Le budget donne une gifle aux personnes âgées

Quand Stephen Harper a annoncé que son gouvernement repousserait de 65 à 67 ans l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse (SV), cette mesure a été jugée inutile, sauf dans les cercles conservateurs. Le directeur parlementaire du budget, le groupe d’étude des ministres des Finances fédéral et provinciaux et de nombreux économistes sont tous d’avis que le système de retraite au Canada est viable et qu’il n’y a pas lieu de repousser l’âge d’admissibilité à la SV.

Nombreux sont ceux et celles qui pensent que la crise créée par les conservateurs autour de la SV est artificielle et qu’elle fait tout simplement partie du plan d’austérité du gouvernement qui retirera de l’argent aux salarié(e)s pour le donner aux riches en accordant de généreux allégements fiscaux aux sociétés.

Alors que le gouvernement Harper s’apprête à adopter cette mesure législative controversée dans le cadre du projet de loi C-38, soit le projet de loi d’exécution du budget, qu’est-ce-que cela signifieraSelon un rapport publié par Angela McEwan, associée de recherche auprès du Centre canadien de politiques alternatives, la SV et le Supplément de revenu garanti (SRG), mis ensemble, fournissent le tiers du revenu de tous les aînés âgés d’un peu plus de 65 ans, et la moitié de celui des aînés ayant un revenu personnel de moins de  20 000 $. Le fait de repousser à 67 ans l’âge d’admissibilité à la SV ou au SRG aurait un impact négatif sur le revenu de tous les aînés dans la tranche d’âge 65-67 ans. Mais l’impact de loin le plus important serait subi par ceux et celles qui ne disposent que de peu d’épargne-retraite, voire d’aucune, et touchent les prestations limitées du Régime de pensions du Canada.

Le fait d’obliger les petits salariés à travailler de 65 à 67 ans et de les priver de l’accès à la SV et au SRG signifierait que le revenu de beaucoup d’aînés serait considérablement réduit. Dans une certaine mesure, cela mettrait également les travailleuses et travailleurs âgées dans l’obligation de concurrencer avec des travailleuses et travailleurs plus jeunes pour des postes de débutant et à temps partiel.

Il est injuste d’obliger les Canadiennes et Canadiens à travailler à plein temps après l’âge de 65 ans, d’autant plus que les emplois accessibles aux aînés seraient fort probablement des emplois à temps partiel ou à bas salaire. Si le gouvernement veut sérieusement aider les Canadiennes et Canadiens à prendre leur retraite dans la dignité et sans craindre la pauvreté, il devrait doubler les prestations du RPC, ce qui supprimerait les pressions qui pèsent sur les programmes de SV/SRG et aiderait les Canadiennes et Canadiens âgés au lieu de les punir.