Des jeunes font la découverte de l’expérience que vivent les travailleurs migrants

Série de témoignages recueillis dans le cadre du PIJM

Cet été, huit militantes et militants des TUAC Canada ont entrepris de parcourir le Sud de l’Ontario afin d’aller voir de près quels sont les défis, les épreuves et l’injustice que subissent les migrants qui travaillent en milieu agricole. Voici donc le premier compte rendu faisant partie d’une série dans laquelle ces jeunes militantes et militants exposent ce qu’ils ont vu.

Article de Joe Irving et Kevin d’Eca

Des militantes et des militants des TUAC Canada ainsi que des partenaires du milieu communautaire participant au Programme d’internat pour jeunes membres cette année : de gauche à droite, on voit Kevin d’Eca (section locale 401), Sarah Kennedy (section locale 1118), Ricardo Pena (section locale 1118), Zenee Maceda (jeunesse de l’organisation Migrante), Marco Roacha (section locale 1000A) et Joe Irving (section locale 401).

Vous êtes-vous déjà demandé d’où viennent vraiment les fruits et les légumes que vous vous procurez ou comment ils sont parvenus l’on en fait une si jolie pyramide, à votre épicerie locale?

En participant au Programme national d’internat pour jeunes membres des TUAC Canada, nous qui sommes effectivement des jeunes du syndicat, nous avons entrepris une recherche afin de savoir quelles étaient les personnes qui plantaient et cueillaient les fruits et les légumes qui finissent au quai de déchargement de l’épicerie nous faisons nos courses. Ce que nous avons appris à l’occasion de cette expérience, dans le cadre du PIJM, nous a ouvert les yeux sur le traitement injuste que subissent les travailleurs migrants dans nos régions.

Au Canada, les travailleurs migrants qui plantent et récoltent les fruits et les légumes que les Nord-Américaines et les Nord-Américains dégustent tous les jours mènent une vie qui est souvent très dure. Il s’agit, entre autres, des conditions dans lesquelles doivent vivre ces travailleurs en habitant dans des logements insalubres dont l’employeur est le propriétaire et de l’injustice qu’ils subissent en ce qui a trait aux salaires et aux pauses ainsi qu’en matière de santé et de sécurité au travail.

Afin d’enquêter sur ces questions, nous avons cherché à savoir quels étaient les différents angles sous lesquels on pouvait les voir en interrogeant divers acteurs de la société dans les régions dont il s’agissait, comme les travailleurs eux-mêmes, des habitantes et habitants de Simcoe et de Leamington, des propriétaires agricoles ainsi que des employés du centre de soutien que tient l’Alliance des travailleurs agricoles (ATA) dans le but d’aider les migrants à régler leurs problèmes.

Nous nous souvenons particulièrement bien d’une conversation que nous avons faite avec le propriétaire d’une petite entreprise se prénommant Paul, qui tient donc un petit magasin bien accueillant d’aliments des Caraïbes et de vêtements (du nom d’Exquisite Fashion and Carribean Groceries) se trouvant au cœur de la ville de Leamington et ayant précisément pour raison d’être de répondre aux besoins de la communauté formée de travailleurs migrants. Nous lui avons demandé ce qu’il pensait des abus dont ces derniers sont victimes et ce qu’il avait appris à ce sujet en parlant avec ces travailleurs lorsqu’ils venaient à son magasin. Il a d’abord avoué que les problèmes en question étaient répandus, mais, ensuite, il a fait la remarque suivante : « Les travailleurs refusent d’en parler en toute franchise de peur qu’on ne les renvoie dans leurs pays respectifs. » Il s’agit là d’une réalité scandaleuse qui se trouve à la base de ce que vivent les migrants. En exigeant qu’on respecte leurs droits, ces travailleurs risqueraient ainsi de se retrouver à devoir retourner là d’où ils viennent (et, de plus, à leurs frais) sans jamais pouvoir revenir travailler dans ce cadre au Canada.

C’est grâce à des conversations de ce genre que nous avons été à même d’entendre plusieurs sons de cloche sur la situation et de saisir véritablement ce en quoi des gens travaillent d’arrache-pied et font des sacrifices dans le but d’améliorer leur sort et celui de leurs familles. Dans le cadre du PIJM, nous avons découvert quels étaient les effets que la mondialisation pouvait avoir sur la population des villes et des villages des pays du Sud. En constatant de visu les injustices que l’on commettait, nous en avons appris bien davantage que si nous avions assisté à une simulation ou lu un livre de cours. Il faut que les jeunes membres du syndicat se rendent compte que toutes celles et tous ceux qui sont des travailleuses et des travailleurs comme nous ont tout en commun et que, entre autres, c’est en mettant fin à l’exploitation des migrants que nous nous mettrons à contribuer à bâtir une société dans laquelle il y aura bel et bien une justice et du respect pour toutes et tous.

 

Les confrères Joe Irving et Kevin d’Eca sont de jeunes militants de la section locale 401 des TUAC Canada qui travaillent à un magasin Real Canadian Superstore de Calgary, où ils viennent en aide à leurs consœurs et à leurs confrères syndiqués ainsi qu’à leurs autres compagnes et compagnons de travail à titre de délégués syndicaux.