Carmela Abraham, section locale 1869

Hôpital St-Boniface
Winnipeg (Manitoba)

Cela fait 27 ans que je travaille à l'hôpital St-Boniface où j'ai occupé les postes suivants : préposée à la buanderie, préposée à l'entretien ménager, première porteuse au service d'entretien ménager, porteuse au service de radiologie, et présentement je travaille en tant qu'aide-soignante.

Je suis militante au sein des TUAC Canada depuis 17 ans.

C'est grâce aux encouragements d'une grande amie, elle-même très engagée dans notre syndicat et convaincue que j'aimerais m'impliquer, que je suis devenue déléguée syndicale. Elle avait raison.  Cette personne qui m'a toujours encouragée et qui m'a enseigné comment être une déléguée syndicale efficace, c'est la présidente de ma section locale, Aline Audette – une femme forte, intelligente et positive.

J'étais très gênée alors que je grandissais d'une communauté de fermiers en milieu rural.  J'ai combattu cette gêne en m'impliquant dans les sports. C'est à 15 ans que j'ai fait face à mon premier conflit de travail.

J'étais serveuse dans un restaurant local, quand mon employeur a décidé de couper mon salaire de moitié parce qu’il m’avait affectée à la formation d’une autre serveuse. Sa logique était que je ne ferais que la moitié de mon travail pendant que je m'occupais de la nouvelle personne. Je me suis plainte à ma mère de cette injustice. Comme elle travaillait dans un milieu syndiqué, elle savait que ce n'était pas correct et elle a téléphoné à la commission des relations de travail. À leur tour, ils ont téléphoné à mon employeur pour l'informer qu'il devait nous  payer, à toutes les deux, le salaire étudiant au complet, c'est-à-dire 3 $ l'heure.  Furieux, il m'a congédiée. J'aurais certainement pu me battre, mais je ne voulais pas travailler pour quelqu'un qui n'avait aucun respect pour ses employés.

Peu de temps  après, j'étais engagée à temps-partiel comme aide-infirmière là où travaillait ma mère, l’hôpital de notre petite communauté.  Six ans plus tard, je déménageais à Winnipeg pour travailler à l'hôpital St-Boniface.

Être déléguée syndicale des TUAC Canada à St-Boniface m'a permis d'aider les membres qui étaient gênés et craintifs comme je l'avais déjà été. C'est grâce à l'éducation syndicale que j'ai reçue au fil des années que je suis devenue une représentante syndicale solide et membre du conseil exécutif de ma section locale. Présentement, je siège au comité de santé et de sécurité à l'hôpital général St-Boniface en tant que représentante des TUAC Canada. Je suis aussi membre du Comité des droits au travail du Conseil national des TUAC Canada.

Je suis mère monoparentale de deux enfants : une fille de 23 ans et un garçon de 14 ans. Ils savent que je suis une syndicaliste et que je boycotte le magasinage chez Wal-Mart. Mon plus jeune m'a souvent accompagnée lors de compagnes de sensibilisation et cela nous a donné l'occasion de discuter du mouvement syndical. Il apprend à mes côtés.

Dans ses différents emplois, ma fille s’est toujours exprimée haut et fort en ce qui concerne ses droits au travail. Moi, je suis Métisse, et elle a le statut d'Autochtone. Mon fils est aussi Métis. J'ai appris à mes deux enfants de ne pas discriminer ni d'être raciste envers qui que ce soit.

Mon syndicat m'a ouvert bien des portes, et c'est avec impatience que j'entrevois les TUAC Canada devenir de plus en plus présents dans les communautés autochtones,  en éveillant les  jeunes aborigènes au mouvement syndical dans le monde du travail.