Blogue politique : Le coût de l’enrichissement des riches

Toronto – 9 août 2018 – On entend souvent parler des inégalités de revenu, mais qu’en est-il des inégalités de richesse?

Le rapport d’une nouvelle étude réalisée par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), où l’on compare l’avoir net des 87 familles les plus riches du Canada à celui de la famille moyenne, démontre que ces familles richissimes possèdent autant de richesse que toute la population des provinces de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard réunies. En moyenne, la fortune de ces 87 familles s’élèverait à trois milliards de dollars et, de 2012 à 2016, leur fortune se serait accrue de 37 %.

Le rapport fait valoir que si, dans le débat portant sur les inégalités qui se déroule actuellement, on met l’accent sur l’écart croissant entre les revenus des gens les plus riches représentant 1 % de la population et le reste de la société, le problème de la disparité de richesse devrait être tout aussi inquiétant. Les inégalités de richesse constituent en partie une conséquence indirecte des inégalités de revenu. Plus on gagne de l’argent, plus on peut économiser et, de même, plus l’avoir net augmente rapidement. Les rendements que produit l’investissement d’importantes sommes étant plus élevés que les revenus d’autres sources, la croissance de l’avoir net des Canadiennes et Canadiens les plus riches continuera à surpasser celle des revenus de tout le monde et, ainsi, l’écart continuera à se creuser d’année en année.

Ce sont moins de la moitié des familles les plus riches qui ont effectivement fait leur réussite. Précisément, dans le cas de plus de la moitié d’entre elles, c’est surtout en héritant de la fortune transmise par les générations précédentes qu’on a pu vivre dans la richesse et, grâce à cette fortune ainsi acquise, on peut profiter des échappatoires et des paradis fiscaux pour payer un impôt sur le revenu qui est relativement peu élevé. Or, puisque le gouvernement impose les revenus tirés d’une fortune à des taux plus bas que les revenus salariaux, les écarts de richesse continueront aussi à s’accentuer.

Toujours selon le rapport de cette étude du CCPA, on pourrait pallier cette situation et trouver de nouvelles sources de revenu pour offrir des programmes sociaux et de l’aide à la population en apportant à notre système fiscal des modifications qui visent réellement à réduire les inégalités telles que l’établissement d’un impôt sur la succession (héritage). Or, parmi les pays du Groupe des Sept (G7), le Canada est le seul où, du moins à l’échelon fédéral, on ne prélève pas d’impôt sur la succession. Alors, si l’on sévissait contre les paradis fiscaux et les échappatoires fiscales tout en éliminant les allègements fiscaux sur les gains en capital et les dividendes, on réussirait à recueillir des dizaines de milliards de dollars en vue de contribuer à faire diminuer les inégalités.

En Ontario, province dont l’actuel premier ministre est un homme qui a obtenu sa fortune en héritant, les inégalités risquent encore d’augmenter, surtout avec de nouvelles lois qui touchent les gens les moins rémunérés. De fait, en supprimant les augmentations prévues pour les prestations d’aide sociale et d’invalidité et en éliminant un projet pilote portant sur le revenu de base, on n’aura fait qu’accentuer les inégalités de richesse et celles de revenu.