Des compressions à la Sécurité de la vieillesse appauvriront tant les jeunes que les personnes âgées

Depuis que Stephen Harper a annoncé que son gouvernement conservateur envisage des compressions aux programmes de sécurité de la retraite comme le Régime de pensions du Canada (RPC) et la Sécurité de la vieillesse (SV), jeunes et vieux suivent ce dossier avec un grand intérêt.

Dans un discours récemment prononcé au Canadian Club, la ministre des Ressources humaines Diane Finley a changé le message initial du gouvernement pour mettre l’accent sur la punition des jeunes Canadiens et Canadiennes dans ce qui est clairement une tentative pour dresser un mur entre les jeunes et les moins jeunes travailleurs et travailleuses.  

Dans un document publié récemment par le Centre canadien de politiques alternatives, Monica Townsend démontre que le gouvernement Harper néglige l’avis des experts qu’il a engagés pour étudier le système de pensions. Mme Townsend cite un rapport de 2010 sur le système de pensions du Canada commandé par le ministère des Finances pour le Groupe de travail sur la recherche des ministres des Finances fédéral et provinciaux, qui dit ceci : « les projections à long terme montrent... le système de revenu de retraite canadien est financièrement viable. » Le document conclut :  « il n’y a pas de besoins financiers ou budgétaires pressants d’augmenter l’âge de la retraite pour le moment. »

Les récentes déclarations faites par le premier ministre Harper et les ministres de son cabinet concernant la sécurité de la retraite devraient inquiéter les jeunes travailleurs et travailleuses pour trois raisons.  

Premièrement, les jeunes d’aujourd’hui peuvent être contraints de travailler plus longtemps si l’âge d’admissibilité à la SV passe de 65 à 67 ans.  

Deuxièmement, des compressions aux programmes de sécurité de la retraite sont susceptibles de jeter dans la pauvreté des membres de la famille et des amis plus âgés et ces Canadiens et Canadiennes peuvent en venir à dépendre d’une aide directe de leurs enfants pour leur sécurité de la retraite. La grande récession de 2008-2009 nous a montré que les dividendes des programmes de sécurité de la retraite comme le RPC ne sont pas suffisants et doivent être augmentés de sorte que les personnes âgées puissent prendre leur retraite dans la dignité. C’est tout à fait réaliste comme l’a indiqué l’étude sur le système de pensions cité plus haut. Le système de revenu canadien est financièrement stable et il est possible de doubler les prestations sans devoir doubler les primes.   

Troisièmement, les employeurs réduisent de plus en plus les cotisations aux régimes de retraite des employés et le fait de miner le rôle de la SV dans le remplacement des revenus antérieurs à la retraite mettra les travailleurs et travailleuses dans l’obligation de faire des épargnes supplémentaires eux-mêmes. Bon nombre de Canadiennes et de Canadiennes ne sont pas en mesure d’investir davantage de leur revenu dans des régimes d’épargne-retraite.   

Malgré les prédictions pessimistes du gouvernement Harper, les dépenses dans la SV passeront de 2,3 % du PIB en 2010 à 3,1 % en 2030, soit une hausse de moins de 1 %. Les réductions de la SV seront néfastes non seulement pour les travailleuses et travailleurs âgés et les aînés mais auront aussi pour effet de contraindre les jeunes à remplacer le financement des programmes de sécurité de la retraite par des investissements personnels que beaucoup de personnes ne sont pas en mesure de faire. Bref, la croyance du gouvernement Harper voulant que des compressions à la SV soient dans « l’intérêt » des jeunes est une idée fausse, fractionnelle et dangereuse qui appauvrira tant les jeunes que les personnes âgées.