaux inférieurs à ceux des travailleurs comparables dans d'autres États; or, les profits des entreprises augmentent, de même que les taux de pauvreté.

On ne peut permettre à M. Ford de transformer l'Ontario en Alabama. La lutte pour l'équité est donc engagée, alors qu’une attaque aux droits des travailleurs menée par le gouvernement conservateur se profile à l'horizon dans cette province.