Blogue des jeunes travailleurs : Il est temps de supprimer les frais de scolarité

Winnipeg – 20 mars 2018 – Les jeunes travailleuses et travailleurs d’aujourd’hui font face à un marché du travail où 70 % des nouveaux emplois exigent un niveau quelconque d’études postsecondaires. Au cours des 20 dernières années, les frais de scolarité se sont accrus de 137 %. Au début des années 90, la moyenne des frais de scolarité que payaient les étudiantes et étudiants canadiens était de 1,706 $, tandis qu’aujourd’hui ils paient une moyenne annuelle de plus de 6 191 $.  

Ces hausses sont directement liées à la réduction du financement gouvernemental pour l’éducation postsecondaire. Au Canada, le financement public constituait autrefois près de 80 % du budget de fonctionnement des établissements d’enseignement postsecondaire. Aujourd’hui, le financement public ne représente que 50 % du budget de fonctionnement de ces établissements. Ainsi, les frais de scolarité ont grimpé en flèche de façon à combler ce manque à gagner.  

Les frais de scolarité exorbitants imposent un lourd fardeau financier aux jeunes travailleuses et travailleurs. Alors que de nombreux jeunes Canadiennes et Canadiens occupent des emplois précaires et faiblement rémunérés assortis de peu ou d’aucun avantage social, il devient de plus en plus difficile pour eux de financer leurs études. Selon des données compilées par Statistique Canada, le fardeau financier associé aux études collégiales et universitaires expliquerait le fait que des jeunes n’entreprennent pas d’études postsecondaires, ou du moins c’est la raison la plus fréquemment citée pour expliquer ce phénomène.     

Par contre, les étudiantes et étudiants qui choisissent d’entreprendre des études postsecondaires finissent par s’endetter jusqu’au cou en contractant d’énormes prêts étudiants. Par exemple, entre 2000 et 2010, la dette étudiante moyenne totale s’était accrue de 40 % au Canada. Les étudiants et les diplômés d’aujourd’hui doivent plus de 19 milliards $ à cause de prêts qu’ils ont contractés pour leurs études.   

À ces problèmes s’ajoute le fait que les frais de scolarité sont généralement les mêmes pour tous les étudiant(e)s, peu importe leur situation financière. Cela favorise injustement les étudiant(e)s issues de familles riches au détriment de celles et de ceux qui sont issus de familles ouvrières ou de la classe moyenne.  

Cela ne devrait donc surprendre personne que les jeunes Canadiennes et Canadiens veulent que les choses changent. Lors de la Conférence des jeunes travailleurs du Canada de 2016, les participant(e)s considéraient la suppression des frais de scolarité comme une priorité absolue et affirmaient qu’ils étaient disposés à payer un peu plus d’impôt si cela permettrait d’améliorer l’accès à l’éducation pour tous les étudiant(e)s, indépendamment de leur capacité économique. Les participant(e)s avaient également exprimé le souhait que les gouvernements augmentent les fonds alloués à l’éducation postsecondaire et convertissent les programmes de prêts étudiants en programmes de subventions. Ces subventions pourraient servir à faciliter l’assiduité et à couvrir les coûts des manuels scolaires et les frais de logement. Elles permettraient aussi de supprimer éventuellement les frais de scolarité. 

Les TUAC Canada appuient depuis longtemps la gratuité de l’éducation, et c’est un principe que nous mettons en pratique en fournissant des cours de formation en ligne gratuits à celles et ceux qui participent à notre programme webCampus. En fait, grâce à des partenariats que nous avons créés avec divers établissements d’enseignement postsecondaires, certains cours offerts sur le webCampus peuvent servir de crédit pour l’obtention de certificats collégiaux et universitaires. En outre, les TUAC ont lancé la campagne #ZéroFrais qui vise à faire supprimer les frais de scolarité partout au Canada. Ces deux initiatives reposent sur la conviction que la gratuité scolaire est possible. Alors que les frais de scolarité augmentent de manière incontrôlable et que l’endettement étudiant n’a jamais été aussi élevé, il est temps que nos gouvernements fédéral et provinciaux agissent en prenant les mesures qui s’imposent pour supprimer les frais de scolarité une fois pour toute.  

Gabriel Bako est un jeune travailleur et un militant et organisateur syndical qui vit à Winnipeg, au Manitoba.