Mary Joe Eaton, section locale 1000A

Kretschmar
Toronto (Ontario)

C’est peut-être difficile à croire, mais elle a tout ce qu’il faut pour soutenir les idées qu’elle avance, ce que, d’ailleurs, elle s’applique passionnément à faire.

« En ce qui concerne ma personnalité, mes qualités et mes activités, tout a commencé le jour où l’on a pris la décision de m’aider en m’épaulant », déclare Mary Joe Eaton, à la fois épouse, mère, militante syndicale et travailleuse.

Ce « fameux jour » de 1981, à l’âge de 18 ans, elle était sur le point de perdre son emploi  à la chaîne de production d’une usine de transformation de viande à Toronto. Un compagnon de travail devait alors venir l’aider en lui disant d’aller s’adresser à Dave, leur représentant syndical. Quelques heures plus tard, elle recevait de son employeur une lettre dans laquelle celui-ci la félicitait d’être devenue employée à temps plein.

À l’époque, Dave Dewar était président de la division Kretschmar de la section locale 1000A et chef des représentants syndicaux en première ligne à l’usine torontoise. Sans lui, la consœur Eaton aurait accepté la nouvelle de son licenciement, dont une première lettre lui avait fait part tout en expliquant qu’en raison de l’essoufflement des activités, il n’y avait plus de place pour elle puisqu’elle était toujours en probation. En réalité, il y avait déjà deux semaines que la période de probation de la consœur Eaton était terminée.

« Ne sachant plus quoi faire ni quel côté me tourner, j’allais tout simplement partir après avoir reçu la lettre », explique-t-elle.  

C’était sa première expérience syndicale et, même si elle ne s’y attendait guère, ce serait loin d’être la dernière. C’est justement chez Kretschmar qu’elle a rencontré Matthew, qui allait devenir son mari. Près de 30 ans plus tard, elle travaille toujours à la même usine, occupe le poste de secrétaire-trésorière de la division syndicale et milite énergiquement dans de nombreux domaines. Elle a aussi eu le bonheur d’œuvrer aux côtés de sa mère pendant 15 ans.

Aux yeux de la consœur Eaton, les TUAC font partie de sa famille élargie. De même, elle est reconnaissante envers son mari ainsi que ses filles Mandy et Mindy de la soutenir depuis toujours et jusqu’au bout. Elle ajoute : « Oui, je les en remercie infiniment, car, autrement, je serais incapable de m’impliquer autant que je le fais. »

Ainsi, fidèle à ses habitudes, la consœur Eaton est heureuse de tout ce que sa famille, sa famille syndicale et le confrère Dewar ont fait pour elle. Par contre, quand il s’agit de parler de ce qu’elle a fait pour les autres, les mots lui manquent.

« On pourrait m’en attribuer le mérite, mais, à vrai dire, ce sont les autres qui me permettent d’y arriver », dit-elle encore.

Comme elle l’explique, sans les travailleuses et les travailleurs, qui voient et entendent ce qui se passe en milieu de travail, il serait impossible d’assumer efficacement les tâches de la représentation syndicale, car bien des choses pourraient échapper au syndicat. De plus, en 2009, lorsqu’on lui a fait une ovation tout en lui décernant un prix en raison du rôle de premier plan qu’elle avait joué dans la collecte de fonds pour la recherche sur la leucémie, elle l’a accepté au nom de ses compagnes et compagnons de travail qui, « de semaine en semaine, ont ouvert non seulement leur cœur, mais aussi leur portefeuille. »

La consœur Eaton fait aussi partie du Réseau de la condition féminine et du réseau d’action communautaire de la section locale 1000A. Ce dernier, qui tend la main aux groupes culturels, assure auprès d’eux la visibilité du syndicat et de ses membres, à l’appartenance culturelle variée. Elle est représentante agréée et coprésidente du comité mixte sur la santé et la sécurité en milieu de travail.

« Je me suis aperçu que c’était l’une des personnes, peu nombreuses, qui osaient s’affirmer », relate le confrère Dewar, qui est actuellement permanent auprès du secteur industriel de la section locale 1000A. Dans l’intérêt des autres comme le sien, elle s’adressait elle-même à la direction de l’entreprise, ou elle venait me chercher pour que je l’accompagne. Voilà ce qui nous a permis (nous, les représentantes et représentants du syndicat) de savoir que c’était une personne prête à défendre ses idées. »

Neuf ans après ce jour marquant de l’année 1981, ses compagnons de travail lui ont clairement fait comprendre que c’était elle qu’ils avaient choisie au moment où se libérait un poste au sein du conseil exécutif de leur division. D’après le confrère Dewar, des membres sont allés le rencontrer pour lui dire : « C’est Mary qu’il nous faut. » Depuis lors, elle a fait deux mandats en tant que secrétaire-trésorière et en est à son troisième comme vice-présidente.

La consœur Eaton est heureuse que les travailleurs puissent exprimer leurs préoccupations et exercer leurs droits et elle est satisfaite d’y avoir elle-même été pour quelque chose. Ce sont les beaux fruits de la présence syndicale et de ses activités de militante qui constituent sa récompense. Sinon, c’est en relaxant autour d’une tasse de thé et d’un bon livre le soir qu’elle en vient à se dire que tout ce qu’elle fait pour d’autres personnes au quotidien, elle le fait en y mettant tout son cœur.