Loreto Gutierrez, section Locale 1869

Hôpital Saint-Boniface
Winnipeg (Manitoba)

Je suis femme et quant à vivre, je me bats, et quant à me battre, je me bats pour contribuer à la libération de toutes les femmes. La victoire peut naître au creux des heures les plus sombres. Les oiseaux en cage chantent la liberté et les oiseaux libres continuent à voler comme je continuerai à le faire. Il est préférable de crever de faim en combattant que de crever de faim en travaillant.
 
Pour certains activistes, le combat est une vocation soudaine, pour d’autres il a toujours fait partie d’eux, à croire qu’ils sont nés avec. Pour Loreto Gutierrez, son militantisme au sein du syndicat vient des deux.

« Je prends part au mouvement syndical depuis  mon enfance. Mes parents sont partis du Chili en 1979 et je suis née en 1980. Les membres de ma famille étaient des opposants à la dictature et à l’oppression qui a suivi. Avoir des convictions, je crois que nous devons tous en avoir; en ce qui me concerne, c’est dans mon sang. »

Loreto, qui est membre de la section locale 1869 des TUAC Canada, travaille comme commis d’unité à l’hôpital Saint-Boniface de Winnipeg depuis 2005. Elle est également membre du comité de vérification comptable de la section locale 1869, et une participante de longue date d’un réseau de soutien pour des projets de développement communautaires en Amérique latine.

La première fois qu’elle a mis les pieds à Saint-Boniface, l’environnement hospitalier et la solidarité syndicale n’étaient pas vraiment nouveaux pour elle car « mon père était un aide-soignant syndiqué. Durant mon adolescence, il m’emmenait aux réunions syndicales.  Je me rappelle de plus, qu’aussi loin que les années 1980, ma famille a toujours participé aux manifestations pacifistes et aux défilés de la fête du Premier Mai qui se tiennent chaque année à Winnipeg. »

« Alors être solidaire et travailler pour le bien de la communauté a toujours fait partie de mon éducation », et cela continue à être le cas pour cette diplômée d’un baccalauréat en psychologie qui, au lieu de retourner à l’université pour faire un doctorat dans sa discipline, a préféré rester à Saint-Boniface pour continuer à s’impliquer dans les activités de sa section locale, et consacrer son temps libre et sa connaissance parfaite de l’anglais et de l’espagnol à aider les travailleurs agricoles migrants du Manitoba.

Cette collaboration a débuté durant l’été 2008, peu de temps après que Loreto fut choisie par sa section locale, pour participer au programme national d’internat pour jeunes membres des TUAC Canada. Ce programme est organisé annuellement par le bureau national pour former et habiliter les jeunes militants des TUAC Canada de tout le pays.

« Ce fut une expérience extraordinaire pour moi de pouvoir étudier l’histoire syndicale, d’apprendre à syndicaliser et de discuter de l’impact de la mondialisation sur les travailleurs au Canada et du monde entier. » 

L’exploitation des travailleurs migrants et temporaires au Canada est un exemple scandaleux de cette mondialisation. Ce fait, Loreto en a pris connaissance de première main en 2008 lorsqu’elle a débuté comme travailleuse de soutien au centre de Portage la Prairie (Manitoba) de l’Alliance des travailleurs agricoles (ATA), un des neuf centres de l’ATA au pays gérés en commun avec les TUAC Canada pour soutenir et syndiquer les travailleurs agricoles. Elle continue toujours son travail de soutien.

« Ma famille est venue ici pour fuir l’oppression, mais c’est pourtant ce à quoi les travailleurs migrants font face au Canada. Cependant, petit à petit nous pouvons changer cela. Ces travailleurs méritent un avenir meilleur et nous sommes là pour les aider à l’atteindre. »

« Les femmes syndiquées peuvent réellement faire une différence. Je m’en aperçois à notre section locale où je suis honorée d’avoir comme présidente une femme forte comme Aline Audette qui est aussi pour moi une source d’inspiration », commente la consoeur Gutierrez.

« Mon autre source d’inspiration est ma mère qui a tout sacrifié à ses enfants, y compris sa carrière professionnelle. Je ne peux qu’espérer lui ressembler au moins pour une petite partie, tout en me disant qu’au moins j’ai l’honneur de partager le même ADN qu’elle – un bon 50 %!