Un régime d’assurance-médicaments doit être universel

Ottawa – 14 mars 2018 – Beaucoup de Canadiens et de Canadiennes se réjouissaient quand le gouvernement libéral de Justin Trudeau avait annoncé dans le budget fédéral de 2018 qu’un comité sera formé pour analyser la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments. Mais l’annonce faite dans le budget a omis un mot clé : « universel ».   

L’importance de l’universalité du régime a été soulignée le lendemain même de la publication du budget dans lequel l’annonce a été faite, lorsque le ministre des Finances, Bill Morneau, déclarait dans un discours prononcé au Club économique du Canada : « Il nous faut une stratégie pour solutionner le problème d’accessibilité que pose le régime puisque tout le monde n’y a pas accès, et nous devons le faire d’une façon responsable et agir de manière à nous attaquer aux lacunes tout en préservant le système que nous avons actuellement ».  

Autrement dit, le ministre des Finances a sabordé un régime d’assurance-médicaments réellement universel. Mais cela ne devrait surprendre personne vu que Morneau est propriétaire d’une entreprise familiale de conseil en avantages sociaux, soit la société Morneau Shepell, laquelle offre des services de consultation pour des questions concernant les régimes et les prestations d’assurance-médicaments.   

Le Canada est le seul pays du monde doté d’un système de soins de santé qui ne comporte pas un régime d’assurance universel pour les médicaments sur ordonnance. Selon une étude réalisée récemment, quelque 3,5 millions de Canadiens et de Canadiennes ne prennent pas de médicaments qui pourraient leur sauver la vie en raison de leurs coûts. Ceux-ci sautent des jours pour étirer leurs médicaments, ils fractionnent leurs pilules, partagent leurs médicaments ou s’endettent davantage pour payer leurs médicaments, et finissent par aggraver leurs problèmes de santé.   

On estime que 8,4 millions de salarié(e)s canadiens n’ont pas accès à des prestations médicales financées par l’employeur, les femmes et les jeunes salarié(e)s étant moins susceptibles d’avoir accès à ces prestations. Même les salarié(e)s qui bénéficient d’un régime d’assurance-santé financé par l’employeur paient une part plus importante des frais de médicaments en raison de l’augmentation des co-paiements et des franchises.   

Quand Tommy Douglas, membre fondateur du NPD, a présenté le premier régime de santé universel du Canada en Saskatchewan, il avait toujours dit qu’il s’agissait du premier volet d’un régime bien plus vaste qui inclurait une couverture universelle pour les médicaments ainsi qu’une couverture universelle pour les soins dentaires. De nombreuses études ont révélé qu’un régime universel d’assurance-médicaments permettrait aux Canadiens et Canadiennes d’épargner des milliards de dollars.    

Un régime d’assurance-médicaments national qui continue d’autoriser le recours à des assureurs privés et qui ne fait que combler les lacunes pour celles et ceux qui n’ont pas d’assurance vont continuer à permettre aux assureurs de compromettre la santé des Canadiens et Canadiennes sans réaliser les économies qu’un régime universel permettrait de faire. Tout ce que souhaiterait le gouvernement libéral, c’est de se présenter aux prochaines élections en disant qu’il a mis en œuvre un régime national d’assurance-médicaments. Mais si le régime n’est pas universel, ce n’est pas le régime qu’il nous faut.