JIF 2010 : Succès et revers

Les réalisations des femmes reconnues à l’échelle mondiale, particulièrement au Canada, font de la Journée internationale des femmes (JIF) le 8 mars, une journée chargée en célébrations – même s'il reste encore beaucoup à accomplir. 

Partout dans le monde, l'oppression des femmes continue d’être monnaie courante. La discrimination systémique existe toujours, même ici au Canada, alors que dans nombre d'endroits dans le monde, les femmes sont victimes de pratiques horrifiantes telles le mariage forcé, le viol conjugal, les mutilations génitales, le meurtre rituel et le suicide.

Au Canada, nous pouvons être reconnaissants que ces pratiques soient rares (bien que pas sans précédent). Toutefois, les Canadiennes ont encore beaucoup de luttes à gagner et elles perdent du terrain. Au cours des 15 dernières années, depuis la Quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes tenue à Beijing (voir DIRECTIONS, no 10.08), elles ont lentement perdu des gains qui étaient considérés « acquis » en 1995. Ce sont aux différents gouvernements conservateurs, surtout celui de Stephen Harper, que nous devons attribuer ce retour en arrière.

Au Canada, entre 2004 et 2009, il y a eu une diminution très marquée du soutien institutionnel et politique du gouvernement dans la promotion et la protection des droits des femmes et des filles, comme il est souligné dans le rapport récent : Confrontation avec la réalité : Les femmes au Canada et la Déclaration et Programme d’action de Beijing après 15 années – réponse de la société civile canadienne

Quelques exemples :

• Élimination des mots « égalité entre les sexes » du mandat de la principale institution responsable de l’égalité entre les sexes au Canada : Condition féminine Canada;

• Fermeture de 12 des 16  bureaux de Condition féminine Canada selon le « principe » qu’il n’est pas nécessaire de séparer les dossiers des femmes de ceux des hommes;

• Élimination du financement du Programme de contestation judiciaire, qui a été créé pour aider à défendre des causes ayant trait aux droits à l’égalité garantis par la Constitution du Canada;

• Élimination, en 2006, des accords de financement qui avaient été négociés avec les provinces et les territoires pour fournir cinq milliards de dollars aux fins des programmes de garde et d’apprentissage des jeunes enfants; 

• Réduction des ressources financières et humaines affectées expressément aux projets en matière d’égalité des sexes par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et le ministère des Affaires étrangères;

• Déclarations du ministre des Affaires étrangères indiquant un désengagement délibéré à mettre en œuvre les normes internationales, y compris le droit international humanitaire et les normes relatives aux droits humains des femmes;

• Le fait que des conseillers supérieurs en politiques du cabinet du premier ministre aient d’étroites relations avec des organisations antiféministes.

Les réalisations du Canada en vue de l’accès des femmes à l’égalité ont été considérables ces dernières années. Par exemple, la participation des femmes aux études supérieures a augmenté depuis la Conférence  de Beijing. Toutefois, de 2004 à 2009, l’avancement des femmes dans les 12 domaines critiques indiqués dans le Programme d’action de Beijing a ralenti ou a été renversé.

Le Canada ne se compare plus favorablement aux autres pays dans les évaluations de l’égalité des sexes et de l’écart entre les hommes et les femmes. Bon nombre des organismes qui procuraient aux femmes et aux filles une occasion de présenter leurs préoccupations ont été éliminés ou bâillonnés par de nouveaux règlements en matière de financement.

Quoi qu’il en soit, les femmes des TUAC Canada ne se laissent pas décourager. Nous reconnaissons la force que les membres féminins des TUAC donnent à leurs lieux de travail, à leur syndicat et à leur engagement envers les comités de femmes des sections locales partout au Canada, ainsi qu’au Comité consultatif du conseil national sur la condition féminine. Elles sont des meneuses inspirantes au sein du mouvement syndical, et nous sommes solidaires avec elles.

En tant qu'organisation syndicale tournée vers l'avenir – dont plus de la moitié des effectifs sont des femmes – il incombe aux TUAC Canada de faire entendre leur voix au nom des femmes pour dire, « ca suffit ». Nous ne pouvons pas permettre que le gouvernement conservateur Harper continue dans cette direction. Nous n'avons pas encore réussi à atteindre l'égalité des sexes au Canada, et les programmes en vue de cette réalisation importante doivent absolument être rétablis et poursuivis. 

L'égalité peut paraître encore un objectif éloigné, mais nous avons tous avantage à ce qu'il soit atteint.

Solidairement,
Wayne Hanley
Président national

 
Vol. X, no 9, le 8 mars 2010