Des travailleurs du cannabis revendiquant les droits syndicaux défendent leur cause devant le tribunal agricole de l’Ontario

Certains salarié(e)s chez MedReleaf à Markham affirment avoir été congédiés parce qu’ils cherchaient à se syndiquer

Toronto – 10 février 2017 – La lutte pour l’acquisition des droits syndicaux en faveur des travailleuses et travailleurs du cannabis entre dans un nouveau chapitre au Canada, le Tribunal d’appel, de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales ayant entamé les audiences devant conduire au verdict qui décidera du sort des employé(e)s de l’entreprise MedReleaf implantée à Markham, en Ontario. Cette dernière exploite une installation industrielle comptant une cinquantaine d’employé(e)s qui cultivent, taillent, récoltent et emballent de la marijuana médicale.   

Cela fait près de deux ans depuis que les salarié(e)s chez MedReleaf tentent de se joindre aux TUAC Canada (Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce). Maintenant, ils luttent pour leur droit de se syndiquer et de prendre part à la négociation collective devant le tribunal. La lutte chez MedReleaf s’est engagée en mai 2015 quand les employé(e)s de l’établissement eurent communiqué avec les TUAC Canada en vue d’obtenir l’adhésion au syndicat. La majorité des employé(e)s de l’établissement ayant signé des cartes d’adhésion, les TUAC Canada déposèrent une demande d’accréditation auprès des commissions des relations de travail fédérale et provinciale.

Peu après le dépôt des demandes d’accréditation, la commission des relations de travail fédérale a déclaré qu’elle n’était pas compétente pour trancher l’affaire. Rappelons que la production du cannabis médical est strictement réglementée par Santé Canada et la Gendarmerie royale du Canada (GRC).    

Au bout de quelques jours après que la commission des relations de travail fédérale eut rendu sa décision, l’entreprise MedReleaf se mit à congédier les employé(e)s qui ont mené la campagne de syndicalisation au sein de l’entreprise. En retour, les TUAC Canada  déposèrent des plaintes contre l’entreprise devant la Commission des relations de travail de l’Ontario pour pratiques déloyales de travail. En décembre 2015, avant même le début des audiences relatives aux plaintes, la commission des relations de travail provinciale conférait aux salarié(e)s le statut d’employé(e)s agricoles, en dépit du fait que de nombreuses installations de production de marijuana médicale opèrent comme de véritables usines.    

Les employé(e)s agricoles de l’Ontario étant exclus de la Loi sur les relations de travail de la province, la décision de la Commission a eu pour effet de priver les travailleuses et travailleurs du cannabis du droit d’association syndicale et de négociation collective. Peu après cette décision, l’entreprise MedReleaf a congédié davantage d’employé(e)s qui avaient manifesté leur appui au syndicat. À ce jour, onze salarié(e)s ayant appuyé le syndicat ont été congédiés, y compris tous les meneurs et meneuses qui avaient lancé la campagne de syndicalisation. 

Les salarié(e)s chez MedReleaf, dont la cause a été rejetée par les commissions des relations de travail fédérale et provinciale, n’ont désormais pour seul recours que le Tribunal d’appel, de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales. Le tribunal est une planche de salut pour tout travailleur agricole dont le droit à la liberté d’association a été violé. Cependant, dans toute l’histoire du Canada, c’est la seconde fois que le tribunal est appelé à décider du sort de travailleuses et de travailleurs qui revendiquent le droit d’association collective.

Près de deux ans s’étant écoulés depuis le lancement de la campagne de syndicalisation chez  MedReleaf, le tribunal a entamé les audiences qui devraient durer douze jours. Les trois premiers jours de l’audition ayant commencé le 7 février, le tribunal se réunira de nouveau le 1er mars.   

Si le tribunal tranche en faveur du syndicat, les TUAC Canada espèrent que les employé(e)s congédiés seront réintégrés à leur poste avec plein salaire et que l’entreprise sera légalement tenue de négocier une convention collective avec le syndicat. C’est une lutte très longue et importante qui aura des répercussions pour les travailleuses et travailleurs de l’industrie naissante du cannabis dans tout le Canada.

« La lutte que nous menons a pour but d’aider l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du cannabis à parvenir à la justice », de dire Philip Manorath, un des recruteurs et le premier employé à être congédié à la suite de la campagne de syndicalisation au sein de l’entreprise MedReleaf. « Il n’y a pas de raison pour qu’on prive les travailleuses et travailleurs du cannabis du droit de former un syndicat et de participer à la négociation collective, alors que tous les autres salarié(e)s de l’Ontario ont le droit de le faire. »