La meilleure façon d’éviter les décès liés au vol d’essence est d’augmenter les amendes et d’aider les travailleurs à mieux connaître leurs droits, déclare l’un des principaux porte-parole des travailleurs du secteur de détail au Canada

TORONTO – Le plus grand syndicat du secteur privé au Canada et également l’un des principaux porte-parole des travailleurs et travailleuses du secteur de la vente au détail du pays réclame des amendes plus sévères pour les employeurs négligents après qu’un autre pompiste de la région de Toronto eut été tué en tentant d’empêcher un vol d’essence dans le but, paraît-il, de protéger son salaire.  

Jayesh Prajapati, un homme originaire de l’Inde qui a immigré au Canada depuis peu, est décédé le 18 septembre dans son lieu de travail, une station-service Shell située dans les quartiers intermédiaires de Toronto. Il a été heurté et traîné à terre par le conducteur d’un véhicule utilitaire sport qui a pris la fuite sans payer après avoir fait le plein pour 112 $. Au dire de l’épouse et du beau-frère de Jayesh Prajapati, ce dernier devait payer à même son salaire pour les automobilistes qui partaient sans payer l’essence.

« Au nom de quelque 250 000 travailleurs et travailleuses aux quatre coins du pays, nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de Jayesh », de dire Wayne Hanley, le président national des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (TUAC Canada) qui représentent des milliers de travailleurs et travailleuses du secteur des services, y compris un nombre croissant de pompistes.   

« Le décès en milieu de travail de Jayesh Prajapati est un autre exemple tragique de ce qui peut arriver quand la pénalité pour non-conformité est trop faible pour dissuader les employeurs irresponsables et quand les travailleurs ne connaissent pas bien leurs droits », indique Wayne Hanley en attirant l’attention sur le fait qu’il est illégal en Ontario que des employeurs fassent payer à leurs employés les pertes financières subies peu importe la raison, même un vol commis par un client.  

« Une forte augmentation de la limite des amendes pénalisant la négligence en milieu de travail enverrait un message clair aux employeurs sans scrupule et leur donnerait une bonne raison pour ne pas mettre en danger la vie des employé(e)s, mais ce n’est qu’une partie importante de la solution », déclare Hanley.

« Notre vaste expérience dans le secteur de la vente au détail nous a appris que les nouveaux immigrants et les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des risques en milieu travail, et cela est au fait qu’ils connaissent généralement très peu leurs droits, y compris le droit de refuser un travail dangereux », poursuit Wayne Hanley. « Nous nous sommes rendus à l’évidence que les nouveaux immigrants qui œuvrent dans des lieux de travail syndiqués, même lorsqu’ils connaissent leurs droits, sont réticents à les faire valoir en tant que travailleurs. Il est bien beau d’avoir des lois qui protègent, mais ce qui importe réellement c’est de faire en sorte que ces lois soient appliquées, et c’est ce sur quoi doivent axer leur action ceux qui veulent sérieusement régler le problème. »  

Selon les TUAC Canada, une bonne partie du problème réside dans l’incapacité du gouvernement à faire respecter les lois en vigueur. Selon les dernières données connues, le ministère du Travail de la province compte 140 inspecteurs de lieu de travail à plein temps – dont seulement 30 effectuent des inspections proactives tandis que le reste s’occupe du traitement des plaintes.

« Le fait est que le gouvernement n’a tout simplement pas les ressources nécessaires pour faire respecter convenablement ses propres lois. C’est pourquoi la signature de cartes d’adhésion est la meilleure façon pour les salarié(e)s de s’assurer qu’ils sont bien représentés au travail et qu’ils peuvent défendre leurs intérêts et ceux de leurs collègues de travail sans aucune crainte de perdre leur emploi », ajoute le chef des TUAC Canada.    

« Tout appel sérieux à améliorer les lieux de travail et à les rendre plus sécuritaires doit tenir compte de l’importance de la négociation collective et du rôle essentiel du syndicalisme. »  

Les TUAC Canada sont le plus grand syndicat du secteur privé au Canada. Comptant plus d’un quart de million de membres d’un océan à l’autre, les TUAC Canada sont une force prépondérante pour la justice sociale et l’un des plus ardents défenseurs de l’équité dans le secteur de la vente au détail au Canada.