Émilie Thibeault, section locale 503

Manoir Richelieu
La Malbaie (Québec)

Émilie amorce sa carrière au Manoir Richelieu en 1987 par l’entremise d’une amie. Les relations sont tendues avec le propriétaire de l’époque. De plus, comme le dit Émilie : « Si tu ne couches pas avec les maîtres d’hôtels, impossible de faire ton salaire, car ils ne te donnent pas de clients ».

C’est alors qu’elle se révolte et entreprend des démarches de syndicalisation. En 1989, une demande d’accréditation syndicale est déposée au ministère du Travail.

Mais les obstacles sont nombreux et le processus est long et pénible. De 1990 à 2002, le Manoir Richelieu change plusieurs fois de propriétaires qui ne sont pas toujours prêts à reconnaître le syndicat en place. En 1992, Émilie est même congédiée mais elle sera réintégrée neuf mois plus tard grâce à l’intervention de son syndicat.

Beaucoup de choses ont changé dans son milieu de travail. Elle s’implique à tous les niveaux pour améliorer les conditions de travail de ses pairs que ce soit au sein du comité de santé et de sécurité du travail ou celui des relations de travail, à l’Office de la langue française, à titre de déléguée en chef, à la table de négociation, comme formatrice, comme vice-présidente des TUAC 503, à titre de déléguée sociale ou comme personne-ressource pour les collectifs d’entraide et ce, sans oublier sa participation au comité de condition féminine. Ce dont Émilie est le plus fière en tant que militante, c’est d’avoir bâti une solidarité incroyable au sein de son unité syndicale. Elle a travaillé fort pour établir sa crédibilité et elle est désormais reconnue pour son honnêteté et son intégrité tant par son employeur que par ses collègues de travail. Chaque petit merci qu’elle reçoit pour avoir aidé, défendu, accompagné, orienté ou cru en un salarié lui donne la motivation de continuer.

En 2005, le décès de la présidente de la section locale 503 des TUAC, Marie-Josée Lemieux, l’a beaucoup affectée. « Nous avions la même soif de justice. » La contribution de Marie-Josée à la cause des femmes est une source d’inspiration pour Émilie. Maintenant, lorsqu’il y a des activités syndicales pour les femmes, elles ne se font plus durant les temps de repos. Elles sont libérées de leur travail et sont payées pour y assister.

« Mon syndicat m’a donné la formation nécessaire pour m’accomplir et surtout avoir confiance en moi. Je ne me souviens plus de la dernière fois que je me suis dit que je n’étais pas capable », témoigne Émilie. Le syndicat a changé sa vie. De la jeune fille toute gênée et timide qu’elle était, elle est devenue la femme capable d’exprimer son opinion en toutes occasions.

«  Nous, les femmes, avons quand même bien du chemin à faire. Il est vrai que nous prenons de plus en plus notre place, mais il nous faudra travailler davantage afin de changer les perceptions, car encore aujourd’hui nous sommes prisonnières de certains clichés…

Lorsqu’une femme parle fort, c’est une vraie folle.
Lorsqu’un homme parle fort, il sait où il s’en va.
Lorsqu’une femme parle avec des trémolos, elle est trop émotive.
Lorsqu’un homme parle avec vigueur, il est capable de mettre ses culottes.
Une femme a besoin de se justifier pour être crue.
L’homme est cru dès qu’il ouvre la bouche. »