L’autosurveillance de l’industrie n’est pas la solution pour protéger les travailleurs agricoles aux fermes qui approvisionnent Walmart

Toronto – 3 mars 2015 – Le Mexique dénonce les conditions de travail déplorables des ouvriers agricoles  ans les fermes mexicaines qui approvisionnent la compagnie Walmart. En Amérique du Nord, Walmart est le plus grand importateur de fruits et légumes mexicains. Les conditions de travail déplorables de ces ouvriers auxquels on inflige des mauvais traitements sont documentées dans plusieurs rapports qui ont été publiés récemment. Dans les camps de travail, ces ouvriers dorment dans des dortoirs qui laissent à désirer et paient des prix excessifs pour leurs repas et les produits de première nécessité.

La dénonciation fait suite à une nouvelle directive émanant d’un organisme de surveillance du secteur agricole au Mexique. Suite aux accusations, la compagnie Walmart a annoncé des plans visant à renforcer le système d’inspection qu’elle utilise pour ses fournisseurs. Elle assure que depuis des années elle a ses propres inspecteurs qui surveillent ses fournisseurs et visitent les fermes qui l’approvisionnent. Si la compagnie Walmart s’est engagée à renforcer son système d’inspection, elle n’envisage pas toutefois de faire appel à des inspecteurs indépendants. Le système qu’elle a en place au Mexique est similaire au système d’inspection autoréglementé qu’elle utilisait pour ses fournisseurs au Bangladesh, avant le désastre du Rana Plaza. La compagnie Walmart refuse jusqu’ici de signer l’Accord du Bangladesh qui l’obligerait à recourir à des inspecteurs indépendants pour les fournisseurs qui l’approvisionnent dans ce pays.

Les changements annoncés au Mexique par la compagnie Walmart auront-ils pour effet d’améliorer véritablement les conditions de vie des travailleurs agricoles mexicains?

« L’enjeu entourant les droits et les conditions de vie des ouvriers agricoles n’est pas nouveau.  Aujourd’hui, les compagnies comme Walmart subissent des pressions de la part de consommatrices et de consommateurs avertis qui s’inquiètent notamment de la non réglementation ou de l’autoréglementation de l’industrie alimentaire », explique le coordonnateur national de l’Alliance des travailleurs agricoles, Stan Raper. « La solution réside dans le renforcement des protections législatives et des mesures de réglementation et d’application des lois. Cela ne sert à rien de renforcer l’autosurveillance et d’accroître les normes du secteur, si elles ne sont pas respectées », poursuit-il.

« Les entreprises d’exploitation agricole, y compris les fournisseurs de Walmart, devraient faire l’objet de systèmes de surveillance indépendants où des agent(e)s effectuent des inspections surprise plusieurs fois par année, et interrogent les salarié(e)s pour avoir une image plus claire et impartiale des conditions de travail », indique le confrère Raper. « Les TUAC Canada ont présenté de nombreuses recommandations aux gouvernements fédéral et provinciaux dans notre Rapport annuel sur la situation des travailleurs agricoles migrants au Canada, et à mon avis, ces recommandations s’appliqueraient également pour le Mexique », enchaîne-t-il.

Les TUAC Canada et l’Alliance des travailleurs agricoles migrants fournissent un soutien et des services indispensables à quelque 40 000 ouvriers agricoles migrants qui viennent travailler au Canada chaque année. D’autre part, les TUAC Canada ont conclu des pactes d’entraide avec différents États et organismes de la société civile du Mexique où le syndicat s’engage à informer les travailleurs agricoles migrants mexicains des droits ouvriers dont ils jouissent pendant qu’ils travaillent au Canada.