Avis à Justin Trudeau : la population n’oubliera pas ce qu’il avait promis

En cours de campagne électorale, Justin Trudeau avait notamment promis aux citoyennes et citoyens du pays qu’entre les élections fédérales de 2015 et les suivantes, on allait abandonner définitivement le système électoral uninominal majoritaire à un tour, jugé archaïque. De fait, il avait alors réitéré cette promesse à maintes reprises et il allait même en être longuement fait mention dans le discours du Trône, lors de l’ouverture de la session du Parlement qui devait suivre. En outre, dans des entretiens qu’il accordait aux journalistes en décembre dernier, M. Trudeau a encore promis aux gens qu’avant les prochaines élections générales, son gouvernement ferait le nécessaire pour achever de mettre en place un nouveau mode de scrutin.

Voilà ce qui fait qu’il est extrêmement décevant d’apprendre qu’en définitive, le gouvernement de Justin Trudeau n’aurait pas l’intention de tenir la promesse que celui-ci avait formulée en ce sens. Tandis que les libéraux prétendent que s’ils ont renoncé à tout projet de réforme du système électoral, c’est pour le mieux, il est évident qu’ils espèrent faire oublier à l’électorat, bien avant les élections fédérales de 2019, la volte-face éhontée qu’ils viennent ainsi de commettre.

Rappelons surtout que les Canadiennes et les Canadiens, en particulier les jeunes, avaient été nombreux à croire à leur promesse. Précisément, ils estimaient qu’il importait effectivement d’améliorer le mode de scrutin de leur pays, et ce, pour atteindre un certain nombre d’objectifs essentiels : veiller à ce que la composition du Parlement corresponde à la diversité que présente la population du pays en général, à ce que la voix de chaque électrice ou électeur ait effectivement de l’importance, à ce que le nombre de femmes qui sont élues députées augmente et à ce que les politiciennes et les politiciens de toutes les tendances n’aient pour ainsi dire d’autre choix que d’agir de concert. Malheureusement, comme si les Canadiennes et les Canadiens n’étaient pas assez cyniques quand il s’agit de la politique, voilà donc encore une autre promesse non tenue. En effet, après ce que les libéraux ont fait en refusant de réformer le mode de scrutin alors qu’ils avaient pourtant promis de mener ce projet à bonne fin, les gens ne pourront qu’être portés à croire de plus belle ce que bon nombre d’entre eux se disaient déjà à peu près en ces termes : « On ne peut faire confiance à la classe politique. »

À l’heure actuelle, la situation mondiale étant pour le moins troublée en ce moment, il importe plus que jamais de réformer le système électoral en vue de faire en sorte que les politiciennes et les politiciens ainsi que les partis politiques se montrent concrètement solidaires les uns des autres dans la mesure où, de la sorte, ils sauront régler les problèmes énormes qu’avant longtemps, toute la population connaîtra éventuellement. Autrement dit, il faut que le mode de scrutin soit propre à inciter les élu(e)s à chercher résolument un terrain d’entente sur les points qui ont de l’importance non seulement pour un parti politique ou un autre, mais aussi et surtout aux yeux de la population, des citoyennes et citoyens.

Il importe donc de faire savoir au premier ministre fédéral que les Canadiennes et les Canadiens n’oublieront pas la promesse qu’il leur avait pourtant faite. Il est nécessaire que les libéraux se rendent bien compte que la population n’acceptera jamais le cynisme dont ils font preuve en ce qui concerne la réforme éventuelle du système électoral. Il ne faut pas abandonner la lutte visant à faire en sorte que plus aucun membre de l’électorat qui se donne la peine d’aller voter ne le fasse pour rien. Or, on pourra se faire entendre là-dessus en faisant parvenir sans tarder à qui de droit une lettre portant justement sur toutes ces questions.