12e dîner annuel de remise des prix Black Eagle de César E. Chávez

Récemment, plus de 300 militants, alliés, membres du personnel et dirigeants des TUAC Canada et de l’ATA se sont réunis à Toronto à l’occasion du 12e dîner annuel de remise des prix Black Eagle de César E. ChávezCes prix rendent hommage aux militants et militantes de longue date qui ont préservé l’héritage de César Chávez par leurs efforts visant à promouvoir la justice en faveur des travailleuses et travailleurs agricoles.

Citant César Chávez, le président national Wayne Hanley, animateur de la soirée, qui s’est déroulée dans l’immeuble de la Fédération du travail de l’Ontario à Toronto, a déclaré que le rôle d’un militant ou d’une militante est d’éduquer, d’inspirer et d’apporter des encouragements. « Depuis la création des ces prix, il y a 12 ans, nous avons eu l’honneur  de reconnaître nombre de personnes qui ont répondu à l’appel du devoir ou qui ont dépassé l’attente. Ce soir, nous rendons hommage à huit de ces personnes. » 

 

L’ancien premier ministre néo-démocrate du Manitoba Gary Doer a été récompensé dans la catégorie du domaine internationalpour avoir été le fer de lance de la législation de cette province visant à étendre la protection de la Loi sur les normes d’emploi aux travailleuses et travailleurs agricoles.  Le confrère  Doer (qui est actuellement ambassadeur du Canada aux États-Unis) a également joué un rôle instrumental dans l’élaboration de la seule loi au Canada qui protège les travailleurs migrants contre des recruteurs sans scrupule.  

 

Dans la catégorie de l’œuvre religieuse, l’abbé Hernán Astudillo,chef spirituel de l’église et du centre communautaire latino-américain San Lorenzo à Toronto,  a été récompensé pour ses interventions et son travail continus auprès des travailleurs agricoles migrants de l’Ontario. Pendant toute la saison des cultures, l’abbé Astudillo voyage beaucoup pour rencontrer les travailleurs.

 

L’ancien président de la section locale 501 des TUAC Canada Pierre Gingras a été récompensé dans la catégorie du syndicalisme. Sous la direction du confrère Gingras, la section locale 501 a contribué à la syndicalisation de nombre d’unités de négociation agricoles des TUAC Canada au Québec. En acceptant le prix, le confrère Gingras a rendu hommage à Patricia Perez, la première coordonnatrice du Centre de l’ATA à Saint-Rémi, qui a également joué un rôle instrumental dans les premiers efforts de syndicalisation.  Elle est décédée en 2007. « Patricia Perez était comme une sœur pour nous », a déclaré le confrère Gingras.  « Nous nous sommes rencontrés en 2001 et c’est là qu’elle a exposé tous les problèmes que vivent les personnes travaillant aux fermes. Nous avons lancé une campagne ensemble et, aujourd’hui, nous avons dix unités de négociation tandis que nous préservons l’héritage qu’elle nous a laissé en ne cessant d’aider les travailleuses et les travailleurs. »

 

Les artistes et militants syndicaux de longue date Carol Condé et Karl Beveridge ont été récompensés dans la catégorie de la culture.La situation difficile des travailleuses et travailleurs agricoles est un thème qui revient souvent dans les photomontages de grande précision réalisés par ces artistes, dont Sel de la terre. Ce dernier est une œuvre qui a été produite avec l’aide des TUAC Canada et de l’ATA. Le couple est le centre d’attention d’un nouveau documentaire canadien intitulé Portrait de la résistance.

 

Le député néo-démocrate provincial de Burnaby-Edmunds Raj Chouhan a été récompensé dans la catégorie de la politique.Le confrère Chouhan est arrivé au Canada en 1973, où il a vécu personnellement le problème de l’exploitation des travailleuses et travailleurs agricoles en en étant un lui-même. En 1980, il est devenu président fondateur du Syndicat canadien des travailleurs agricoles. En 2005, le confrère Chouhan a fait son entrée sur la scène politique en Colombie-Britannique et a été élu député néo-démocrate à l’Assemblée législative de la province. Il est présentement porte-parole de l’opposition néo-démocrate en matière de travail. 

 

Mindy Leng et Thomas Dunmore ont été récompensés dans la catégorie des travailleuses et des travailleurs agricoles pour le courage dont ils ont fait preuve dans la défense du droit d’association syndicale des travailleuses et travailleurs agricoles de l’Ontario. Le confrère Dunmore a travaillé chez Highline Farms, où, en 1994, les travailleurs se sont syndiqués en se joignant aux  TUAC Canada. En 1995, ils ont perdu leur certificat d’accréditation, le gouvernement de Mike Harris, récemment élu, l’ayant révoqué.  Le confrère Dunmore est reconnu comme l’auteur d’un fructueux recours sans précédent contestant, au nom des TUAC Canada, l’action de Mike Harris en se fondant sur la Charte, recours qui s’est soldé, en 2001, par une décision confirmant le droit des travailleuses et travailleurs agricoles de se syndiquer. L’Ontario a réagi en adoptant des mesures législatives interdisant la syndicalisation des travailleuses et travailleurs agricoles en dépit de tout. Deux ans plus tard, en 2003, Mindy Leng a dirigé un comité de syndicalisation chez Rol-Land Farms, où une majorité de travailleurs ont également voté en faveur de l’adhésion au syndicat. Cependant, le gouvernement de Dalton McGuinty a porté l’affaire en appel devant la Cour suprême. Au mois d’avril dernier, le tribunal a scandaleusement laissé tomber les travailleuses et travailleurs agricoles de l’Ontario en permettant à la province de maintenir l’interdiction des syndicats en milieu agricole. Néanmoins, l’ardeur de la consœur Leng et du confrère Dunmore reste solide. 

« C’est une lutte que nous menons depuis 20 ans. C’est un long parcours et je veux que tout le monde reste solidaire. C’est la seule façon d’y parvenir », a affirmé le confrère en recevant son prix, que lui remettait le président national Hanley. 

« En pensant à ce qui s’est passé à partir de 2003 et jusqu’à la décision de la Cour suprême, je suis bien consciente que la lutte pour la négociation collective est loin d’être terminée », a indiqué, pour sa part, la consœur Leng. « Ce qui m’inquiète pour l’avenir, c’est la justice, et ce non seulement dans mon intérêt, mais aussi dans celui de l’ensemble des travailleuses et travailleurs agricoles qui mènent cette lutte ensemble. »

« César Chávez avait compris que la causa (la cause) allait être une lutte longue et difficile, mais il n’a jamais cessé de croire que cette lutte allait mener un jour à l’amélioration de leur sort », a expliqué le président national aux gens de l’assistance. « Je vous remercie toutes et tous de contribuer de manière soutenue à faire en sorte que, dans l’avenir, toutes celles et tous ceux qui travaillent en milieu agricole au Canada aient effectivement droit à la justice et qu’on reconnaisse que les droits de la personne s’appliquent aussi à ces travailleuses et à ces travailleurs. »