Les héros des familles – Profil des personnes ayant proposé des candidatures pour les bourses d’études des TUAC Canada pour travailleurs migrants 2011

Marlene Gordon

Marlene Gordon est venue au Canada en 2009 comme travailleuse étrangère temporaire. Étant la fière maman de deux jeunes enfants et d’un beau-fils, elle se sentait dans l’obligation de quitter son pays, la Jamaïque, pour aller chercher du travail ailleurs afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Pour elle, la migration n’était pas un choix mais une chose nécessaire pour améliorer les conditions de vie de sa famille. Elle espérait qu’en travaillant à temps plein au Canada, elle aurait la possibilité de poursuivre ses études en éducation préscolaire. Ce rêve s’est brisé quand Marlene est venue travailler ici en 2009 dans le cadre du Projet pilote relatif aux professions exigeant un niveau réduit de formation. Elle a été embauchée par un restaurant McDonalds dans l’Ouest canadien. Elle travaillait fort et prenait son emploi à cœur. Mais à un certain moment, elle souffrait terriblement de l’absence de sa famille. Après quelques mois de travail, elle est retournée en Jamaïque ne pouvant plus endurer l’isolement, les conditions de travail exigeantes et le désespoir que lui causait l’éloignement de ses enfants.  

Après avoir passé quelque temps au bercail, Mme Gordon a décidé de revenir au Canada pour essayer de travailler, ce qu’elle a fait l’année suivante dans le cadre du même programme. Rendue ici, elle a pu obtenir un emploi chez Tim Horton elle a travaillé pendant un an avant de retourner voir sa famille à nouveau en Jamaïque. Même si elle hésitait à revenir s’installer au Canada, elle s’était rendu compte que l’argent qu’elle avait gagné ici avait grandement aidé à améliorer les conditions de vie de sa famille pendant sa brève absence. Elle est donc revenue au Canada une nouvelle fois cinq mois plus tard dans le cadre du même programme et a pu obtenir un emploi dans un restaurant Burger King. Mais chez cet employeur, elle a subi des mauvais traitements au travail en plus d’avoir été logée et nourrie dans des conditions abusives et déplorables. Marlene a fait l’objet d’agressions verbales et quand elle a refusé de payer le loyer et d’autres frais d’hébergement que lui réclamait l’employeur alors que celui-ci était censé assumer ses frais, elle a été méprisée et, par la suite, renvoyée avec un chèque de paye amputé de 1 211 $ sous le prétexte qu’on n’avait plus besoin de ses services.    

Heureusement, Marlene a obtenu un nouveau contrat de deux ans chez Tim Horton. Elle compte retourner en Jamaïque seulement pour ses vacances. Mme Gordon est au courant du programme des aides familiaux résidants et des bourses d’études des TUAC Canada pour travailleurs migrants depuis son arrivée au Canada. Elle en a fait la découverte en fouillant sur Internet.

Aujourd’hui, Marlene est une travailleuse migrante qui a beaucoup d’expérience. Elle comprend ses droits et s’apprête à déposer une plainte en vertu de la Loi sur les normes d’emploi pour les mauvais traitements qu’elle a subis chez Burger King. Selon le président national des TUAC Canada Wayne Hanley, les situations  comme celle qu’a vécue Marlene sont bien trop courantes dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires du Canada. « Les travailleurs et travailleuses sont constamment soumis à des mauvaises conditions sans aucune voie de recours viable pour demander justice et le traitement équitable qu’ils méritent », de dire le président Wayne Hanley.

Marlene comprend que savoir, c’est pouvoir. Elle travaille avec beaucoup d’autres travailleuses et  travailleurs étrangers temporaires et aide à les informer pour qu’ils sachent comment s’y prendre dans un programme comportant plusieurs normes insatisfaisantes. Elle est jeune et se sent en mesure de faire une différence ici au Canada et pour sa famille qui vit en Jamaïque. « Malgré les nombreux défis et obstacles que nous devons surmonter ici au Canada, pour réussir notre vie et aider nos proches à réussir la leur, je crois que nous devons faire connaître nos problèmes aux autorités concernées qui sont en mesure de nous aider. J’encourage les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires à lire les lois, à chercher à les comprendre et à poser des questions. Soyons motivés à transformer nos vies pour les rendre plus belles », conseille Mme Gordon.