Le Programme des travailleurs agricoles saisonniers, profondément déficient et mis sur pied par le Canada et le Mexique, atteint ses 40 ans

Toronto – 3 novembre 2014 – Il y a 40 ans, les gouvernements canadien et mexicain se sont associés pour créer le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS). Le PTAS était alors considéré comme une solution parfaite à la pénurie de travailleurs agricoles que connaissait le Canada et, d’autre part, aux problèmes de pauvreté et de chômage qui sévissaient dans les régions rurales du Mexique. Selon le protocole d’entente signé par les deux pays, les liens profonds d’amitié, de compréhension et de coopération qui unissent le Canada et le Mexique devaient en constituer le fondement. En vertu des promesses faites dans le protocole, les travailleurs mexicains participant au PTAS pouvaient s’attendre à « être logés et rémunérés de manière convenable et être traités de façon juste et équitable pendant qu’ils travaillent au Canada ».    

Quarante ans plus tard et quelques décennies après que des études eurent révélé des déficiences dans le programme, les deux pays ne tiennent toujours pas l’engagement qu’ils ont pris en déclarant qu’ils allaient respecter les droits fondamentaux qu’ont pourtant en tant que personnes et comme travailleurs les gens qui participent au Programme des travailleurs agricoles saisonniers. En dépit des preuves flagrantes de violations récurrentes des droits des travailleurs participant au PTAS, le gouvernement canadien se fie toujours à la « bonne foi » des employeurs et refuse de reconnaître qu’il lui incombe de protéger ces travailleurs.   

Il y a tout juste deux ans, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec a reconnu que les travailleurs étrangers temporaires étaient victimes de discrimination systémique en raison de leur nationalité, de leur groupe ethnique, de leur statut social et de leur langue. Justement, dans la foulée, la Commission déclarait que leur vulnérabilité avait pour origine un système qui facilite la violation des droits et des libertés fondamentaux des travailleurs migrants.

Les tribunaux canadiens ont été saisis de plusieurs plaintes relatives aux droits de la personne selon lesquelles le gouvernement mexicain incite les employeurs à appliquer des pratiques d’embauche illégales qui sont discriminatoires envers les femmes et fournit une main-d’œuvre majoritairement masculine à des employeurs qui ont des antécédents en fait d’abus et de mauvais traitements. Pour comble de malheur, les autorités canadiennes ne font qu’observer passivement ce qui se passe. Ainsi, elles sont restées les bras croisés quand le gouvernement mexicain a mis à l’index des gens participant au PTAS qui avaient choisi de défendre les droits dont ils disposent tant à titre de personnes qu’en tant que travailleurs. 

En raison de ces injustices, les TUAC Canada et l’Alliance des travailleurs agricoles (ATA) œuvrent depuis plus de dix ans pour venir en aide aux travailleurs agricoles migrants un peu partout au Canada en leur offrant des services juridiques ainsi que des services de traduction, de soutien et d’orientation, dont ils ont fortement besoin. Nous avons contesté des lois discriminatoires en Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec et nous avons amené bien des gens à discuter des droits essentiels de la personne et de ceux des travailleuses et travailleurs en parlant précisément des individus qui travaillent en milieu agricole.

Chaque année, plus de 18 000 travailleurs agricoles mexicains viennent au Canada dans le cadre du PTAS. Or, en dépit de la notoriété mondiale du programme, les travailleurs qui y participent  sont souvent victimes de discrimination et de violence et ne sont pas suffisamment protégés par la loi. C’est pourquoi les TUAC Canada, l’Alliance des travailleurs agricoles et les organisations qui sont associées au syndicat continueront à défendre les droits des travailleurs agricoles migrants et à réclamer la réforme du PTAS pour faire en sorte que les travailleurs agricoles saisonniers soient respectés dans les localités et les régions où ils travaillent.  

 

En toute solidarité,

 

Paul R. Meinema

Président national